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Liban - Journée internationale de la femme

Claudine Aoun Roukoz, une femme d’action qui se bat jusqu’au bout

La présidente de la Commission nationale pour la femme libanaise compte établir un dialogue avec les chefs des tribunaux religieux pour faire avancer les choses.

Claudine Aoun Roukoz a pris la pose liée au thème de cette année pour la Journée internationale de la femme, #Balancefor better «: Debout en équilibre, les deux mains tournées vers le ciel, signe d’un appel à l’action adressé à d’autres pour forger un meilleur monde équilibré. Photo ANI

Épouse, mère, femme d’affaires, fille de président, Claudine Aoun Roukoz est un peu tout cela. Mais aujourd’hui, le titre qui lui tient le plus à cœur, c’est celui de présidente de la Commission nationale pour la femme libanaise, mais aussi de militante infatigable pour les droits de la femme. Elle est comme cela, Claudine Aoun Roukoz, une femme de caractère qui se donne dans tout ce qu’elle entreprend. Elle confie d’ailleurs que c’est sans doute dû à l’exemple que donnait son père, le général Michel Aoun, un homme de convictions, dit-elle, mais en même temps, une personne ouverte qui a développé chez ses trois filles la volonté de faire quelque chose de leur vie et le besoin de se battre pour une cause.

De son enfance, elle retient cette image du père tendre et très présent auprès de ses enfants, en dépit de ses multiples occupations et de sa grande vision pour son pays. Elle raconte d’ailleurs avec humour qu’enfant, elle a souvent vécu dans des complexes réservés aux familles d’officiers et ceux-ci lui paraissaient en général un peu rigides et sévères. Ce n’était pas du tout le cas de son père, et elle ajoute qu’elle et ses deux sœurs n’ont jamais manqué d’affection. Claudine Aoun Roukoz n’a non plus jamais douté de la justesse des positions de son père, convaincue qu’il ne veut que le bien de son pays et de ses concitoyens. D’ailleurs, même lorsqu’elle n’en parle pas, l’image de son père est présente dans ses actions et dans tout le fil de sa vie.



(Lire aussi : Finissons-en avec la journée des femmes, l’édito de Émilie SUEUR)


La vie tambour battant...

Un jour, Michel Aoun avait dit, en parlant de ses trois filles, que Mireille était son cerveau, Claudine son bras et Chantal son cœur. Claudine est en effet très active et elle va toujours droit au but, cherchant avant tout à être efficace et à obtenir des résultats concrets. C’est comme cela qu’elle mène tambour battant sa vie de mère (cinq enfants, trois de son premier mariage et deux du second), d’épouse, de femmes d’affaires (elle a fondé la société de communication Clémentine) et maintenant de présidente de la Commission nationale de la femme libanaise. Certes, elle reconnaît qu’elle est un peu débordée et qu’elle est obligée de donner moins de temps à sa famille, depuis qu’elle a des responsabilités officielles et une mission qui lui tient visiblement à cœur, mais elle affirme pour se consoler qu’elle a été une mère à plein temps, dans son premier mariage, avec ses trois enfants. Tout en ne regrettant nullement d’avoir consacré tout ce temps à ses enfants à cette époque, elle est heureuse aujourd’hui de permettre à son mari de passer plus de temps avec les enfants, en raison des responsabilités qui la poussent à s’absenter souvent.

Comment le député Chamel Roukoz vit-il cela ? « Aucun homme n’est tout à fait content de voir sa femme occupée ailleurs, mais il est aussi heureux de passer plus de temps avec les enfants », répond Claudine Aoun Roukoz. « Nous sommes tous les deux très occupés, mais nous nous arrangeons pour qu’il y ait le plus souvent l’un d’entre nous avec eux. » Sauf lorsqu’elle est en voyage, elle essaie ainsi d’être présente à leur retour de l’école. Elle a d’ailleurs décidé d’un commun accord avec son mari de ne pas l’accompagner dans ses obligations et elle consacre en général le week-end à sa famille. Claudine Aoun Roukoz considère que sa famille recomposée est une réussite. Elle rend ainsi hommage à son mari Chamel Roukoz qui a su se comporter avec les enfants nés de son premier mariage avec Sami Nader. « Il s’est introduit petit à petit dans leur vie et il n’a jamais cherché à remplacer leur père. Celui-ci vit à côté de chez nous et ils le voient très souvent. Ils savent que leur père et leur mère les aiment, mais que c’est entre eux que cela n’a plus marché », dit-elle en toute simplicité.

Positive, c’est sans doute le mot qui résume le mieux Claudine Aoun Roukoz et qui la pousse à aborder toutes les étapes de la vie ainsi que les obstacles avec optimisme et détermination.


(Pour mémoire : Claudine Aoun Roukoz, présidente du Conseil national de la femme libanaise)


Manque de confiance

C’est ainsi qu’elle a décidé un jour de subvenir à ses propres besoins et à ceux de sa famille. Elle a donc fondé, avec son associé Georges Najm, la société de communication Clémentine, qui compte désormais sur le marché libanais. À ce sujet, elle s’étonne de la polémique soulevée à propos du contrat de la société Noise avec la municipalité de Beyrouth, sachant qu’elle n’a rien à voir avec cette société qui a été fondée par Georges Najm seul. Elle a vite compris qu’on cherchait à travers la polémique à l’atteindre et à atteindre le président, et elle a donc décidé de ne pas répondre.

