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Liban - Carrières

L’extraction de sable dans les hauteurs de Tannourine suscite un tollé

Le comité de suivi de l’environnement dans la bourgade dénonce une exploitation de carrière déguisée. Le président du conseil municipal assure que les travaux sont arrêtés et qu’il vérifiera les permis.

Du sable chargé dans les camions sur le site à Tannourine.

La découverte de camions transportant des cargaisons de sable d’un terrain se trouvant à quelque 700 mètres de la célèbre cédraie de Tannourine (hauteurs de Batroun), classée réserve naturelle, a suscité la surprise, hier. Ce n’est pas la première fois que le propriétaire de ce terrain crée la polémique en extrayant du sable, avec un permis qui n’est pas celui d’une carrière, assurent des écologistes. Dans un communiqué, le comité de suivi de l’environnement à Tannourine, un rassemblement civil, se dit certain que l’opération vise à extraire du sable dans un but commercial. Le rassemblement accuse sans ambages le propriétaire du terrain « d’utiliser un permis de bonification de terrain ou de transport de stock pour exploiter une carrière, alors que tous ces permis sont contraires à la loi libanaise et aux règles en vigueur concernant les réserves naturelles ». Cette exploitation « détruit l’environnement dans les environs de la réserve naturelle sous les yeux des responsables, sachant que (ce propriétaire) a déjà creusé ce site par étapes et extrait une quantité impressionnante de sable », selon le texte.

Le comité en appelle à tous les responsables concernés, notamment la ministre de l’Intérieur, Raya el-Hassan, qui a déjà fait stopper les permis de transport de stocks que délivrait son prédécesseur afin de mettre un terme aux travaux.

Pour sa part, Baha’ Harb, président du conseil municipal, a ordonné l’arrêt des travaux dès hier en attendant de vérifier les permis. « J’ai convoqué le propriétaire du terrain, ce sera pour mardi après les congés, dit-il à L’Orient-Le Jour. Dès que j’ai été notifié ce matin (hier) du passage des camions, j’ai immédiatement contacté le caïmacam et les forces de l’ordre. Tous m’ont dit qu’il a des permis de bonification de terrain valides délivrés par le ministère de l’Environnement et par la Direction générale de l’urbanisme, mais je n’ai pas encore pu m’en assurer. D’ici là, j’ai ordonné l’arrêt du travail, mais pour pouvoir l’interrompre définitivement, je devrai m’assurer qu’il ne respecte pas les permis qui sont en sa possession. »

Et comment s’en assurer ? « Je lui demanderai un rapport topographique montrant le terrain avant et après les travaux, explique M. Harb. Il dit que son terrain est en pente et qu’il cherche à le terrasser. Si c’est le cas, le topographe peut établir combien de mètres carrés devraient en être retirés, et si cela correspond à la réalité du terrain avant et après les travaux. Je présenterai un rapport au mohafez et au caïmacam mardi, et s’il y a une quelconque irrégularité, le travail sera suspendu pour de bon. » Et d’ajouter : « Je suis aussi président du comité de la réserve de Tannourine, il est hors de question d’accepter une carrière à cet endroit. Mais s’il veut juste construire, je ne pourrai rien contre lui. »


(Pour mémoire : Jreissati promet de poursuivre les carrières illégales, « sans exception »)

Jreissati à l’ordre des ingénieurs

Cette polémique nouvelle et ancienne à la fois, qui vient d’éclater à Tannourine, vient rappeler que ce secteur reste totalement hors de contrôle au Liban. Le sujet a été soulevé lors d’un Conseil des ministres le 21 mars dernier, au cours duquel un plan préliminaire pour la gestion des carrières a été présenté par le ministre de l’Environnement, Fady Jreissati, et adopté. Le Conseil des ministres avait alors accordé à M. Jreissati trois mois pour présenter un plan directeur visant à réglementer une fois pour toutes ce secteur. Auparavant, la ministre de l’Intérieur avait suspendu tous les permis de transport de chargements délivrés par son prédécesseur, et qui permettaient aux exploitants de poursuivre leur activité sans être inquiétés.

