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À La Une - Conflit

Frappes du régime sur l'ultime grand bastion jihadiste de Syrie : 23 civils tués

Les affrontements meurtriers entre jihadistes et forces pro-régime, soutenues par Moscou, font craindre un effondrement de l'accord russo-turc sur la "zone démilitarisée" d'Idleb et ses environs.

Dans la province d'Idleb, un combattant syrien du Front national de libération, une coalition de rebelles syriens affiliée à l'Armée syrienne libre, tire sur des positions du régime syrien dans le nord de la province de Hama le 22 mai 2019. AFP / OMAR HAJ KADOUR

Des raids aériens du régime syrien ont tué mercredi 23 civils, dont une dizaine sur un marché très fréquenté, dans le dernier bastion jihadiste du nord-ouest de la Syrie, selon une ONG.

La province d'Idleb et des segments des provinces voisines de Hama, Alep et Lattaquié, dominés par Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ex-branche d'el-Qaëda), sont le théâtre depuis fin avril d'affrontements meurtriers entre jihadistes et forces loyales au président syrien Bachar el-Assad, soutenues par Moscou. Depuis mardi soir, des combats intenses entre les deux camps autour de la ville de Kafr Nabuda ont tué 87 combattants, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), à savoir 51 soldats et 36 jihadistes.

En outre, 23 civils sont morts dans des raids aériens du régime menés dans la nuit, dont 12 sur un marché bondé dans la ville de Maaret al-Noomane, a indiqué l'Observatoire.


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Selon des témoins sur place, de nombreux habitants se trouvaient à une heure tardive dans le souk après la rupture du jeûne du ramadan quand le bombardement a eu lieu. Les façades de bâtiments adjacents ont été soufflées par l'explosion et les stands du marché pulvérisés, a constaté un correspondant de l'AFP mercredi.

"Beaucoup de magasins ont été détruits et le sol était jonché de morceaux de corps et de cadavres", a déclaré à l'AFP Khaled Ahmad, propriétaire d'une échoppe dans le secteur visé. "Les habitants ont toujours peur", a-t-il ajouté. Au moins 18 personnes ont également été blessés, et "plusieurs sont dans une situation critique". Les 11 autres civils tués l'ont été lors de bombardements aériens du régime dans diverses zones du bastion jihadiste. Cinq d'entre eux sont morts lors d'une frappe visant la ville de Saraqeb.




Accord russo-turc menacé 

Idleb et ses environs ont fait l'objet en septembre 2018 d'un accord entre Moscou et Ankara sur une "zone démilitarisée" devant séparer les territoires aux mains des rebelles et jihadistes des zones gouvernementales attenantes.

Cet accord, partiellement appliqué, avait permis d'éviter une offensive d'envergure de l'armée syrienne. Mais le régime et la Russie ont intensifié leurs frappes depuis la fin avril. Leurs forces se sont emparées de plusieurs villes dans le sud de la province d'Idleb et le nord de celle de Hama. Mais HTS a contre-attaqué dans le nord de la province de Hama. D'après l'OSDH, le groupe jihadiste est parvenu à prendre la majeure partie de la ville de Kafr Nabuda, que les forces du régime avaient reconquise le 8 mai.


(Lire aussi : Qui est Hayat Tahrir al-Cham, dans le viseur du régime à Idleb ?)


Les médias d'Etat ont eux affirmé que le régime avait repoussé l'assaut. "Des unités de l'armée ont riposté à l'attaque menée par les terroristes" dans le nord de Hama et le sud d'Idleb, "tuant et blessant des dizaines" de combattants, a affirmé l'agence de presse officielle syrienne Sana.

Mardi, le ministre turc de la Défense, Hulusi Akar, a accusé le régime syrien de menacer l'accord russo-turc de cessez-le-feu à Idleb et ses environs. "Le régime fait tout ce qui est en son pouvoir pour briser le statu quo, notamment en utilisant des barils d'explosifs, (et en menant) une offensive terrestre et aérienne", a déclaré M. Akar.



(Lire aussi : Trois grandes attaques jihadistes repoussées par le régime syrien à Idleb, selon Moscou)



"Pires craintes"
Les appels à un arrêt des hostilités se succèdent pour éviter un bain de sang. Vendredi, l'ONU a sonné l'alarme sur le risque d'une "catastrophe humanitaire" à Idleb lors d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité.

Depuis fin avril, au moins 180 civils ont été tués, selon l'OSDH, tandis que plus de 200.000 personnes ont fui les combats, d'après le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha). Selon l'Ocha, les frappes russes et syriennes ont déjà visé 20 centres médicaux- dont 19 sont depuis hors service-ainsi que 17 écoles et trois camps de déplacés. La région abrite plus de trois millions de personnes vivant dans des conditions particulièrement difficiles. "Malgré nos avertissements répétés, nos pires craintes se réalisent", a regretté le porte-parole d'Ocha, David Swanson.

Le pouvoir syrien, appuyé par ses alliés indéfectibles, Moscou et Téhéran, a multiplié ces dernières années les victoires jusqu'à asseoir son contrôle sur près de 60% du pays.

Mardi, les Etats-Unis ont fait état d'"indications" selon lesquelles Damas aurait mené une nouvelle "attaque" chimique deux jours plus tôt dans le bastion jihadiste, menaçant de représailles. L'OSDH a affirmé mercredi ne détenir "aucune preuve" d'une attaque présumée au chlore. 

Parallèlement, l'otage italien Alessandro Sandrini a été libéré en Syrie après plus de deux ans de captivité, ont annoncé le gouvernement italien et un représentant des autorités locales d'Idleb.

La Syrie est déchirée depuis 2011 par une guerre qui a fait plus de 370.000 morts, et a poussé à la fuite des millions de personnes.





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