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Lifestyle - Positive Lebanese

Maya Chams Ibrahimchah, bâtisseuse d’espoirs

Photo DR

Regarder son pays dans les yeux. Regarder son pays dans le cœur. Comprendre ce qui se passe. Aller jusqu’au bout de la souffrance. Et décider d’agir. En ces temps où les fatalistes haussent les épaules, où les pessimistes décident que cela ne sert à rien, où les résignés baissent les bras, il n’y a pourtant pas une seconde à perdre pour agir, aider et faire la différence. Et Maya Chams Ibrahimchah est très déterminée.

Fille de Ras Beyrouth, espace cosmopolite par excellence, elle a érigé son amour pour son pays comme boussole à suivre, flambeau à transmettre et surtout mission non négociable. Rien à ajouter, tout à tracer. Tracer la voie vers l’avenir, un avenir qui reste à bâtir en sauvant encore ce qui peut l’être, ce qui doit l’être. El-hajar woul-bachar (« les pierres et les êtres »). La devise de cette belle dame accompagne chacune de ses innovations, chacune de ses concrétisations. Et quel parcours ! De l’héritage d’une grand-mère allemande protestante et de l’éducation d’une mère tournée vers les autres, Maya Chams Ibrahimchah grandit avec la certitude qu’aider est un devoir. D’abord une association, Akd, pour défendre les vieilles pierres, les palais, les maisons, l’essence de notre histoire et l’âme d’un pays. Comment assister sans réagir à la démolition de pans entiers de notre passé, de nos souvenirs, du patrimoine de toute une nation et des plus belles réalisations des bâtisseurs d’hier ?

Maya Chams Ibrahimchah force les portes, réfléchit à des solutions, organise des rencontres, trouve des alternatives et surtout sauve des pelleteuses de la honte une mémoire transmise, une mémoire à transmettre. Comme le palais Heneiné restauré, aujourd’hui classé, intouchable et qui a retrouvé toute sa dignité. Les vieilles pierres ont mille histoires à raconter et cette maman d’une petite fille de 9 ans a aussi pour ambition, à travers son association, d’organiser des visites guidées dans les lieux du passé en montrant aux enfants, à travers des simulations et des projections, l’histoire majestueuse de leur pays. Fakhreddine, la Nahda, le Liban se raconte avec fierté, se transmet avec amour. Et son rêve est aussi de rendre hommage aux maisons disparues, balayées, ignorées, bafouées, en montrant, à travers la ville et à l’endroit où elles se trouvaient, les vieilles photos en noir et blanc de ces demeures qui auraient pu être sauvées si on avait juste eu la volonté de le faire. Des demeures qui avaient abrité des familles, des générations, des histoires, des Libanais. Des Libanais aujourd’hui en détresse, dépossédés de leurs biens, de leurs droits, de leur dignité et quelque part de leur avenir. El-hajar woul-bachar. Et Akd, cela veut aussi dire promesse, engagement. Alors, quand elle rencontre une dame qui vit sous les ponts parce qu’elle n’a plus les moyens de vivre ailleurs, quand elle mesure toute l’ampleur de la misère bien plus sévère depuis la crise des réfugiés, notre activiste se lance dans une autre bataille. Soutenue fortement par son mari Christian Ibrahimchah, elle fonde Beit el-Baraka. Et sort de leur misère des dizaines de personnes âgées qui souffraient en silence. En un an, aidée par la générosité de Carlo Vincenti, Paul Mansour, Wajih Aboukhater et Michele Gharios, de l’hôpital Haykel, de médecins bénévoles, d’amis proches et de gens de bonne volonté, elle ouvre à Karm el-Zeitoun un supermarché et un café gratuits, réhabilite les logis de plus de onze familles dans le besoin et distribue l’espoir.

Aujourd’hui, 328 familles libanaises bénéficient de médication, d’un abri salubre et d’un crédit mensuel dans le supermarché. À vie. Les plus jeunes s’occupent des plus âgés comme dans une grande famille recomposée. Et le mouvement de solidarité se propage. Les belles idées se partagent. Une enseignante du Grand Lycée libanais, Olfate Timani, lance une campagne pour que chaque élève rapporte tous les mois un produit de première nécessité pour le supermarché de Beit el-Baraka. Plus de 3 000 enfants et adolescents investis d’une mission humaine pour un avenir prometteur : voilà un bel exemple pour le Liban. Un Liban toujours au cœur des pensées de Maya Chams Ibrahimchah.

Fervente optimiste, elle montre la voie pour redoubler d’efforts afin que le tissu social, les valeurs humaines, la bienveillance, la compassion et le pays que nous allons laisser à nos enfants soient le plus bel exemple de résilience, de courage, de foi et de pérennité, loin, très loin du chaos dans lequel il est plongé aujourd’hui. Elle croit fort dans le Liban de demain. Nous aussi, et cela aussi est un devoir.

*Positive Lebanon est un concept basé sur les initiatives concrètes de la société civile libanaise. Ces initiatives qui font que le pays tient encore debout. Mais derrière chaque initiative se tient une Libanaise ou un Libanais courageux, innovant, optimiste et plein d’amour pour son pays.

Regarder son pays dans les yeux. Regarder son pays dans le cœur. Comprendre ce qui se passe. Aller jusqu’au bout de la souffrance. Et décider d’agir. En ces temps où les fatalistes haussent les épaules, où les pessimistes décident que cela ne sert à rien, où les résignés baissent les bras, il n’y a pourtant pas une seconde à perdre pour agir, aider et faire la différence. Et...

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