Claudine Aoun Roukoz ne veut pas s’attarder sur les mesquineries qui peuvent la prendre pour cible. Elle préfère consacrer son énergie à faire avancer la condition de la femme au Liban, un objectif qui occupe une grande partie de son temps. Elle précise que la coutume a voulu au Liban que la Première dame soit la présidente de facto de la Commission nationale pour la femme libanaise. Mais sa mère a préféré demander au président de confier ce poste à une personne plus jeune, pour donner une nouvelle dynamique à ce projet. Claudine, qui a fait son mémoire à l’université sur la présence de la femme dans le cinéma des années 50, semblait toute désignée pour ce poste. De fait, à peine nommée, elle a formé une équipe motivée, engagée sur la base de CV, et c’est ensemble qu’elles cherchent à changer les mentalités et les lois.

Claudine Aoun Roukoz précise que, selon la loi, la commission a un triple rôle, consultatif, de coordination et exécutif. C’est dans cet esprit qu’elle cherche à établir des plans d’action concrets pour amender les lois libanaises de manière à éliminer toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. Elle a repris la stratégie nationale établie par l’équipe précédente qui s’étend sur 10 ans (2011-2021) et elle multiplie les campagnes médiatiques et publicitaires pour renforcer la présence de la femme en politique et dans le domaine économique. Selon elle, la femme libanaise ne manque pas de compétences, mais de confiance en elle. Et c’est ce qu’elle souhaite l’aider à acquérir. Elle précise à cet égard qu’une femme qui se présente aux élections est bardée de diplômes et veut vraiment donner le meilleur d’elle-même. Pour l’homme, c’est différent. C’est donc cette mentalité qu’elle voudrait changer.

Pourtant, Claudine Aoun Roukoz refuse de se considérer comme une féministe. Elle croit à l’équilibre et à l’égalité des droits, ainsi qu’à la complémentarité entre l’homme et la femme, si on veut que la société soit harmonieuse. Elle estime injuste que la femme libanaise ne puisse pas donner la nationalité à ses enfants et qu’on cherche à lui faire payer l’erreur commise dans le décret de naturalisation de 1994. Elle estime aussi qu’il faut protéger les femmes victimes de violences conjugales et elle est fière d’avoir contribué à mettre au point le numéro vert 1745 qui permet d’alerter les FSI. « Plus les femmes seront rassurées et protégées du désespoir et plus la société ira mieux. » Elle compte ainsi établir un dialogue avec les chefs des tribunaux religieux pour faire avancer les choses. « Je crois au dialogue, dit-elle, surtout si les intentions sont bonnes. Et je suis convaincue qu’on peut faire beaucoup de choses, mais il faut du temps... »

Aujourd’hui, sa plus grande satisfaction est d’apprendre qu’une femme battue a été sauvée et s’est prise en charge. Son souhait ? « Contribuer à établir une société apaisée où chacun a sa place », dit-elle sans hésiter.


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Épouse, mère, femme d’affaires, fille de président, Claudine Aoun Roukoz est un peu tout cela. Mais aujourd’hui, le titre qui lui tient le plus à cœur, c’est celui de présidente de la Commission nationale pour la femme libanaise, mais aussi de militante infatigable pour les droits de la femme. Elle est comme cela, Claudine Aoun Roukoz, une femme de caractère qui se donne dans tout ce...

commentaires (4)

Que du business dans cette famille De la poudre aux yeux

Jack Gardner

13 h 17, le 08 mars 2019

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Commentaires (4)

  • Que du business dans cette famille De la poudre aux yeux

    Jack Gardner

    13 h 17, le 08 mars 2019

  • Beaucoup de bruit pour rien? Pas vraiment, comme par hasard, Noise appartient à M. Najm lequel est l'associé de Mme Aoun dans une autre boîte. Dfficile dans ce cas de ne pas penser à du favoritisme!

    Tina Chamoun

    11 h 15, le 08 mars 2019

  • LES ENCENSEMENTS A VALEUR AJOUTEE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 30, le 08 mars 2019

  • je cite "" Elle a donc fondé, avec son associé Georges Najm, la société de communication Clémentine, qui COMPTE désormais sur le marché libanais"" je cite aussi "" elle s’étonne de la polémique soulevée à propos du contrat de la société Noise avec la municipalité de Beyrouth, sachant qu’elle n’a rien à voir avec cette société qui a été FONDEE PAR GEORGE NAJM SEUL ! "" ????? ainsi il nous faut avaler le fait que son associe g najm -surtout au vu du succes encouru par leur boite a eux 2 - g najm aurait fonde POUR LUI SEUL une boite CONCURRENTE avec l'approbation de son associee ? Quand meme bizarre non ?

    Gaby SIOUFI

    09 h 22, le 08 mars 2019

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