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Culture - Journée mondiale du livre

Et vous, quel est le livre qui vous a le plus marqué ?

Prêcher par l’exemple, en demandant à neuf personnalités issues de divers domaines d’évoquer leur rapport à la lecture à l’ère du numérique, le livre qui les a marquées et celui qu’elles lisent en ce moment. Leurs réponses sont assez inspirantes en cette Journée mondiale du livre instaurée le 23 avril par l’Unesco, marquée par la naissance ou la disparition de nombreux écrivains dont Cervantes, Shakespeare et Maurice Druon.

Raya Haffar el-Hassan* / « When Breath Becomes Air »

*Raya Haffar el-Hassan est la ministre de l’Intérieur

Plusieurs ouvrages m’ont marquée, mais chacun d’une manière différente.

When Breath Becomes Air (Random House), de Paul Kalanithi, m’a fait réfléchir sur cette quête du sens de la vie qui nous taraude tous. Guns, Germs and Steel (W.W. Norton) de Jared Diamond est un essai qui m’a offert une fondation solide pour comprendre les sociétés et leurs développements culturels qui ont donné lieu à notre monde tel qu’il est aujourd’hui. Quiet (Crown Publishing), de Susan Cain, est un bel ouvrage qui met la lumière sur les personnalités des extravertis et des introvertis, et prône la force des discrets. Actuellement, je lis Factfulness (Flatiron Books) de Hans Rosling. Un livre assez perspicace, mais dont la pensée ne va pas en profondeur. Il offre une perspective différente sur les challenges globaux et explique comment on peut mieux interpréter les données (datas) et les statistiques. Je lis beaucoup sur Kindle, surtout lorsque je suis en déplacement. C’est très pratique quand on lit plusieurs livres simultanément. Mais je reviens tout le temps vers les copies papier, j’aime la sensation d’avoir un livre entre les mains.


Cheriff Tabet* / «L’art de la guerre»

*Cheriff Tabet est galeriste

The Art of War (Collins Classic) de Sun Tzu, l’un des premiers traités sur l’art de la guerre rédigé par un général chinois, est l’un des livres qui m’ont le plus marqué. Les stratégies développées dans cet ouvrage écrit il y a vingt-cinq siècles sont de plus en plus d’actualité.

Dans la même veine, je lis en ce moment un essai intitulé 21 Leçons pour le XXIe siècle (Albin Michel) de Yuval Noah Harari, qui décrypte le XXIe siècle à travers des interrogations comme : pourquoi la démocratie libérale est-elle en crise ? Sommes-nous à l’aube d’une nouvelle guerre mondiale? Que faire devant l’épidémie de fake news ? Quelle civilisation domine le monde : l’Occident, la Chine ou l’islam ?

Il est évident que les nouvelles tablettes numériques et autres Kindle ont changé en partie les habitudes de lecture. Pour les quotidiens et les hebdomadaires, il est plus facile de les lire sur tablettes, au vu aussi de leur quantité. Mais le plaisir de lire un livre, de le toucher et en tourner les pages reste irremplaçable.

Lynn Tehini* / « L’Étranger »


*Lynn Tehini est conseillère auprès du ministre de la Culture

C’est difficile de choisir un seul livre, mais je dirais L’Étranger (Gallimard) d’Albert Camus, qui nous plonge dans les pensées de son personnage Meursault, avec qui l’on découvre la violence, mais aussi l’amour et la mort. Il est étranger au monde qui l’entoure et aux normes sociales de son époque. Pour moi, un roman saisissant et intemporel.

Je lis certes beaucoup moins que lorsque j’étais plus jeune par manque de temps. Mais j’ai toujours un livre avec moi lorsque je voyage ou lorsque je suis en vacances. Les tablettes numériques me servent à suivre l’actualité, mais jamais pour lire un roman. Je reste très attachée à la sensation du papier et des pages que l’on tourne. Je ressens un réel plaisir lorsque je tiens le livre. Le dernier livre que j’ai (re)lu ? Les identités meurtrières (Grasset) d’Amin Maalouf. À partir de son expérience personnelle, de la diversité de ses appartenances, Maalouf s’interroge sur la construction de l’identité de chaque individu et sur la vocation, naturelle ou non, de cette identité à conduire une personne à la haine de l’autre. Cet essai est tellement d’actualité…

Et puis mon actuel livre de chevet n’est autre que Notre-Dame de Paris (Gallimard) de Victor Hugo. J’ai éprouvé le besoin de m’y replonger après l’incendie de la cathédrale il y a quelques jours.

Roland Tomb*/ « À la recherche du temps perdu »

*Roland Tomb est médecin, chef du service de dermatologie à l’Hôtel-Dieu de France

Le livre qui m’a le plus marqué ? La question est très dure, comment faire un choix... Sans doute, À la recherche du temps perdu (Bernard Grasset et Gallimard) de Proust. Pour le style, la vérité et la finesse du trait, l’ambiance, l’émotion, l’univers. Je l’ai relu entièrement trois fois, à des années d’intervalle, avec, à chaque fois, le même émerveillement et la même impossibilité de lâcher le(s) livre(s) des mains. C’est le bonheur de la littérature à l’état pur.

