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À La Une - Arabie saoudite

Questions autour de l'absence d'un conseiller royal au procès Khashoggi

"Qahtani ne fait pas partie des onze personnes jugées". "Que signifie son absence? Les Saoudiens veulent-ils le protéger ou le punir séparément? Personne ne sait".


Saoud al-Qahtani, ancien conseiller du prince héritier saoudien. Photo tirée du compte Twitter de M. Qahtani

Deux conseillers royaux saoudiens ont été liés à l'assassinat de l'éditorialiste Jamal Khashoggi. L'un, qualifié de "meneur", est présent au procès à huis clos mais des questions demeurent sur l'absence de l'autre, selon des responsables occidentaux.

L'opposant saoudien Jamal Khashoggi, qui collaborait au Washington Post, a été assassiné en octobre 2018 au consulat de son pays à Istanbul par des agents venus de Riyad. Son meurtre a suscité un tollé dans le monde et fortement terni l'image du royaume et de son prince héritier Mohammad ben Salmane que des responsables turcs et américains ont désigné comme responsable.

Le procureur général saoudien a déclaré que le vice-président des services de renseignement Ahmed al-Assiri avait supervisé l'opération contre Khashoggi et qu'il avait été conseillé par un puissant acteur des médias à la Cour royale, Saoud al-Qahtani.

Les deux hommes faisaient partie du cercle rapproché du prince héritier et ont été limogés en octobre, mais seul le général Assiri a comparu lors des cinq audiences du procès tenues depuis janvier à Riyad, selon quatre responsables occidentaux au courant du processus.

"Qahtani ne fait pas partie des onze personnes jugées", a déclaré l'un d'eux à l'AFP. "Que signifie son absence? Les Saoudiens veulent-ils le protéger ou le punir séparément? Personne ne sait".

En novembre, le procureur a inculpé 11 suspects non identifiés, dont cinq passibles de la peine de mort.

Des diplomates des pays membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU -Etats-Unis, France, Chine, Russie, Grande-Bretagne-, ainsi que de la Turquie, sont autorisés à assister en tant qu'observateurs aux audiences entièrement en arabe. Ils n'ont pas le droit d'amener des interprètes et sont généralement convoqués à bref délai, selon les mêmes sources.

Un représentant de la famille Khashoggi, qui a démenti des informations sur un arrangement financier avec Riyad, a assisté à au moins une audience, ont-elles ajouté.

Maher Mutreb, un agent qui voyageait à l'étranger avec le prince héritier, l'expert médico-légal Salah al-Tubaigy et Fahad al-Balawi, membre de la garde royale, figurent parmi les 11 personnes jugées, selon ces responsables.

Selon Washington, l'opération a été "coordonnée et exécutée" sur place par Maher Mutreb, présenté comme un "subordonné" de Saoud al-Qahtani.


(Pour mémoire : Comment Qahtani a mené le meurtre de Khashoggi sur Skype)


Où est Qahtani?

Les accusés ont droit à l'assistance d'un avocat. Plusieurs d'entre eux se sont défendus en affirmant qu'ils exécutaient les ordres du général Assiri, le décrivant comme le "meneur" de l'opération, toujours selon les mêmes sources.

Le ministère saoudien des Médias n'a pas répondu à une demande de commentaire de l'AFP. Les avocats des accusés n'ont pas non plus pu être joints.

Le général Assiri, adulé chez les militaires saoudiens comme un héros de guerre, ne risque pas la peine de mort, ont affirmé les responsables occidentaux.

Avant l'affaire Khashoggi, il aurait travaillé en étroite collaboration avec le renseignement américain et ne figure pas sur deux listes de responsables saoudiens sanctionnés par Washington pour leur implication dans l'assassinat.

En revanche, Saoud al-Qahtani, qui a mené de féroces campagnes sur les réseaux sociaux contre les détracteurs du royaume et était considéré comme un intermédiaire vers le prince héritier, est sur les deux listes.

Il a rencontré le commando avant le départ de ce dernier en octobre pour la Turquie, selon le bureau du procureur saoudien. Mais il n'est pas apparu publiquement depuis l'assassinat.

Certains Saoudiens affirment qu'il reste influent en coulisse, d'autres disent qu'il se cache en attendant que l'indignation internationale s'estompe.

Le chroniqueur du Washington Post, David Ignatius, a rapporté plus tôt cette année que le prince Mohammad continue de solliciter ses conseils, citant des sources américaines et saoudiennes.

"Qahtani a beaucoup de dossiers", a-t-il ajouté, citant un Américain ayant rencontré le prince héritier.


(Pour mémoire : Qahtani, ce bras droit de MBS dont le nom apparaît dans les affaires Khashoggi, Ritz-Carlton et Hariri...)


Manque de transparence

Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo, qui a été interrogé au Congrès sur les relations controversées de Washington avec Riyad, a exhorté le prince héritier à rompre ses liens avec M. Qahtani, ont déclaré deux responsables occidentaux à l'AFP.

La CIA aurait déclaré que l'assassinat de Khashoggi avait probablement été ordonné par le prince Mohammad.

Mais les autorités saoudiennes nient cette accusation et, lors de conversations privées avec des responsables occidentaux, elles ont critiqué les Turcs pour ne pas avoir réussi à empêcher l'assassinat.

"Leur (service de) renseignement savait qu'un commando (d'agents saoudiens) arrivait. Ils auraient pu les arrêter", aurait dit un responsable saoudien, cité par les mêmes responsables.

Agnes Callamard, rapporteure spéciale de l'ONU sur les exécutions extrajudiciaires, a condamné le manque de transparence dans les procédures judiciaires et exigé des procès publics.

L'Arabie saoudite "se trompe lourdement si elle croit que ces procédures, telles qu'elles se déroulent actuellement, vont satisfaire la communauté internationale".


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commentaires (4)

" .....le punir séparément..... " lol.

FRIK-A-FRAK

15 h 33, le 29 avril 2019

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Commentaires (4)

  • " .....le punir séparément..... " lol.

    FRIK-A-FRAK

    15 h 33, le 29 avril 2019

  • Ce n'est manifestement pas de la cuisine au beurre...mais au pétrole, bien plus précieux et indispensable pour tous ceux concernés par cette triste et horrible affaire ! Irène Saïd

    Irene Said

    15 h 12, le 29 avril 2019

  • C'est toujours atroce qu'un Etat élimine secrètement l'un de ses citoyens. Ici c'est la méthode qui donne en plus froid au dos. Comment des personnalités du top niveau, qui fréquentent et conseillent des dirigeants, ont-ils eu l'idée, juste l'idée, de commettre un crime aussi barbare, qui nécessite préparation de plusieurs jours - ce n'est pas un coup de tête - ni par égarement, c'est plutôt le sentiment d'impunité qui les animait et qui est condamnable.

    Shou fi

    13 h 20, le 29 avril 2019

  • LES PETITS BOUCS EMISSAIRES SEULS SERAIENT SACRIFIÉS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 16, le 29 avril 2019

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