Morgan Stanley prévoit de réviser à la hausse, de « dislike » (négatif) à « neutral » (neutre), son appréciation des obligations d’État émises par le Liban.
Dans une note de recherche rédigée par son économiste pour la zone MENA, Farouk Soussa, et publiée mercredi à l’intention des investisseurs, la banque d’investissement américaine voit d’un œil favorable l’évolution récente des discussions autour du projet de budget qui pourrait être bientôt finalisé, après plus de trois semaines d’examen par le Conseil des ministres (voir par ailleurs). Le texte devra ensuite passer par les commissions parlementaires avant d’être soumis au Parlement.
La situation reste délicate
Pour Morgan Stanley, le fait que le gouvernement vise une réduction du déficit à 7,6 % du PIB – contre 11,2 % en 2018 – permet de répondre « en partie » aux inquiétudes liées à la capacité du pays à assurer le service de sa dette. La banque estime en outre que « les risques liés à l’exécution (du budget) restent significatifs », mais qu’un redressement à court terme est envisageable si le pays atteint les objectifs fixés, ce qui lui permettra de commencer à débloquer les plus de 11 milliards de dollars de prêts et dons réservés par ses soutiens lors de la CEDRE, à Paris en avril 2018. La banque recommande en outre aux investisseurs de privilégier l’achat de titres de dette libanaise arrivant à échéance en 2037 à ceux arrivant à terme en 2021. Le rapport prévient toutefois que le pays reste dans une situation délicate, tant que les réformes structurelles ne sont pas lancées, et garde un œil prudent sur les éventuelles répercussions sur le pays des tensions géopolitiques dans le Golfe – notamment le bras de fer entre les États-Unis et l’Iran, ou encore les récents actes de sabotage sur des pétroliers saoudiens et émiratis. S’il est encore trop tôt pour affirmer que les dirigeants libanais atteindront les objectifs qu’ils se sont fixés, le Liban ne devrait en tout cas pas connaître de difficulté pour honorer son service de la dette en 2019. Le pays a déjà réglé deux séries eurobonds – titres de dette en dollars – arrivant à échéance cette année, une première de 500 millions de dollars le 23 avril et une de 650 millions de dollars lundi dernier. Une troisième, de 1,5 milliard de dollars, arrive à échéance en novembre. Les trois principales agences de notation américaines, Moody’s (« Caa1 », « stable »), Fitch (« B- », « négative ») et Standard & Poor’s (« B- », « négative »), n’ont pas revu leurs évaluations souveraines respectives du pays depuis le début de l’année.
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commentaires (3)
Il est assez commun que les analystes des banques écrivent sur la situation économique d'un tel ou d'un tel autre pays. La plus part du temps ces analyses concernent les pays et les économies très développés comme ceux du G7, la Chine, etc. Ecrire sur un petit pays qui n'annonce pas des indicateurs économiques détaillés est un exercice d'équilibriste pour une banque étrangère. Conseiller d'investir sur des obligations 2021 au lieu de celles de 2037 m'étonne - sauf si le journal a inversé les chiffres par erreur!
Shou fi
19 h 17, le 24 mai 2019