Une leçon de morale publiée par le Courant patriotique libre (CPL, fondé par le chef de l'Etat, Michel Aoun, et présidé par Gebran Bassil) et comparant la lutte contre la corruption à une histoire de femmes violées pendant un conflit a provoqué l'indignation des internautes, poussant le parti à publier, samedi matin, des explications.
"Des soldats qui étaient entrés dans un village y violèrent toutes les femmes, sauf une qui lutta contre son agresseur et le tua", commence l'histoire publiée sur les réseaux sociaux par la commission du CPL pour la lutte contre la corruption. "Les soldats partis, toutes les femmes sortirent de chez elles, en pleurs, leurs vêtements déchirés. Celle qui avait résisté sortit, elle, tenant la tête de son agresseur et fut tuée par les autres femmes pour ne pas que, dans son honneur, elle les prenne de haut, poursuit le CPL. Elles ont tué l'honneur pour que vive la honte", est-il ensuite écrit en grand sur la publication polémique. Et de poursuivre avec la "morale" de l'histoire : "Dans notre société, les corrompus font de même. Ils tuent, isolent et luttent contre les gens honorables afin qu'ils ne soient pas témoins de leur corruption et du fait qu'ils ne luttent pas contre la corruption".
La comparaison entre la corruption et le viol, et surtout l'utilisation des concepts de "honte" et d'honneur n'ont pas tardé à faire réagir les internautes.
"Une petite fable sur le machisme et la stupidité du CPL, commente cet internaute. Le viol est un crime, il n'a rien à voir avec l'honneur".
Un point de vue également repris par la journaliste Dima Sadeq qui a affirmé que "la femme violée ne doit pas être honteuse. La honte, c'est votre façon de penser".
L'organisation féministe "Ma nationalité, un droit pour moi et ma famille" a quant à elle dénoncé, dans un communiqué publié sur sa page Facebook, "une reconnaissance publique" de la part du CPL que les femmes violées sont "responsables du crime perpétré contre elles" et "une reconnaissance de l'innocence des soldats tyranniques qui utilisent le viol comme arme de guerre". "Cette publication rassemble tous les phénomènes possibles d'insultes" aux droits de la femme.
(Lire aussi : Justice, finances, forces de l'ordre : la lutte contre la corruption se poursuit dans les institutions)
Mise au point du CPL
Face aux réactions provoquées, le CPL a publié une mise au point dans laquelle il justifie "une publication qui se veut une comparaison symbolique entre notre situation politique et la réalité historique du fait que tout le monde ne lutte pas" contre la corruption.
Dans un communiqué publié par le bureau de presse du parti, le CPL souligne que "certaines personnes n'ont pas compris" le sens de l'histoire partagée qui "est utilisée depuis longtemps sur les réseaux sociaux et dans la presse". "Le CPL ne cherche en aucun cas à porter atteinte aux femmes et à leur dignité", ajoute le texte, qui appelle ensuite tous ceux qui n'ont pas bien compris le sens de la publication à s'excuser. "Nous poursuivrons nos efforts et ne nous laisserons pas arrêter par les déformations de nos propos et les mensonges", conclut la mise au point du CPL.
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commentaires (12)
C'est scandaleux de voir le chef de CPL se proclamer comme le champion de la lutte contre la corruption alors que des révélations (très crédibles) de différentes sources ont été faites sur l'origine douteuse de sa patrimoine. Je le compare au prêtre pédophile qui le Dimanche oublie ses crimes et donne un sermon plein de morale aux fidèles. Ya haram... Quand à dire que les femmes violées doivent avoir honte, c'est vraiment dingue et inhumain. C'est révoltant... Pauvre CPL qui est tombé entre les mains d'un dictateur-enfant.
Romulus Maximus
19 h 46, le 07 avril 2019