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À La Une - Turquie

Municipales : Erdogan voit des "irrégularités" massives à Istanbul

"L'ironie est que d'un point de vue institutionnel, (...) M. Erdogan est plus fort que jamais, mais d'un point de vue politique il est au plus faible", estime Lisel Hintz, de l'Université Johns Hopkins.


Le président turc, Recep Tayyip Erdogan (au centre sur la photo), entouré du vice-président Fuat Oktay (à gauche) et du chef de la diplomatie, Mevlut Cavusoglu, lors d'une conférence de presse à l'aéroport international Ataturk, à Istanbul, le 8 avril 2019. Photo Kayhan Ozer/Presidential Press Office/Handout via REUTERS

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a mis en doute lundi les résultats provisoires d'élections municipales donnant l'opposition victorieuse à Istanbul, affirmant que le scrutin a été entaché d'"irrégularités" massives commises de manière "organisée".

"Il ne s'agit pas d'irrégularités çà et là, presque toute (l'élection) est irrégulière", a assuré M. Erdogan. "Notre parti a établi que des crimes organisés, que des actions ont été perpétrées de manière organisée" à Istanbul, a-t-il ajouté.

Avec ces déclarations, M. Erdogan accentue la pression sur les autorités électorales qui doivent décider cette semaine d'accepter ou de rejeter un recours du parti du président demandant le recomptage de l'ensemble des voix à Istanbul.

D'après les résultats provisoires du scrutin qui s'est tenu le 31 mars, le Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) a subi un revers inédit depuis son arrivée au pouvoir en 2002 avec la perte d'Ankara et une défaite d'un cheveu à Istanbul.

Refusant de concéder la défaite, l'AKP a demandé dimanche au Haut-comité électoral (YSK) de recompter toutes les voix dans 38 des 39 districts d'Istanbul, et d'invalider les votes dans le dernier district. "Ce que nous voulons, c'est que toutes les voix soient recomptées pour éliminer les défaillances", a plaidé lundi le vice-président de l'AKP, Ali Ihsan Yavuz.

La perte d'Istanbul, capitale économique de la Turquie où vit 20% de la population du pays, serait un revers électoral inédit pour M. Erdogan, qui y a été maire de 1994 à 1998. Un mandat qui lui a servi de tremplin pour ensuite briguer les plus hautes fonctions.

"L'ironie est que d'un point de vue institutionnel, (...) M. Erdogan est plus fort que jamais, mais d'un point de vue politique il est au plus faible", estime Lisel Hintz, de l'Université Johns Hopkins. "La performance (de l'AKP) dans les grands centres urbains et son incapacité à remettre l'économie sur les rails signifient que M. Erdogan pourrait faire face à de graves divisions internes", ajoute-t-elle.



(Lire aussi : Municipales : le parti d'Erdogan veut un recomptage de tous les votes à Istanbul)


Nouveau vote?
La sortie de M. Erdogan lundi a contribué à faire baisser une nouvelle fois la livre turque, alors que les marchés redoutent la tenue de nouvelles élections à Istanbul qui seraient un facteur d'instabilité et repousseraient des réformes économiques urgentes.

"L'AKP élargit le front de ses recours à Istanbul. La prochaine étape pourrait être de demander un nouveau vote", écrit lundi un éditorialiste proche du pouvoir, Abdulkadir Selvi, qui ajoute toutefois "ne pas avoir l'impression" que le scrutin sera invalidé.

Semblant ouvrir pour la première fois la porte à une telle mesure, M. Erdogan a déclaré lundi : "Aux Etats-Unis, lorsqu'il y a débat sur 1% du vote, vous voyez qu'ils décident de refaire les élections". "A Istanbul, où il y a plus de 10 millions d'électeurs, personne n'a le droit de proclamer sa victoire avec une différence de 13 ou 14.000 voix", a-t-il ajouté.

Ekrem Imamoglu, candidat du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), soutenu par d'autres formations hostiles à M. Erdogan, est arrivé en tête à Istanbul avec 25.000 voix d'avance sur son opposant de l'AKP, l'ancien Premier ministre Binali Yildirim. C'est une goutte d'eau à l'échelle d'une ville où plus de huit millions de personnes ont voté lors du scrutin municipal. Alors qu'un recomptage partiel est en cours à Istanbul, le CHP a affirmé lundi que M. Imamoglu maintenait plus de 15.000 voix d'avance.

Estimant que les recours de l'AKP à Istanbul sont infondés, l'opposition a exhorté lundi l'YSK à défendre son indépendance. "J'en appelle aux juristes qui travaillent au YSK : votre indépendance et votre objectivité sont primordiales", a insisté le chef du CHP, Kemal Kiliçdaroglu.

M. Imamoglu, qui se présente d'ores et déjà comme le "maire d'Istanbul", accuse l'AKP de vouloir gagner du temps en multipliant les recours pour effacer les traces d'éventuelles malversations commises à la municipalité, ce que dément l'AKP.

A Ankara, malgré des recours déposés par l'AKP la semaine dernière, le candidat du CHP Mansur Yavas a obtenu lundi matin le document confirmant sa prise de fonction. "Je souhaite la même chose à Istanbul", a-t-il déclaré.





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commentaires (3)

DANS LA REVISION DU COMPTAGE QUI ETAIT DE TOUTE FACON EN LES MAINS DU PARTI DU MINI SULTAN IL SE PREPARE A COMMETTRE DES IRREGULARITES ET COMME LE VOLEUR QUI SE PREPARE A VOLER IL CRIE AU VOLEUR !

LA LIBRE EXPRESSION

10 h 13, le 09 avril 2019

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Commentaires (3)

  • DANS LA REVISION DU COMPTAGE QUI ETAIT DE TOUTE FACON EN LES MAINS DU PARTI DU MINI SULTAN IL SE PREPARE A COMMETTRE DES IRREGULARITES ET COMME LE VOLEUR QUI SE PREPARE A VOLER IL CRIE AU VOLEUR !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 13, le 09 avril 2019

  • Il y a quelques années Erdogan à fait revoter le peuple quand il à trouvé que le parti HDP kurde avait remarquablement percé dans la société turque. Et il réussi son tour de passe-passe... Aujourd'hui malgré ses impostures il perd les grandes villes notamment Istanbul et il ne trouve pas mieux que d'annoncer lui même l'illégalité de ces élections... En jugeant l'illégalité de ces élections il menace du même coup les "autorités électorales) qui, s'ils annonce l'illegalité du scrutin risque de se trouver derrière les barreaux et se faire accusés de terroristes et de Gulenistes. La démocratie à la turca ! C'estt ça.

    Sarkis Serge Tateossian

    21 h 35, le 08 avril 2019

  • Erdo pourrait même voir des sardines dans les ports de Marseille et nous dire que ce sont des baleines, et devinez quoi ? Ses alliés occidentaux le croiraient en hochant de la tête. Il leur sert encore jusqu'au jour où....... ....God forbit ..

    FRIK-A-FRAK

    20 h 55, le 08 avril 2019

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