Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, doit faire une nouvelle intervention télévisée, vendredi, à l’occasion de la Journée de la terre, fixée par l’ayatollah Khomeyni au dernier vendredi du mois de ramadan. Selon les informations obtenues de milieux proches du Hezbollah, le discours de Nasrallah se situera dans le prolongement de celui qu’il avait prononcé samedi à l’occasion de la fête de la Libération du Liban-Sud. Le ton sera relativement modéré. En d’autres termes, pas d’envolées belliqueuses et, surtout, pas de critiques contre l’« axe » Arabie saoudite-États-Unis-Israël, même s’il ne manquera pas de rappeler le sacro-saint triptyque peuple-armée-résistance ou encore la puissance militaire de son parti, qui représente, selon lui, un facteur de dissuasion face aux menaces israéliennes.
De l’avis d’observateurs politiques, le changement de ton de Hassan Nasrallah, qui avait aussi soutenu la position du président de la Chambre, Nabih Berry, par rapport à la concomitance des négociations pour une délimitation des frontières maritimes et terrestres avec Israël, va dans le sens des mises en garde officielles occidentales parvenues au Liban, notamment de Washington et de Paris, sur la nécessité pour le Liban de se conformer à la politique de distanciation et d’éviter de s’impliquer dans les conflits régionaux en s’alignant sur tel ou tel axe. Hassan Nasrallah avait insisté dans son discours de samedi sur l’importance de la stabilité au Liban et d’éviter les escalades qui risquent d’ébranler celle-ci, en se contentant d’évoquer les dossiers relatifs à l’actualité locale.
(Lire aussi : Nasrallah : Le danger de l'implantation des réfugiés palestiniens se rapproche fortement)
Le Hezbollah, tout comme le reste des parties impliquées politiquement ou militairement dans la région, est conscient des risques qu’il encourt si une guerre éclate dans la région, alors que le bras de fer entre l’Iran et les États-Unis va crescendo. Pourtant, aussi bien Téhéran que Washington font part d’assurances selon lesquelles il n’y aura pas de guerre dans la région. L’escalade irano-américaine se limiterait ainsi à être un instrument devant permettre à chacune des deux parties d’améliorer ses conditions de négociations autour des zones de conflit dans la région, notamment la Syrie, l’Irak et le Yémen. Selon un expert militaire, une éventuelle guerre se ferait par procuration et se limiterait à neutraliser les bras militaires de l’Iran dans la région, dont le Hezbollah. Celui-ci en est parfaitement conscient, ce qui explique non seulement le changement de ton de son chef, mais sa volonté affichée depuis les élections législatives à s’engager de plus en plus dans la vie politique, alors qu’avant cette période, ses interventions médiatiques étaient essentiellement consacrées au dossier régional. Hassan Nasrallah n’hésitait pas à l’époque de se poser comme un acteur régional incontournable et mettait en relief le rôle transfrontalier de sa formation. Aujourd’hui, toute son attention se concentre sur les dossiers locaux, comme s’il cherchait à confirmer la libanisation de ses centres d’intérêt, afin d’obtenir à terme une couverture politique officielle. Il a marqué son retour en force sur la scène locale par une déclaration de guerre contre la corruption, les corrupteurs et les corrompus. Ce revirement lui permettra d’avoir à son actif des acquis sur lesquels il pourrait capitaliser, en essayant de réaliser un vieux rêve, celui de remplacer dans la Constitution la parité par la formule des trois tiers, chrétien, sunnite, chiite.
Des observateurs diplomatiques occidentaux s’accordent pour reconnaître le changement dans la politique du Hezb. Ils affirment qu’ils se trouvent aujourd’hui devant un nouveau parti et constatent que celui-ci semble se désintéresser des opérations militaires israéliennes continues contre des objectifs iraniens, voire même ses propres objectifs en Syrie, qui sont à peine évoqués par ses médias.
Lire aussi
Les sanctions US contre l'Iran "font mal" au Hezbollah, selon le Washington Post
Guterres « gravement préoccupé par les capacités militaires sophistiquées » du Hezbollah
commentaires (10)
NAIF QUI Y CROIT !
LA LIBRE EXPRESSION
09 h 03, le 02 juin 2019