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À La Une - économie

La Turquie en récession pour la première fois depuis 2009

Le ralentissement s'explique en grande partie par une très forte inflation sur fond de crise de la livre turque survenue en août, due aux tensions diplomatiques entre Ankara et Washington et à la défiance des marchés à l'égard des politiques économiques menées par le gouvernement turc.

Vue sur le pont du Bosphore, connectant les rives asiatiques et européennes d'Istanbul, le 7 mars 2019. Photo d'illustration AFP / Yasin AKGUL

Pâtissant d'une forte inflation, la Turquie est entrée en récession pour la première fois depuis 2009, une mauvaise nouvelle pour le gouvernement à trois semaines d'élections municipales, et qu'il s'est employé à relativiser.

Le Produit intérieur brut (PIB) s'est contracté de 3% au quatrième trimestre 2018 en glissement annuel, a annoncé lundi l'Office national des statistiques (Tüik), et de 2,4% par rapport au trimestre précédent. Or, au troisième trimestre déjà, le PIB avait reculé de 1,6%, selon les chiffres révisés lundi (-1,1% selon l'estimation initiale), ce qui signifie que la Turquie est entrée en récession, une première depuis 2009. Une récession se définit par deux trimestres consécutifs de recul du PIB. La croissance pour l'ensemble de l'année 2018 s'est établie à 2,6%, un chiffre inférieur aux prévisions du gouvernement qui misait sur une progression du PIB de 3,8%, et bien en deçà des 7,4% de croissance enregistrés en 2017.

Ce ralentissement s'explique en grande partie par une très forte inflation sur fond de crise de la livre turque survenue en août, due aux tensions diplomatiques entre Ankara et Washington et à la défiance des marchés à l'égard des politiques économiques menées par le gouvernement turc.


(Lire aussi : Trump offre à Erdogan un cadeau empoisonné)


Inflation élevée
La publication des derniers chiffres survient en pleine campagne pour les élections municipales du 31 mars, et pourrait desservir le parti du président Recep Tayyip Erdogan, alors que l'économie apparaît en tête des préoccupations des Turcs.

La devise turque a perdu près de 30% de sa valeur en 2018, mais s'est stabilisée depuis le début de l'année. Un dollar s'échangeait lundi vers 10H30 GMT contre 5,43 livres. L'inflation se maintenait à 19,67% en rythme annuel en février, repassant toutefois sous le seuil symbolique de 20% pour la première fois depuis août.

Le gouvernement a multiplié les mesures pour lutter contre la flambée des prix, avec dans un premier temps des réductions de prix volontaires par certaines entreprises et commerçants. Puis, en février, après l'annonce d'une hausse des prix de l'alimentation de plus de 30% en rythme annuel, les autorités ont installé des stands municipaux vendant des fruits et légumes à prix cassés, devant lesquels de longues files d'attente se sont rapidement formées. Cela a également poussé certains supermarchés et commerçants à aligner leurs prix.

"Avant les élections locales, M. Erdogan essaie de contenir les prix de l'alimentation mais, après les élections, (ils) risquent d'augmenter davantage", explique à l'AFP Nora Neuteboom, économiste à l'ABN Amro. Le ministre des Finances, Berat Albayrak, a toutefois assuré sur Twitter que "le pire (...) est derrière nous", imputant ces mauvais chiffres à "des attaques spéculatives" et au ralentissement de l'économie mondiale. "Techniquement, d'après nos dernières prévisions, M. Albayrak a raison", estime Mme Neuteboom, misant sur une reprise de la croissance au quatrième trimestre 2019. Un constat que semble partager Jason Tuvey, économiste chez Capital Economics, qui estime dans une note que "le pire de la baisse est probablement passé". Il estime cependant que le PIB turc va connaître une contraction de 2,5% en 2019.

Ces données tombent au pire moment pour M. Erdogan, l'homme du "miracle économique" qui a fait entrer la Turquie dans le club des 20 pays les plus riches, et dont le Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) n'a perdu aucune élection depuis 2002. Les sondages indiquent toutefois que l'AKP devrait remporter les élections locales, même s'il pourrait perdre certaines villes.

En 2009, plongée dans la récession du fait de la crise mondiale, l'économie turque s'était contractée de 4,8%.



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commentaires (5)

CEUX QUI ONT CAUSE LE BOOM EN AVANT DE LA TURQUIE PEUVENT CAUSE LE BOOM EN ARRIERE !

