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Liban - Éclairage

Le jour où Damas a « reconnu » la libanité des hameaux de Chebaa

Le dossier du tracé des frontières libano-syriennes continue d’intéresser de près les milieux politiques locaux et les capitales de décision étrangères, notamment à l’ombre d’afflux clandestin de déplacés et de terroristes au Liban à travers les points de passages illégaux – que ce soit pour faire parvenir des armes au Hezbollah ou assurer les déplacements de responsables d’organisations radicales chiites entre les deux pays, comme le chef de la brigade d’al-Qods, le général Qassem Soleimani. D’où l’insistance des pays occidentaux à voir cette frontière sous contrôle. Des sources proches de certains services de sécurité indiquent en réponse à ces appréhensions que les frontières sont bel et bien sous contrôle et qu’il n’y a pas d’opération de trafic à travers celles-ci. Mais c’est à travers le port et l’aéroport que le trafic a lieu, précisent-elles, en dépit de l’interpénétration des territoires des deux pays et la confusion qui règne à cet égard, ce qui facilite des opérations de trafic limitées. De plus, les équipements mis récemment à la disposition de l’armée lui permettent d’exercer un contrôle plus minutieux à la frontière, notamment par le biais des miradors.

Il n’en reste pas moins que les frontières libano-syriennes doivent être tracées, comme le réclament plus d’un responsable occidental. En 2008, au lendemain du sommet libano-syrien à Damas, le Liban avait mis sur pied à cette fin un comité présidé par le ministre Jean Oghassabian et formé de représentants de l’armée et des administrations concernées. Dans le communiqué final du sommet, les deux parties s’engageaient à relancer les travaux communs pour délimiter et tracer les frontières entre les deux pays en vertu d’un mécanisme et d’une échelle de priorités fixées conjointement dans le but de parvenir à cet objectif. Elles s’étaient également entendues sur le fait d’œuvrer communément pour contrôler les frontières et lutter contre le trafic et toutes les entorses à la loi à travers les autorités compétentes des deux pays, par le biais d’une coordination des mesures des deux côtés de la frontière, et des contacts rapides et minutieux pour le suivi au quotidien.


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La Syrie avait ensuite mis en place un comité pour tracer les frontières à la demande du secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, lequel avait à l’époque relevé que le Liban était sans doute le seul pays au monde dont les frontières n’étaient toujours pas délimitées et tracées avec Israël comme avec la Syrie. Damas avait par la suite dépêché un comité en Jordanie pour tracer les frontières avec ce pays. Lorsque Ban Ki-moon avait demandé à Bachar el-Assad ce qu’il était advenu du comité chargé de tracer les frontières avec le Liban, le président syrien lui avait répondu qu’il se trouvait occupé à la frontière syro-jordanienne, en attendant le retrait israélien des hameaux de Chebaa, afin que le tracé des frontières avec le Liban puisse commencer à partir du Liban-Sud.

Pourtant, le président de la République Michel Sleiman avait fait savoir à l’époque qu’il n’avait pas d’inconvénient à ce que le tracé des frontières commence par le Nord. C’est alors qu’un accord avait été conclu sur la mise sur pied d’un comité conjoint chargé de se livrer à cette entreprise, et Beyrouth s’était acquitté de sa tâche avec la mise sur pied du comité présidé par Jean Oghassabian. Le comité conjoint s’était réuni à plusieurs reprises, avant que la Syrie n’interrompe sa participation aux rencontres sans donner de raisons. Le tracé des frontières dans le Nord ne commença donc jamais, comme cela était pourtant convenu.

Selon des sources ministérielles, lorsque le Liban demanda aux responsables syriens de leur livrer les documents attestant de l’identité des hameaux de Chebaa, ces derniers esquivèrent la requête, sans jamais remettre le moindre document au Liban. De son côté, le Parti socialiste progressiste évoqua à l’époque une falsification des cartes et des documents. Quant au régime syrien, il annonça à Beyrouth que les documents en question se trouvaient désormais à l’ONU et prouvaient quelle était l’identité des hameaux de Chebaa. Pourtant, lors d’une conférence de presse commune à Damas avec le chef de la diplomatie syrienne de l’époque, Farouk el-Chareh, le secrétaire général de l’ONU Kofi Annan avait indiqué que les hameaux de Chebaa étaient syriens et qu’ils tombaient donc sous le coup de la résolution 242 du Conseil de sécurité, c’est-à-dire sous la juridiction de la Fnuod, et pas sous la résolution 425 et la juridiction de la Finul. En 1973, lorsque Israël envahit les hameaux de Chebaa, ceux-ci se trouvaient sous souveraineté syrienne, pas libanaise.