J’ai beaucoup lu récemment, mais la lecture la plus marquante a été assurément le livre de Fawwaz Traboulsi, Soie et fer, du Mont-Liban au Canal de Suez (Actes Sud). Entre le récit historique et le roman, un kaléidoscope enivrant, avec des personnages réels et attachants. J’ai tellement aimé que je l’ai relu dans sa version originale en arabe.

Quant à la lecture sur tablettes, j’ai tout essayé : Kindle, iPad… J’ai acheté des dizaines de livres numériques. Mais je reste fidèle au livre en papier. J’en achète chaque semaine avec une régularité obsessionnelle, même si je ne les lis pas toujours. Le numérique vous ôte la joie de posséder un livre et le plaisir sensuel de le manipuler.


Malek Ghorayeb*/ « La maladie de la mort »

*Malek Ghorayeb est publicitaire, directeur régional de la création à Leo Burnett

Un livre qui m’a marqué et que j’ai relu plusieurs fois depuis que je l’ai découvert à 18 ans est La maladie de la mort (éditions de Minuit) de Marguerite Duras. Il est court, intense et résume toute la complexité des relations entre deux personnes. L’amour, la jouissance, la violence des sentiments, un bonheur ponctué d’une tristesse inévitable, la fin fatale mais tellement vraie des sentiments amoureux, surtout lorsqu’il s’agit d’amours impossibles.

En ce moment, je navigue entre trois livres, au gré de mon humeur, mais aussi du temps passé dans les avions… Vingt-quatre heures de la vie d’une femme (Lgf) de Stefan Zweig, La fée Carabine (Gallimard) de Daniel Pennac (2e titre de la saga Malaussène), et… Les Vacances du petit Nicolas (Gallimard jeunesse) de René Goscinny… parce qu’il n’a pas d’âge.

Le numérique ? Très peu pour moi. J’aime les livres imbibés de poussière et de vécu. De l’huile solaire en été et du chocolat chaud en hiver… J’aime les livres que l’on retrouve des années plus tard dans le coffre d’une voiture. D’ailleurs, je me surprends souvent à laisser traîner un livre dans un tiroir de chambre d’hôtel avec dedans un mot griffonné. Une manière de lui redonner une autre vie et d’espérer qu’il continuera son voyage.


Tala Hajjar* / « Miles, l’autobiographie »


*Tala Hajjar est la cofondatrice de l’incubateur de talents Starch

Bien que je trouve assez terrorisante la question du livre préféré, je peux dire que l’autobiographie de Miles Davis (New Ed) a sans doute été un des livres les plus marquants de ma vie. Ce qui m’a frappée, c’est l’honnêteté et la sincérité du propos : Davis commence par nous déranger, presque nous choquer, jusqu’à nous faire lentement tomber amoureux de son personnage. Et on finit par comprendre les raisons qui l’ont conduit à devenir l’homme dur et le musicien hors normes qu’il était. Ce livre fascinant, extrêmement sensoriel, emmène aussi, comme dans un voyage, les amoureux du jazz dont je fais partie vers les prémices du Bepod des années 40 aux États-Unis.

Quant à la lecture en général, j’y ai recours par tous les moyens qui me sont offerts. La geek de technologie en moi trouve que Kindle est un outil idéal pour les voyages, les lectures en bord de mer et les nuits insomniaques; et la petite fille nostalgique que je suis continuera à idolâtrer le papier à jamais. En ce moment, je viens de terminer la lecture de Vingt-quatre heures de la vie d’une femme (Lgf) de Stefan Zweig.


Mona Abou Hamze* / les essais d’Amin Maalouf


*Mona Abou Hamze est animatrice télé

Il m’est difficile de préférer l’une de mes lectures par rapport à l’autre. Je crois que j’ai été autant inspirée par la littérature dans son sens large que les ouvrages politiques, spirituels et sociaux que j’ai lus tout au long de ma vie, et ceux-ci ont irrigué mes propres écrits. Cela dit, je citerai un écrivain favori plutôt qu’un livre précis : Amin Maalouf, qui réussit, à travers chacune de ses œuvres, à non seulement nous informer sur une étape de l’histoire, mais aussi de l’interroger, de la disséquer. À sa manière, en nous éclairant (sur) le passé, il nous permet de mieux comprendre le présent, avec sagesse, et surtout d’envisager l’avenir avec plus d’objectivité et de distance. Ce genre d’ouvrages m’a surtout ouvert les yeux sur les rapports humains, les jeux politiques sous-jacents et surtout sur le fait que l’histoire est un cycle qui se répète sans cesse… Aujourd’hui, bien que je me replonge dans des livres dès que j’en ai l’occasion, le manque de temps (que je regrette) à cause de mon métier me force à recourir à des lectures numériques, souvent plus courtes, mais qui me permettent d’élaguer l’information et de retenir l’essentiel avec plus d’efficacité.


