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À La Une - Syrie

Dans le camp de déplacés d'al-Hol, un marché animé mais inaccessible à certains

Les étrangères ayant rallié l'EI, qui vivent dans une enclave séparée du reste du camp, sont autorisées à venir au marché mais uniquement escortées par un garde kurde armé.

Une ruelle du marché du camp de déplacés d'al-Hol, dans le nord-est de la Syrie, le 28 mars 2019. Photo AFP / GIUSEPPE CACACE

Fruits, glaces, teintures pour cheveux. Dans le camp d'Al-Hol en Syrie, où vivent des personnes déplacées par la bataille contre le groupe Etat islamique (EI), se tient un marché animé. Mais tous n'ont pas les moyens d'acheter.

Plus de 70.000 personnes de différentes nationalités s'entassent dans ce camp du Nord-Est syrien après avoir fui le dernier reste du "califat" de l'EI, tombé la semaine dernière. Parmi elles, des civils sortis du réduit de l'EI dans des villages de l'est de la Syrie, et les familles étrangères des jihadistes venues de Russie, de France, de Tunisie et même pour certaines de Trinité et Tobago dans les Caraïbes.

Des deux côtés de l'allée principale du camp, rendue boueuse par la pluie, s'alignent des stands remplis de victuailles et de babioles. Sur un étal, le rouge des tomates se mêle au violet des aubergines et au jaune des bananes. Un peu plus loin, paquets de couches pour bébés et boîtes de céréales sont à la vente dans une épicerie.
Devant une machine de glace à l'italienne, une jeune fille attend son tour après avoir relevé le voile du niqab noir qui dissimulait son visage.



(Lire aussi : En Syrie, les déplacés d’al-Hol manquent presque de tout)



Les étrangères ayant rallié l'EI, qui vivent dans une enclave séparée du reste du camp, sont autorisées à venir au marché mais uniquement escortées par un garde kurde armé. Dans les allées, des femmes aux traits asiatiques, des Turques, des Belges ou des Françaises se mélangent à des Syriennes et des Irakiennes.

A la "Boulangerie Nour", Salam introduit dans un grand fourneau des galettes couvertes de viande hachée disposées sur une planche de bois. Cet Irakien de 24 ans vit dans le camp depuis un an et demi. En gagnant 2.000 livres syriennes par jour (environ 3,5 euros), cet aîné d'une fratrie de sept enfants subvient aux besoins de sa famille. "Il y a beaucoup de gens qui achètent, mais il y a aussi des gens pour qui c'est difficile, ils n'ont pas les moyens, on leur donne gratuitement", explique le jeune homme en uniforme jaune.

Un peu plus loin, des femmes en niqab noir sont agglutinées devant un étalage proposant des teintures pour cheveux, des boucles d'oreilles en toc, des miroirs et des chouchous colorés pour les cheveux des fillettes.
Sur un autre stand, des fioles de parfum sont disposées dans une vitrine, en attendant d'être remplies pour un futur acheteur. A l'extrémité du marché, des moutons sont parqués dans un enclos, tandis que deux hommes dépècent une bête pendue à un crochet.

Ce marché pourrait surprendre dans un camp où ONG et organisations internationales dénoncent depuis des semaines une situation humanitaire "critique". Mais certains déplacés sont arrivés avec de l'argent. Des agences et organisations humanitaires ont aussi effectué des distributions périodiques d'aides financières pour soutenir des familles démunies.

Le camp continue pourtant à manquer de tentes et d'infrastructures médicales. Selon l'ONG Save the Children, près d'un tiers des enfants de moins de cinq ans reçus par les équipes du camp souffrent d'une malnutrition aiguë. Des cas de déshydratation ont aussi été signalés. "Les besoins dans le camp sont énormes", souligne un porte-parole de l'ONG Save the Children, Amjad Yamin.

A quelques pas du marché, une scène témoigne du décalage : des files interminables de femmes attendent désespérément de recevoir gratuitement des cartons de nourriture devant les hangars du Programme alimentaire mondial (PAM).


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