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Liban - Éclairage

Examen du budget : des signaux négatifs sont envoyés à l’Occident

Les diplomaties occidentale et arabe suivent avec pratiquement autant d’intérêt que les Libanais l’examen de l’avant-projet de budget en Conseil des ministres, le débat fiévreux qu’il a suscité dans le pays et les réactions syndicales. Depuis que le gouvernement a commencé à éplucher le texte préparé par le ministre des Finances, Ali Hassan Khalil, les analyses d’experts économiques se sont multipliées au même rythme que les campagnes de dénigrement et de désinformation, lancées par des parties politiques bien connues, et dont l’effet a été de plomber l’atmosphère déjà lourde dans le pays et d’alimenter la levée de boucliers syndicale contre les coupes budgétaires envisagées par le gouvernement. Ces campagnes avaient poussé les trois pôles du pouvoir, Michel Aoun, Nabih Berry et Saad Hariri, à tenir la semaine dernière une réunion au sommet pour remettre les points sur les i.

La question reste quand même de savoir si le gouvernement va laisser au Parlement le soin de trancher au sujet des articles litigieux, à l’instar de la réduction des salaires des députés et des anciens députés, qui devrait donc être examinée par la commission parlementaire des Finances et du Budget, une fois le texte approuvé en Conseil des ministres.

Quoi qu’il en soit, pour tous ceux qui suivent de près l’examen de l’avant-projet de budget, l’important est que le gouvernement applique à tout le monde les mêmes critères pour les coupes budgétaires dans le service public et s’attaque sérieusement aux sources de gaspillage et de dilapidation de fonds, qui sont nombreuses et connues de tous, avant de puiser dans la poche des contribuables et des retraités.



(Lire aussi : La hausse de 3 % du taux d’imposition sur les intérêts bancaires sera bien dans le projet de budget 2019)



Le projet de budget 2019 doit impérativement refléter une volonté et une politique de réformes à même de dynamiser et non pas de ralentir l’économie, conformément à ce qui est préconisé par la CEDRE, estime-t-on de sources politiques souverainistes. Ce qu’il faut, c’est beaucoup plus que les trois milliards de dollars que le gouvernement souhaite assurer pour financer le plan de redressement du secteur de l’électricité, souligne-t-on de mêmes sources, même si la CEDRE prévoit, entre autres, une réforme de ce secteur. Dans certains milieux diplomatiques, on affirme aujourd’hui craindre que la

CEDRE ne subisse le même sort que Paris I et Paris 2, lorsque le Liban n’avait pas pu bénéficier du soutien de la communauté internationale parce que ses promesses de réformes étaient restées lettre morte.

Mais jusqu’ici, les responsables français sont soucieux de donner une suite favorable à cette conférence qui s’était tenue en avril 2018, à l’initiative du président français Emmanuel Macron, mais tiennent en même temps à ce que les réformes auxquelles le Liban a solennellement souscrit transparaissent clairement dans le budget. Or plusieurs signes négatifs sont envoyés aux bailleurs de fonds internationaux. Se fondant sur ce qui filtre des débats en Conseil des ministres, un expert économique relève que, jusqu’à présent, les discussions révèlent surtout un bras de fer entre les ministres qui veulent une économie de résistance et ceux qui souhaitent une économie de marché qui coopère avec des organisations internationales comme la Banque mondiale. Ce qui nourrit davantage les craintes des experts économiques et des milieux diplomatiques occidentaux, c’est la campagne menée par des parties politiques connues contre le secteur bancaire et plus particulièrement contre la Banque centrale et son gouverneur, Riad Salamé, dont les activités et les théories, notamment au niveau de l’ingénierie financière, font non seulement l’objet d’une appréciation internationale, mais sont également enseignées dans certaines universités.

