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Économie - Infrastructures

La BEI s’attaque à la réhabilitation des transports publics tripolitains

L’institution financière de l’Union européenne considère que la viabilité économique à long terme du Liban dépend dans une grande mesure de la mise en œuvre des réformes.

Vue de Tripoli depuis la zone portuaire. Photo T.H.B.

De plus en plus active au Liban depuis une décennie environ, la Banque européenne d’investissement (BEI), le bras financier de l’Union européenne, a donné cette semaine le coup d’envoi d’une étude d’impact et de faisabilité d’un projet de réhabilitation des transports publics dans la région de Tripoli, la deuxième ville du pays.

« L’objectif est de mettre en place un réseau de bus municipaux qui engloberait Tripoli et les municipalités voisines. C’est un projet primordial pour les habitants de la région dont les axes routiers sont régulièrement engorgés et qui doit en principe accueillir un nombre grandissant d’étudiants sur le campus de l’Université libanaise. Celui-ci pourrait accueillir près de 30 000 étudiants d’ici à cinq ans, selon les autorités locales », expose à L’Orient-Le Jour Damien Sorrell, représentant de la BEI au Liban. « Le projet s’inscrit dans le cadre de l’initiative “Résilience économique” de la BEI en faveur des pays voisins du sud de l’UE et des Balkans occidentaux, et vise à réhabiliter les infrastructures, notamment dans les pays les plus touchés par le conflit syrien », précise la directrice pour la région du voisinage sud, Flavia Palanza.


Quatre opérateurs

Sollicité par le ministère des Travaux publics, via l’Office libanais des chemins de fer et des transports en commun, la BEI a débloqué en février 2018 un don de 1 million d’euros (1,2 million de dollars à l’époque) au Liban pour financer l’assistance technique nécessaire pour préparer le projet.

Un appel d’offres a été lancé pour sélectionner les quatre opérateurs chargés de réaliser les études d’impact et de faisabilité : les français Setec (Société d’études techniques et économiques) et Nodalis Conseil (spécialisé dans les infrastructures), le bureau d’études suisse Transitec et le cabinet libanais de conseil en ingénierie Khatib & Alami. Une première réunion a été organisée mercredi au ministère des Travaux publics et des Transports, suivie le lendemain d’une autre à Tripoli avec notamment les représentants des municipalités concernées et le mohafez du Liban-Nord.

« Ces travaux préparatoires doivent permettre de mesurer la taille du trafic concerné, déterminer les tracés des lignes de bus ou encore évaluer l’impact économique qu’aurait le déploiement de ce réseau sur les chauffeurs de taxi et de bus de la région, un tel projet ne pouvant se réaliser qu’avec l’ensemble des acteurs concernés », résume Damien Sorrell. « À ce stade, il est encore trop tôt pour se prononcer sur le coût final du projet ou ses modalités de mise en œuvre », ajoute-t-il.

Dans une perspective plus large, le projet reflète la volonté de la BEI, qui a ouvert un bureau à Beyrouth en janvier (dans les locaux de la Délégation de l’UE), d’être de plus en plus active au Liban. « La BEI a mobilisé plus d’un milliard d’euros pour ses projets dans le pays jusqu’en 2018. Ces concours ont principalement servi à alimenter des programmes de financement préférentiels mis en place en coopération avec le secteur privé pour soutenir les PME », rappelle Mme Palanza. « Nous avons, en revanche, été beaucoup moins actifs au niveau de notre coopération avec l’État libanais, en raison des longues périodes de vide gouvernemental, à quelques exceptions près (comme le prêt de 52 millions d’euros pour financer une partie de la construction de trois nouvelles zones industrielles, débloqué en décembre et approuvé par le Conseil des ministres en février dernier) », note-t-elle encore.


Lenteur

Une « absence » que la BEI s’emploie à combler, notamment à travers sa participation à la Conférence de Paris (CEDRE), organisée en avril dernier et durant laquelle les soutiens du Liban se sont engagés à débloquer plus de 11 milliards de dollars en prêts et dons pour financer un programme de réhabilitation des infrastructures présenté par le pays. Ce montant, qui comprend 800 millions d’euros de prêts réservés par la BEI, ne sera toutefois débloqué que si les dirigeants libanais lancent toute une série de réformes pour assainir les finances publiques et restructurer l’économie, et si le délai de validité des projets n’a pas été dépassé.

« Le Liban va devoir très rapidement mettre ses engagements en œuvre (…), il y va de sa viabilité à long terme », avertit Mme Palanza, soulignant au passage la « lenteur » avec laquelle certains dossiers sont traités par l’administration à tous les niveaux de décision. « Il y a des projets que nous avons financés il y a dix ans et qui n’ont toujours pas été lancés. Le Liban n’est bien évidemment pas le seul pays où cela se produit, mais il fait partie de ceux où le problème est le plus prononcé », regrette-t-elle, reconnaissant au passage la part de responsabilité liée à l’instabilité politico-sécuritaire aux niveau local et régional.

Des aléas qui ne suffisent pas cependant à décourager la BEI, qui, outre ses partenariats avec plusieurs banques locales pour financer les PME, finance également l’assistance technique pour les travaux préparatoires en amont du projet d’extension de l’aéroport international de Beyrouth – un des projets phares du CIP. Un engouement qui pourrait s’accentuer dans les prochaines années, prédit Mme Palanza.


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