LA LIBRE EXPRESSION

18 h 22, le 11 mars 2019

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Commentaires (5)

  • CEUX QUI ONT CAUSE LE BOOM EN AVANT DE LA TURQUIE PEUVENT CAUSE LE BOOM EN ARRIERE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 22, le 11 mars 2019

  • Pour la faire courte sans y aller par 4 chemins , si EL sissi ou n'importe quel des bensaouds du golfe wahabite truffé de dictateurs , venaient un jour à décider d'aller seul dans une " aventure " qui ne plairait pas à ces amerlocks ou européens, croyez le ou pas , le jour d'après ces pays factices s'ecroulent comme pâtés de sable au bord de la marée montante . Un exemple tellement évident, le Qatar qui a osé penser, seulement penser , différemment est ostracisé par ses pairs , avec l'accord implicite de leurs boss en commun . Erdo est un dictateur , il mérite les foudres du ciel pour ce qu'il a fait et ce qu'il représente en tant que descendant " négationniste " d'un génocide indéniable sur les arméniens , mais s'il subit des tirs de travers , c'est parcequ'il se " révolte" à sa façon contre ceux qui , il le sait , pourrait lui faire très mal , le jour où ils décideront de s'en débarrasser. Ce que ces mêmes occidentaux n'ont pas été capables de faire à BASHAR ou à l'Iran, par exemple .

    FRIK-A-FRAK

    16 h 04, le 11 mars 2019

  • Si la Turquie ne se trouve pas dans les mêmes configurations de prospérité que la Chine, cela ne signifie pas qu'elle n'a pas été le pays le plus « gâté » et « privilégié » du monde par l'Europe et l'occident (Amérique surtout), durant presque un siècle ,,,,particulièrement depuis les années 50 ! (date de son adhésion à l'OTAN 1952) Elle a plus que profité de l'occident et de ses largesses, à en mourir de boulimie  !!! Sa récession actuelle est dû à son simple « fricotage avec Poutine » ,,,, ce serait trop réducteur pour Poutine, car il faut reconnaître qu'il fait de son mieux pour apaiser la région, même si certains pays pour des raisons idéologique continuent à le charger, (d'autres pays qui développent leurs relations avec Poutine n'en sont dans une récession) Non, il faut envisager la récession de la Turquie dans un cadre plus large car les erreurs, et les agressions continuelles du régime ont dépassé toutes imaginations où même les plus inconditionnels soutiens de ce dictateur Erdogan, en Europe (les réseaux dirigés par le patronat turc en Europe), ont été déçus et traumatisés par son fanatisme qui l'ont mené à l'amateurisme inouï, de celui-ci ! Les causes de cette récession en Turquie est dans la mauvaise gestion du régime, Dans ses guerres déclarées contre l'Allemagne (on en ferait un livre entier,,,) contre la France, contre Chypre, contre la Grèce, contre l'Arménie, contre les kurdes (massacres continuelle des kurdes...) Enfin son soutien à l'EI

    Sarkis Serge Tateossian

    15 h 22, le 11 mars 2019

  • Allez me dire que le fait que erdo fricotte avec Poutine en lui achetant des S400 , malgré les menaces yanky, n'ont rien à voir avec cette chute économique. On l'a toujours dit , il y'a dictateur et dictateur, l'Égypte de EL Sissi se verra déverser des sommes d'argent et des armes sophistiquées malgré un régime arrivé par un coup d'État et une répression atroce , mais comme par magie , y a rien à voir de ce côté, circulez .....hahahahahahahaha,,,,, Que nous disait Amin Maalouf hier ? Je ne me souviens plus , faudrait que je le relise .Lol.

    FRIK-A-FRAK

    14 h 19, le 11 mars 2019

  • Dans toute l'histoire de l'humanité la dictature n'a jamais été profitable aux peuples .... La Turquie ne peut pas être une exception ...comme la Chine. La Turquie n'a ni les moyens, ni la stature, ni la technologie, ni l'histoire millénaire, ni l'expérience, ni..ni..ni de la Chine. D'ailleurs même sur le plan des libertés la chine et la Turquie appartiennent à deux galaxies opposées. la différence est la même que le jour et la nuit. Alors, faut-il s'en étonner ?

    Sarkis Serge Tateossian

    12 h 39, le 11 mars 2019

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