La confusion a continué ainsi de régner sur l’identité des fermes de Chebaa. Lors de la visite au Liban du secrétaire d’État US Mike Pompeo, ce dernier avait souligné la nécessité de tracer les frontières terrestres et maritimes du Liban et de déployer l’armée au Liban-Sud, évoquant le conflit entre le Liban et la Syrie sur l’identité des fermes. L’un des responsables libanais lui avait aussitôt demandé pourquoi Washington ne faisait pas pression sur Israël pour qu’il se retire de ce territoire au profit de l’ONU, au-delà du prétexte invoqué de son identité, de sorte que la Fnuod et la Finul s’y positionnent ensemble. Beyrouth et Damas régleraient aussitôt entre eux l’identité des fermes de Chebaa.




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Selon certains milieux du 8 Mars, Israël ne se retirera pas des hameaux de Chebaa et continuera d’arguer de la question de l’identité de cette terre pour continuer à profiter des eaux qu’elle renferme. L’État hébreu resterait donc en possession des fermes, même si la question de l’identité venait à être réglée, et il ne s’en retirerait que dans le cadre d’une solution régionale globale.

Le chef du Parti socialiste progressiste Walid Joumblatt a remis sur le tapis la question de l’identité des fermes de Chebaa, soulignant que ce territoire est syrien. M. Joumblatt réclame une reconnaissance syrienne écrite de la libanité de ce territoire, l’oral ne faisant pas foi, selon lui.

Pourtant, il existe bien une preuve écrite : en août 2008, lors du sommet à Damas entre les présidents Sleiman et Assad, le chef de l’État libanais avait tenu, lors du communiqué conjoint, à ce que le caractère libanais des fermes de Chebaa soit reconnu explicitement. L’alinéa 9 du communiqué stipule ainsi « la nécessité pour Israël de se retirer des hameaux libanais de Chebaa, des collines de Kfarchouba et de la partie du nord de Ghajar en vertu des résolutions connexes de l’ONU ». Il s’agissait là du premier document émanant de Damas et attestant de la libanité des hameaux de Chebaa. Il suffit donc pour Beyrouth de prendre ce texte et de le porter à l’ONU pour en finir avec cette question.


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commentaires (4)

La légende du monstre du Loch Ness en Ecosse dure depuis 1930 soit depuis 89 ans. Ce sera pareil pour les hameaux ou fermes de Chebaa. Nous en reparlerons en l'an 3019. Un peu de patience SVP.

Un Libanais

21 h 21, le 04 mai 2019

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Commentaires (4)

  • La légende du monstre du Loch Ness en Ecosse dure depuis 1930 soit depuis 89 ans. Ce sera pareil pour les hameaux ou fermes de Chebaa. Nous en reparlerons en l'an 3019. Un peu de patience SVP.

    Un Libanais

    21 h 21, le 04 mai 2019

  • le jour ou damas reconnaitra les fermes de chebaa … les poules auront des dents lol

    Bery tus

    15 h 27, le 04 mai 2019

  • ...""Il s’agissait là du premier document émanant de Damas et attestant de la libanité des hameaux de Chebaa. Il suffit donc pour Beyrouth de prendre ce texte et de le porter à l’ONU pour en finir avec cette question."" L’ONU sera ravie de mettre fin à ce litige, MAIS les Syriens peuvent revenir sur cette déclaration commune, et renier leur caractère même s’il est considéré comme officiel. Vous êtes très optimiste quant à : ""Beyrouth et Damas régleraient aussitôt entre eux l’identité des fermes de Chebaa."" Dans l'avenir, ils régleront la ""llibanité""des fermes, dans l'avenir, meilleure façon de reporter...

    L'ARCHIPEL LIBANAIS

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