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À La Une - Interview

Nous avons perdu la moitié de nos écoles en Syrie, indique l’UNRWA

A Bruxelles, le directeur de l’agence voulait s’assurer que la question spécifique des réfugiés palestiniens de Syrie ne tombe dans l’oubli.

Pierre Krähenbühl, directeur de l’Unrwa. Photo Anne Ilcinkas

Confrontée à un défi de financement colossal, depuis la réduction draconienne de la contribution américaine, l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) était présente à Bruxelles, dans le cadre de la conférence des donateurs pour la Syrie, organisée par l'UE et l'ONU jeudi. Ce afin que la question spécifique des réfugiés palestiniens de Syrie ne tombe dans l’oubli.

« Nous voulions nous assurer que le sort et les besoins des réfugiés palestiniens en Syrie ou de ceux qui ont fui au Liban et en Jordanie, soit intégré dans les processus de prise de décision, dans ses dimensions humaines mais aussi financières », a expliqué, à L’Orient-Le Jour, Pierre Krähenbühl, directeur de l’Unrwa. « Nous avons donc lancé un appel pour la Syrie, qui s’élève à 270 millions de dollars pour l’Unrwa, pour accomplir notre travail d’urgence pour les réfugiés palestiniens de Syrie, en Syrie, au Liban et en Jordanie », ajoute-t-il.

Jeudi soir, à l’issue de la conférence, la communauté internationale a confirmé un financement de 6,16 milliards d’euros (7 milliards de dollars) pour soutenir les activités humanitaires, de résilience et de développement en 2019 dans le cadre de la réponse à la crise syrienne. Ce financement comprend un appui aux besoins de l’Unrwa pour les réfugiés de Palestine en Syrie.

Avant la guerre, la Syrie comptait 560 000 réfugiés palestiniens. 120 000 d’entre eux ont fui, dont un peu plus de 30 000 à un moment donné sont venus au Liban.

Aujourd’hui, l’Unrwa compte encore 4 000 employés en Syrie. « Pour l’essentiel, ce sont des réfugiés palestiniens eux-mêmes qui travaillent à l’Unrwa à Alep, Homs, Hama, un petit peu à Lattaquié mais surtout à Damas et Deraa », explique M. Krähenbühl. « Nous avions 100 écoles avant le début du conflit, la moitié sont maintenant endommagées ou détruites. Nous avons dû trouver de nouvelles façons d’assurer la continuité des services d’éducation », poursuit-il. Aujourd’hui, 50 000 élèves sont scolarisés en Syrie dans les écoles de l’Unrwa ou reçoivent ses services d’éducation. « L’année dernière, c’est une jeune Palestinienne qui a obtenu les meilleurs résultats aux examens nationaux », ajoute le responsable.

Au Liban, l’Unrwa, qui fournit des services à 200 000 réfugiés palestiniens du Liban, a intégré les réfugiés palestiniens de Syrie débarqués au pays du cèdre en raison de la guerre, à sa réponse à la crise, notamment dans les écoles. « L’éducation est la chose la plus importante. En tout, l’Unrwa scolarise 530 000 élèves dans les écoles en Syrie, au Liban, en Jordanie, Cisjordanie et Gaza », insiste le chef de l’Unrwa.

Alors que le débat sur le retour des réfugiés syriens dans leur pays bat son plein au Liban, M. Krähenbühl affirme que peu de réfugiés palestiniens de Syrie sont rentrés en Syrie. « Aujourd’hui, ils attendent d’avoir toutes les assurances pour rentrer, c’est normal. Par contre, nous pourrions jouer un rôle dans les retours dans la mesure où ils seront volontaires et sûrs. Cela vaut aussi d’ailleurs pour les 280 000 Palestiniens qui sont déplacés à l’intérieur de la Syrie (NDLR soit 60% des 438 000 réfugiés palestiniens toujours en Syrie). S’il y avait une perspective de les soutenir dans un retour dans leurs régions d’origine, nous l’envisagerions. Mais aujourd’hui, nous sommes encore dans une phase d’attente ».

L’apport financier de la conférence de Bruxelles était d’autant plus important pour l’Unrwa après la forte réduction de la contribution américaine. « L’année passée, les États-Unis ont annoncé une coupe de 300 millions de dollars. De 360 millions de dollars en 2017, leur contribution est passée, en 2018, à 60 millions. Si l’on ajoute cette perte de 300 millions de dollars à notre déficit d’origine pour 2018, qui était de 146 millions, nous nous sommes retrouvés avec un déficit de 446 millions de dollars en janvier », explique M. Krähenbühl. En réaction, l’agence a lancé une campagne intitulée « La dignité n’a pas de prix » et mobilisé l’ensemble de la communauté internationale. « Nous avons réussi à couvrir la totalité des 446 millions de dollars, ce qui est tout à fait exceptionnel », ajoute-t-il.

Sur le dossier libanais, M. Krähenbühl insiste sur l’importance de l’accès à l’emploi, pour les réfugiés palestiniens au Liban, alors que des dizaines de métiers leurs sont interdits. « C’est un sujet discuté en ce moment par le Comité du dialogue libano-palestinien, dirigé par l’ambassadeur Hassan Mneimneh, et rattaché directement au bureau du Premier ministre. Le Comité cherche de nouvelles solutions car le fait de ne pas avoir accès à l’emploi est un défi pour beaucoup de réfugiés qui sont dépendants de l’aide humanitaire, n’ayant pas d’autre revenu. Il s’agit là d’un défi spécifique au Liban et nous voulons contribuer au dialogue avec les autorités libanaises à ce sujet ».


Confrontée à un défi de financement colossal, depuis la réduction draconienne de la contribution américaine, l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) était présente à Bruxelles, dans le cadre de la conférence des donateurs pour la Syrie, organisée par l'UE et l'ONU jeudi. Ce afin que la question spécifique des réfugiés palestiniens de Syrie ne tombe dans...

commentaires (2)

Il faut renvoyer les uns et les autres sans autre forme de procés, point barre.

Christine KHALIL

23 h 17, le 17 mars 2019

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Commentaires (2)

  • Il faut renvoyer les uns et les autres sans autre forme de procés, point barre.

    Christine KHALIL

    23 h 17, le 17 mars 2019

  • Voyez moi ça!

    FRIK-A-FRAK

    11 h 14, le 17 mars 2019

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