Carole Mansour* / « Still Alice »

*Carole Mansour est réalisatrice de documentaires

Il y a plusieurs livres qui m’ont marquée, mais celui qui me vient spontanément à l’esprit est Still Alice (publié à compte d’auteur), de Lisa Genova. Il raconte la maladie d’Alzheimer du point de vue d’une femme qui la subit. Je l’ai lu durant la maladie de ma mère qui, elle-même, était dans le même cas. Et il m’a beaucoup émue…

Sinon, je lis actuellement Les Désorientés (Grasset) d’Amin Maalouf. Il est brillant ! Je suis complètement captivée par ce roman dans lequel je retrouve des similitudes avec mon adolescence à l’orée de la guerre. Je me réveille tôt pour savourer mon livre avec mon café. J’en souligne des phrases, je note certaines autres… Bref, c’est un vrai bonheur.

Quant à Kindle, j’étais contre, jusqu’à ce que mes amis m’en offrent un il y a quelques années. J’ai fini par l’adopter. Je le trouve pratique pour lire à la plage, en avion ou encore la nuit quand j’ai des insomnies. Mais je continue à acheter beaucoup de livres. J’aime tourner les pages, sentir l’odeur du papier, admirer les illustrations…


Fadlallah Dagher* / « L’Iliade »

*Fadlallah Dagher est architecte et illustrateur

L’Iliade et l’Odyssée, L’épopée de Gilgamesh ou le Livre des rois. Ces ouvrages relatent l’aspiration des humains au dépassement de soi, mais aussi les cadrent dans leur condition de mortels. On lit et relit avec à chaque fois une compréhension différente. L’histoire, l’épopée, l’espoir, la destinée, le hasard, les vicissitudes et la chute…

Il est rare que je lise un livre à la fois, et il m’arrive de relire des ouvrages pour le plaisir ou pour mieux les comprendre. En ce moment, mes livres de chevet sont des romans que je lis de façon entremêlée (Le Guépard (Points), de Lampedusa, Anna, Soror (Folio), de Marguerite Yourcenar, et des bandes dessinées. Choisir le livre de l’instant, cela dépend du temps de lecture disponible.

Tenir un livre que j’aime entre les mains, le toucher, l’annoter : aucune tablette ne me procure ce plaisir. La tablette est pour lire l’éphémère, mais ne peut pas se substituer au papier. Une bibliothèque dit tout sur son propriétaire, c’est le compagnon – et le témoin – d’une vie. La résumerait-on à une tablette ? Quelle tristesse.

Raya Haffar el-Hassan* / « When Breath Becomes Air » *Raya Haffar el-Hassan est la ministre de l’IntérieurPlusieurs ouvrages m’ont marquée, mais chacun d’une manière différente. When Breath Becomes Air (Random House), de Paul Kalanithi, m’a fait réfléchir sur cette quête du sens de la vie qui nous taraude tous. Guns, Germs and Steel (W.W. Norton) de Jared Diamond est un...

commentaires (5)

Le livre d'histoire dont j'ai mis 13 mois à le finir " Costantinople 1453 des Byzantins aux Ottoman " c'est la chute de Constantinople vu par les byzantins , les vénitiens et les génois , il est très profond et on doit le lire avec patience et doucement , 1400 pages.

Eleni Caridopoulou

19 h 20, le 23 avril 2019

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Commentaires (5)

  • Le livre d'histoire dont j'ai mis 13 mois à le finir " Costantinople 1453 des Byzantins aux Ottoman " c'est la chute de Constantinople vu par les byzantins , les vénitiens et les génois , il est très profond et on doit le lire avec patience et doucement , 1400 pages.

    Eleni Caridopoulou

    19 h 20, le 23 avril 2019

  • LES AILES BRISEES DE GEBRAN KHALIL GEBRAN !

    LA LIBRE EXPRESSION

    16 h 25, le 23 avril 2019

  • LE LIVRE QUI N'EST PAS SORTIE ENCORE, PAR MANQUE DE COURAGE, ET QUE LE L'ATTEND IMPATIEMMENT SUR LA CORRUPTION AU LIBAN.

    Gebran Eid

    13 h 04, le 23 avril 2019

  • Je lirai bien " La vie complète de Mona Abou Hamze " pour comprendre la vie secrète des animatrices télé. Passer l'été avec elle ( sa vie) serait un pur bonheur.

    FRIK-A-FRAK

    10 h 24, le 23 avril 2019

  • Effectivement, rien ne pourrait remplacer le livre en papier, mais quand on n'a plus de place dans sa bibliothèque, ou quand on est en voyage, le livre électronique est très utile! Et puis la facilité d'acquisition est un avantage majeur: pratiquement n'importe quel livre au monde est à notre portée, grâce à quelques "clics"! Et un nombre important de livres classiques est gratuit, ce qui est aussi un avantage: voir par exemple "iBooks" ou "gutenberg.org"....Bref, il faut avoir les deux supports!

    Georges MELKI

    07 h 05, le 23 avril 2019

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