Mercredi, c’est à l’ordre des ingénieurs que M. Jreissati a présenté la vision de son ministère pour le règlement de la question des carrières. « Je tiens à rappeler que c’est le Haut Conseil des carrières, et non pas le ministère de l’Environnement, qui accorde les permis, tout le reste participe de la corruption, a-t-il dit. Le dernier recensement de l’armée fait état de plus de 1 370 carrières de sable et de gravier. Je pense que nul autre secteur ne souffre autant de mauvaise gestion et de corruption. Le Trésor a perdu des sommes colossales. Qui compensera les dégâts environnementaux ? »

Le ministre n’a pas hésité à demander l’aide des ingénieurs afin de recenser les dégâts environnementaux et préparer un plan de gestion durable, demandant à l’ordre d’être « un partenaire stratégique ». Il a annoncé qu’il existe « une entente politique » avec le Premier ministre Saad Hariri « pour ouvrir la voie à l’importation de sable – ce ne sera pas le cas pour le gravier et le ciment –, conformément à une étude d’IDAL sur le coût de l’importation et son impact sur l’économie ». Le sable serait apparemment importé d’Égypte ou de Syrie. Un plan B, toujours selon le ministre, serait de garder deux sites d’extraction de sable dans tout le pays. Il a par ailleurs précisé que le plan directeur privilégiera les exploitations dans la chaîne de montagnes de l’Anti-Liban, et dans les terrains de l’État, ce qui assurera une rentrée pour le Trésor.


(Pour mémoire : Carrières : après la fermeture, nouveau sursis pour les exploitations...)


Pour ce qui est des cimenteries, M. Jreissati note que « cette industrie est toujours protégée par l’État », soulignant que « les négociations avec les compagnies pour réduire les prix et les obliger à payer des impôts suivant le principe du pollueur payeur sont du ressort du gouvernement ». Il a précisé que « le projet qu’(il) compte présenter au Conseil des ministres, et qui devra être soumis au Parlement, comportera le concept de pollueur payeur ». Il s’est dit favorable « à ce que les délais (accordés en vue de la régularisation de la situation des carrières) soient fixés par le gouvernement dans son intégralité, et non par un seul ministre », notant le défi que représenterait une fermeture simultanée de tous les sites illégaux, qui sont pratiquement au nombre des sites en activité.

Le ministre de l’Environnement a également été reçu hier par le président de la République, Michel Aoun, à qui il a exposé ses plans pour le secteur des carrières, ainsi que dans la perspective de créer de nouvelles réserves naturelles, en vertu de la loi votée récemment au Parlement.



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La découverte de camions transportant des cargaisons de sable d’un terrain se trouvant à quelque 700 mètres de la célèbre cédraie de Tannourine (hauteurs de Batroun), classée réserve naturelle, a suscité la surprise, hier. Ce n’est pas la première fois que le propriétaire de ce terrain crée la polémique en extrayant du sable, avec un permis qui n’est pas celui d’une...

commentaires (3)

- L'extraction de sables à Tannourine. - L'extraction de Sables à Meyrouba. - Le concassage des Dolomites de Feytroun. - Le concassage des parois rocheux de Nahr-Ibrahim. - La cimenterie Fattouche à Aïn-Dara. - Les douanes parallèles. - L'armée parallèle. - La fabrication du captagon à la Békaa-Nord. - Les guerres perdues et la destruction de l'infrastructure du pays pour le compte des autres.- - L'amnistie des islamistes assassins de soldats libanais. - L'Etat officiel réduit sur 500 km2 au lieu de 10.425 km2. Mais à part ça, tout va très bien, Madame la Marquise. Tout va très bien.

Un Libanais

12 h 40, le 19 avril 2019

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Commentaires (3)

  • - L'extraction de sables à Tannourine. - L'extraction de Sables à Meyrouba. - Le concassage des Dolomites de Feytroun. - Le concassage des parois rocheux de Nahr-Ibrahim. - La cimenterie Fattouche à Aïn-Dara. - Les douanes parallèles. - L'armée parallèle. - La fabrication du captagon à la Békaa-Nord. - Les guerres perdues et la destruction de l'infrastructure du pays pour le compte des autres.- - L'amnistie des islamistes assassins de soldats libanais. - L'Etat officiel réduit sur 500 km2 au lieu de 10.425 km2. Mais à part ça, tout va très bien, Madame la Marquise. Tout va très bien.

    Un Libanais

    12 h 40, le 19 avril 2019

  • L,ANARCHIE CONTINUE. KEL MIN IDOU LA ELOU BHAL BALAD. LE M,ENFOUTISME COMMENCE DE LA TETE ET VA JUSQU,AUX BOUTS DES DERNIERS DOIGTS DES PIEDS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 58, le 19 avril 2019

  • Peut importe les infractions commises... Tout ce que peut rapporter des devises est bon à prendre pour certains. Pourtant un terrain symbolique comme celui-ci appartient à tout le pays, au domaine public au-delà d'un titre de propriété...

    Sarkis Serge Tateossian

    10 h 16, le 19 avril 2019

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