De sources politiques souverainistes, on craint que la campagne contre les banques ne cache un plan visant à appauvrir le Liban pour pouvoir avoir en main un atout qui pourrait être plus tard utilisé dans le cadre d’un éventuel bras de fer régional. Car si les instigateurs de cette campagne étaient soucieux de rééquilibrer les finances publiques, c’est aux véritables sources de gaspillage et de corruption qu’ils devraient s’attaquer, estime-t-on de mêmes sources. Celles-ci citent en particulier l’évasion fiscale, l’exploitation du domaine public maritime, les terrains publics occupés, les bâtiments publics dont la location coûte des millions de dollars à l’État par an, et jugent indispensable de demander des comptes à ceux qui ont détourné des fonds publics et d’œuvrer pour récupérer l’argent volé, en prenant exemple sur le prince héritier saoudien, Mohammad ben Salmane, qui avait repris des milliards de dollars d’un groupe d’émirs saoudiens.



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Les diplomaties occidentale et arabe suivent avec pratiquement autant d’intérêt que les Libanais l’examen de l’avant-projet de budget en Conseil des ministres, le débat fiévreux qu’il a suscité dans le pays et les réactions syndicales. Depuis que le gouvernement a commencé à éplucher le texte préparé par le ministre des Finances, Ali Hassan Khalil, les analyses d’experts...

commentaires (2)

Les 5/12 des dépenses du budget 2019 sont désormais un fait accompli, puisque personne n'a une emprise sur le passé (le mois de mai est presque terminé). Donc il va falloir réduire les dépenses sur les 7 mois à venir. Pour réduire les dépenses totales de toute l'année 2019 de 20% par rapport à 2018 il va falloir réduire d'environ 35% les dépenses sur les 7 mois à venir, autant dire mission presque impossible. Le gouvernement ferrait mieux d'installer 10 gigantesques usines de fabrications de panneaux photovoltaïques et de faire travailler dedans tous les fonctionnaires en trop et les chômeurs pour installer cette technologie sur les toits et sur les montagnes partout et gagner en indépendance énergétiques et pour boucher les trous d'EDL. Les pensées fertiles des dirigeants ne vont pas suffire cette fois pour s'en sortir. Il faut passer à l'action au niveau nationale et retrousser les manches.

Shou fi

22 h 37, le 11 mai 2019

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Commentaires (2)

  • Les 5/12 des dépenses du budget 2019 sont désormais un fait accompli, puisque personne n'a une emprise sur le passé (le mois de mai est presque terminé). Donc il va falloir réduire les dépenses sur les 7 mois à venir. Pour réduire les dépenses totales de toute l'année 2019 de 20% par rapport à 2018 il va falloir réduire d'environ 35% les dépenses sur les 7 mois à venir, autant dire mission presque impossible. Le gouvernement ferrait mieux d'installer 10 gigantesques usines de fabrications de panneaux photovoltaïques et de faire travailler dedans tous les fonctionnaires en trop et les chômeurs pour installer cette technologie sur les toits et sur les montagnes partout et gagner en indépendance énergétiques et pour boucher les trous d'EDL. Les pensées fertiles des dirigeants ne vont pas suffire cette fois pour s'en sortir. Il faut passer à l'action au niveau nationale et retrousser les manches.

    Shou fi

    22 h 37, le 11 mai 2019

  • LA BM, LE FMI, LES INVESTISSEURS ET LES DONNEURS DE LA CEDRE NE SONT PAS DES ENFANTS DE CHOEURS NI DES SOCIETES DE BIENFAISANCE. ILS VEULENT DES MESURES CONCRETES QUI RESULTENT EN DU COMPTANT ET NON EN DES SOUHAITS. EN EXEMPLE LES MESURES PRISES EN GRECE ET QUI DURENT JUSQU,AUJOURD,HUI ET OU SALARIES ET RETRAITES SONT LES PREMIERS PARTICIPANTS AVEC TOUTE UNE PANOPLIE D,AUTRES MESURES IMPOPULAIRES.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 49, le 11 mai 2019

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