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À La Une - Etats-Unis

La fin du "califat" conforte le Pentagone dans sa stratégie

"Globalement, la stratégie américaine a été efficace pour faire reculer l'EI", selon un expert. Mais elle n'a pas résolu le problème de la gouvernance locale en Syrie, où la guerre civile a créé les conditions ayant permis à l'EI de s'épanouir.

Une femme réagissant lors d'une frappe menée par la coalition internationale menée par les Etats-Unis sur la ville de Kobané, en Syrie, le 13 octobre 2014. Photo d'archives AFP / ARIS MESSINIS

Maintenant que le groupe Etat islamique a officiellement perdu son "califat" autoproclamé, le Pentagone peut parler d'un moment historique dans la lutte qu'il mène depuis des années contre les jihadistes. Car, au moins d'un point de vue militaire, les Etats-Unis peuvent revendiquer un succès significatif dans leur stratégie consistant à travailler "avec et par le biais" des forces locales. Ce sont les forces de sécurité en Irak et une milice kurde en Syrie qui ont assumé le gros des combats - et des pertes humaines.

Mais l'EI compte encore des milliers de combattants dans plusieurs pays et plusieurs questions se posent : la perte des territoires autrefois contrôlés par le groupe sera-t-elle synonyme de défaite durable ? La décision du président Donald Trump de retirer le gros des troupes américaines de Syrie gâchera-t-elle le dénouement ?

Le général Raymond Thomas, qui dirige les forces spéciales américaines, a récemment mis en garde contre l'utilisation du terme "victoire" contre l'EI. "L'objectif est de réduire la menace dans cette région-là", a-t-il souligné. "Nous sommes sur le point de réduire cette menace et (...) en train de déterminer quelle capacité résiduelle doit rester en place dans la région pour faire en sorte que nous garantissions cet objectif".

M. Trump a proclamé en décembre la victoire face à l'EI mais, pour John Spencer du Modern War Institute à l'académie militaire West Point, ce n'est pas si simple. L'EI "est une organisation terroriste. Tout ce que (ses membres) ont à faire, c'est baisser les armes, tenter de se fondre dans la population et fuir", dit-il à l'AFP. "Ils ne sont pas partis et ils ne s'en iront pas comme ça".


(Lire aussi : Le groupe jihadiste EI vaincu en Syrie, son "califat" éliminé)


"Faux sentiment de sécurité"
La mission menée par les Etats-Unis a commencé fin 2014 sous la président démocrate de Barack Obama, après que des combattants de l'EI ont saisi des pans de territoire de la taille de la Grande-Bretagne à travers l'Irak et la Syrie.

Washington a alors formé une coalition qui a fini par rassembler plus de 70 pays, dont plusieurs ont commencé à bombarder des positions de l'EI fin 2014. Depuis, la coalition a mené quelque 34.000 frappes aériennes en Syrie et en Irak. Plutôt que d'engager un grand nombre de troupes dans la bataille, la coalition a combiné campagne aérienne, formation des forces locales et conseils à ces dernières.
Une décision découlant en partie de la guerre d'Irak, dans laquelle plus de 4.400 militaires américains sont morts.

La stratégie a été plus rapidement payante en Irak, où l'armée nationale, qui s'était effondrée face à l'avancée de l'EI, s'est transformée en un corps qui a chassé les jihadistes ville après ville, jusqu'à reprendre leur fief de Mossoul en 2017.

Lorsque Donald Trump est arrivé au pouvoir, il a en gros poursuivi la stratégie de Barack Obama, en utilisant toutefois un langage plus dur et moins de restrictions dans les frappes aériennes.

"Globalement, la stratégie américaine a été efficace pour faire reculer l'EI", dit à l'AFP Daniel Byman, du centre pour les politiques au Moyen-Orient à la Brookings Institution. Mais elle n'a pas résolu le problème de la gouvernance locale en Syrie, où la guerre civile a créé les conditions ayant permis à l'EI de s'épanouir. "L'EI reste donc actif - il y a eu des centaines de meurtres rien que ce mois-ci - en tant que mouvement insurrectionnel", ajoute M. Byman, questionné en janvier. Le prix payé par les forces locales appuyées par les Etats-Unis a été très lourd, des milliers de combattants syriens et irakiens ayant été tués. 

La décision de M. Trump de se retirer totalement de Syrie laissait les Kurdes davantage vulnérables à une attaque de la Turquie, qui considère les combattants kurdes comme des "terroristes". C'est pourquoi il s'est finalement laissé convaincre de laisser une force résiduelle d'au moins 200 militaires dans le Nord-Est syrien, espérant ainsi convaincre les Européens de participer à une force d'observation d'un millier d'hommes pour protéger les alliés kurdes. Outre les soldats dans le Nord-Est, Washington compte maintenir 100 à 200 militaires sur la base américaine d'al-Tanf, dans le sud de la Syrie.


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Maintenant que le groupe Etat islamique a officiellement perdu son "califat" autoproclamé, le Pentagone peut parler d'un moment historique dans la lutte qu'il mène depuis des années contre les jihadistes. Car, au moins d'un point de vue militaire, les Etats-Unis peuvent revendiquer un succès significatif dans leur stratégie consistant à travailler "avec et par le biais" des forces...

commentaires (2)

Le pentagone américain et toute la classe politico-MILITAIRE occidentale est bien INGRATE DE NE PAS , AU MOINS DIRE MERCI AUX RUSSES IRANIENS SYRIENS ET AU HEZB . CET AXE RÉSISTANT A DEBLAYÉ LE TERRAIN POUR LE PERMETTRE DE FINIR LE JOB . POLTRONS , COMPLOTEURS ET INGRATS EN PLUS .

FRIK-A-FRAK

10 h 01, le 24 mars 2019

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Commentaires (2)

  • Le pentagone américain et toute la classe politico-MILITAIRE occidentale est bien INGRATE DE NE PAS , AU MOINS DIRE MERCI AUX RUSSES IRANIENS SYRIENS ET AU HEZB . CET AXE RÉSISTANT A DEBLAYÉ LE TERRAIN POUR LE PERMETTRE DE FINIR LE JOB . POLTRONS , COMPLOTEURS ET INGRATS EN PLUS .

    FRIK-A-FRAK

    10 h 01, le 24 mars 2019

  • C’est marrant, selon l’article de L’Orient-Le Jour que l’on lit, on a tantôt l’impression que ce sont sont les américains qui ont vaincu l’EI, tantôt que c’est plutôt le régime syrien aidé des russes, des iraniens, et du hezbollah. En tout cas tous le revendiquent. Bon au moins ils sont d’accord sur quelque chose...

    Gros Gnon

    05 h 18, le 24 mars 2019

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