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Liban - Focus

Réfugiés syriens : À Bruxelles, les ONG donnent de la voix pour « que les calculs politiques ne prennent pas le dessus »

Un dessin en 3D représentant une fillette syrienne et des scènes de violence, devant le Parlement européen à Bruxelles. Francois Lenoir/Reuters

« Nous sommes là pour que le Liban ne soit pas oublié. » Dans les couloirs du Parlement européen à Bruxelles, les députés, actuellement en session à Strasbourg, ont laissé la place aux membres de la société civile, aux ONG internationales, syriennes, jordaniennes et libanaises notamment, réunies à l’occasion de la conférence de Bruxelles III de « Soutien à l’avenir de la Syrie et de la région » organisée conjointement par l’UE et l’ONU lors des « Journées du dialogue ». Leur objectif ? Faire entendre leurs voix. Car comme l’a constaté un haut fonctionnaire européen lors d’une table ronde en marge de la conférence, « les gens en ont marre de la crise syrienne, il existe une réelle fatigue. Et l’on redoute qu’elle ne subisse la même destinée que la question palestinienne ».

Pour faire entendre leurs voix et rapporter celles des réfugiés et des communautés hôtes, 42 représentants des ONG locales et internationales travaillant au Liban ont été conviés par l’Union européenne à Bruxelles. « Aux premières conférences de ce type, il n’y avait qu’un ou deux représentants », se souvient Virginie Lefèvre de l’association Amel lors d’une rencontre hier avec L’Orient-Le jour et d’autres membres de la société civile, à l’issue du premier panel de la conférence. « Au fil des années, après huit ans de crise, on a appris à se coordonner. C’est une amélioration en termes de participation et de cohésion de la société civile, cela fait la force de notre délégation », constate de son côté Camilla Jelbart Mosse, du LHIF, le forum des ONG internationales au Liban. « Le gouvernement libanais, lui, n’a pas de stratégie ou de politique unifiée sur la manière de gérer la crise des réfugiés depuis le déclenchement de la crise syrienne, poursuit Nasser Yassine de l’Institut Issam Farès de l’AUB. L’année dernière, il y avait eu une crise entre Saad Hariri et Gebran Bassil. Cette fois, c’est avec Saleh Gharib et Saad Hariri, et tout l’orchestre s’est mis en branle. »

Pour autant, les membres de la société civile sont décidés à continuer de défendre leurs positions auprès de quiconque fait partie du gouvernement. Les représentants des ONG ont donc rencontré Richard Kouyoumjian, le ministre des Affaires sociales, présent à Bruxelles, pour instituer avec lui un système de réunions régulières. « Nous voulons nous assurer que les organisations de la société civile participent au processus de décision, qui aujourd’hui se fait derrière des portes fermées, explique Camilla Jelbart Mosse. Le processus doit être ouvert et transparent. »


(Lire aussi : Chercher sa voix, l'éditorial de Issa GORAIEB)


« Principe de responsabilité mutuelle »
Les représentants des ONG libanaises ne veulent pas seulement faire pression sur le gouvernement libanais. Elles défendent le principe de responsabilité mutuelle. Le gouvernement libanais s’est engagé lors de la conférence de Bruxelles II, l’année dernière, précise Virginie Lefèvre, mais la communauté internationale aussi. « La communauté internationale s’est engagée sur le financement, qui doit être maintenu car les réfugiés syriens sont toujours présents au Liban, mais aussi sur la réinstallation des réfugiés les plus vulnérables dans les pays tiers, poursuit Camilia Jelbart Mosse. Or la communauté internationale n’a pas rempli ses promesses en matière de réinstallation. »

Selon les chiffres fournis par le réseau d’ONG, le nombre de réfugiés réinstallés depuis le Liban vers d’autres pays a chuté entre 2016 et 2018, passant de 25 000 à 8 500. « On sait que c’est une question sensible en Europe actuellement, mais c’est un processus de responsabilité mutuelle », insiste Virginie Lefèvre.

Pour Nasser Yassine, il est également important d’avoir un engagement plus politique de l’UE pour trouver une solution durable à la crise en Syrie. « Cela permettra le retour sûr, digne et volontaire des réfugiés, qui n’est pour l’instant pas garanti. Nous devons maintenir le dialogue là-dessus. »

Selon des officiels européens, cette conférence de donateurs a également pour objectif de relancer le processus de négociations de Genève pour la résolution du conflit syrien. En attendant, les représentants de la société civile libanaise ont encore quelques heures pour convaincre donateurs, officiels libanais et autres participants de la nécessité de prévoir des financements sur plusieurs années pour leur permettre de développer des projets sur le long terme.

Au final, « nous sommes là pour éviter que les considérations et calculs politiques prennent le dessus sur les principes de l’État de droit et les droits de l’homme et rappeler à chacun ses engagements », conclut Nadine Saba de Akkar Network for Development.

Le gouvernement libanais demande 2,6 milliards de dollars aux donateurs pour répondre à la crise syrienne. Les montant final attribué sera annoncé jeudi.



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commentaires (3)

ONG, assos, collectifs et leurs avatars ne veulent que se remplir les fouilles, peu leur importe ces malheureux....

Christine KHALIL

22 h 31, le 13 mars 2019

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Commentaires (3)

  • ONG, assos, collectifs et leurs avatars ne veulent que se remplir les fouilles, peu leur importe ces malheureux....

    Christine KHALIL

    22 h 31, le 13 mars 2019

  • HEUREUSEMENT POUR LES UNS ET MALHEUREUSEMENT POUR LES AUTRES CE SONT LES INTERETS POLITIQUES QUI DECIDENT MEME DANS LE CAS DU RAPATRIEMENT DES REFUGIES...

    JE SUIS PARTOUT CENSURE POUR AVOIR BLAMER GEAGEA

    14 h 37, le 13 mars 2019

  • Une solution serait de remettre à chaque libanais qui le désirerait, une famille de réfugiés dont il prendra soin , jusqu'à ce que ces ong ( lol) trouvent une solution définitive de retour en Syrie.

    FRIK-A-FRAK

    08 h 47, le 13 mars 2019

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