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Culture - Entretien Express

Le laboratoire chimique et poétique de Vartan Avakian

Il n’est ni un scientifique ni un littéraire à part entière. Dans ses travaux, il mixe les deux approches, ne traçant pas un fil entre les deux. Le projet en deux parties se déploie à la galerie Marfa’ jusqu’au 30 mars, ainsi qu’au musée Sursock, et témoigne de la pluridisciplinarité de l’artiste.

« Of all that is seen and unseen » (Du visible et de l’invisible), de Vartan Avakian, est une lecture du passé ainsi qu’une lecture d’une nouvelle écriture réalisées avec beaucoup d’humour. Photo DR

Comment vous qualifiez-vous ? Êtes-vous un artiste, un poète ou un chimiste ?

Les trois à la fois et plus encore (rires), car je viens des deux milieux à la fois, scientifique et littéraire. J’ai fait des études d’ingénierie industrielle, mon master en architecture et urbanisme et un autre en beaux-arts et cinéma. Je ne sépare donc pas entre les sciences, la littérature ou même la poésie. Je me considère comme un artiste conceptuel qui travaille chaque médium selon le projet qui s’y adapte.

Dans votre exposition à Marfa’, Of the seen and usnseen, on peut voir d’une part des livres marqués de brûlures, de souillures et d’eau, un manuscrit rédigé par vous où vous écrivez une fiction, des instruments de musique réinventés qui renferment le son du fleuve et enfin une audio où vous récitez des extraits de livres. Quel est le point commun entre tous ces objets hétéroclites ?

Le point de départ de cette exposition est une inondation qui a eu lieu dans ma maison, à l’issue de laquelle les livres auxquels je tenais ont été endommagés. Tout comme dans mes expositions précédentes, je me suis intéressé à ces traces laissées après la mort d’un objet. Je me suis intéressé donc au livre en tant qu’objet et non à son contenu car pourquoi s’intéresse-t-on à ces livres alors qu’il y en a d’autres copies ? C’est à partir de ce constat que j’ai élaboré un concept que j’ai pu décliner sous plusieurs formes.

Pour vous, qui aviez ramassé il y a quelques années la poussière de Beit Beyrouth et l’aviez cristallisée, et qui vous intéressez aux traces à travers tous vos travaux, quelle est l’importance de laisser ces empreintes après soi ?

Je ne m’intéresse pas aux traces en tant que telles. Ils sont révolus les temps (les années 80) où l’homme s’inquiétait des empreintes qu’il allait laisser sur terre. Depuis que nous arrivons à décoder l’ADN, nous savons que nous laissons tous les jours des millions de traces microscopiques comme les cheveux, les fragments de peau et autres déchets infimes humains. Je ne m’intéresse donc pas à ces marques mais à la manière de les révéler. Car à mon avis, le rôle de l’artiste consiste à révéler, à mettre l’accent sur ces traces et à les préserver. J’ai sélectionné pour cette exposition douze de ces livres qui ont été endommagés et j’en ai fait des pages d’impression selon l’ancien procédé photographique. Pour faire « ressortir » les traces perceptibles et imperceptibles, j’ai donc trempé la page dans une solution qui contient des particules d’argent puis je les ai exposées à la lumière noire ou ultraviolette. C’est donc l’impression de la page sur le papier qui est visible. Cela permet ainsi de révéler plein de détails invisibles à l’œil nu, des empreintes digitales dues à la sueur, la graisse qui s’accumulent au fil du temps. Quant aux tubes que j’ai assemblés comme un instrument de musique pour retenir le son du fleuve, il s’agissait de faire de cet instrument un fossile où le son se répercute et laisse aussi des sortes de traces...

Comment vous qualifiez-vous ? Êtes-vous un artiste, un poète ou un chimiste ? Les trois à la fois et plus encore (rires), car je viens des deux milieux à la fois, scientifique et littéraire. J’ai fait des études d’ingénierie industrielle, mon master en architecture et urbanisme et un autre en beaux-arts et cinéma. Je ne sépare donc pas entre les sciences, la littérature ou même la...

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