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À La Une - Liban

Dans sa déclaration ministérielle, le gouvernement Hariri annonce des "réformes douloureuses"

Le texte a été finalisé et transmis au Conseil des ministres qui l'examinera lors de sa réunion jeudi à midi et demi, avant de le soumettre au Parlement.

Le Premier ministre libanais, Saad Hariri (c), présidant une réunion de la commission chargée de rédiger la déclaration ministérielle, le 6 février 2019 au Grand sérail à Beyrouth. Photo Dalati et Nohra

La commission ministérielle chargée de rédiger la déclaration du gouvernement libanais de Saad Hariri a finalisé mercredi ce texte qui prévoit des réformes économiques qui pourraient être "difficiles et douloureuses" et mentionne l'initiative russe pour le retour des réfugiés syriens. La déclaration n'apporte aucun changement par rapport à l'ancien gouvernement sur la question de la résistance.
Le texte a été transmis au Conseil des ministres afin que celui-ci l'avalise jeudi, lors de sa réunion prévue à à midi et demi, avant de le soumettre la semaine prochaine au Parlement afin d'obtenir la confiance de la Chambre.

A l'issue de la dernière réunion de la commission, le ministre de l'Information, Jamal el-Jarrah, a fait savoir que la lecture finale du texte a été achevée, "avec certaines modifications, sans toucher à l'essence de la déclaration". "Toutes les approches débattues durant les réunions étaient positives et dans l'intérêt du pays, afin de préserver l'économie et faire face aux difficultés que subissent les Libanais", a souligné M. Jarrah. Il a expliqué que le texte prévoit "la réduction des dépenses et l'augmentation des recettes sans augmentation d'impôts".


Réduction du déficit
Selon le texte de la déclaration ministérielle, le gouvernement, qui adopte l'intitulé "Au travail !", entend mener des réformes qui pourraient être "difficiles et douloureuses" pour éviter une détérioration de la situation socio-économique et financière du pays, rapporte l'agence Reuters qui a consulté le document.

Le cabinet s'engage ainsi à "respecter une politique monétaire et financière harmonieuse qui renforce la confiance en l'économie nationale et qui permet de réduire la dette publique par rapport au PIB en accroissant la taille de l'économie libanaise et en réduisant le déficit du Trésor".
Le ratio dette publique/PIB (produit intérieur brut) du Liban est l'un des plus élevés au monde autour de 150%.

Le ministre des Finances, Ali Hassan Khalil, qui a conservé son poste, a prévenu le mois dernier que la crise économique alimentée par des années d'instabilité politique et régionale, risquait de se transformer en crise financière.

"Dès l'adoption du budget pour l'exercice de 2019, le Liban s'engage à réduire le déficit public à hauteur d'un point du PIB par an sur cinq ans à travers l'augmentation des recettes et la réduction des dépenses, notamment au niveau du déficit annuel enregistré par Electricité du Liban (EDL) afin d'éliminer totalement ce déficit à l'avenir", poursuit le texte. Il est également question d'inclure dans la déclaration "l'amélioration de la collecte des recettes, la lutte contre la dilapidation des fonds et l'évasion fiscale et douanière".

Toujours sur le plan économique et monétaire, la déclaration ministérielle prévoit "l'engagement du gouvernement à adopter une politique de stabilisation de la monnaie nationale qui est primordiale à la stabilité sociale et économique".

Selon des médias locaux, le texte prévoit "une restructuration du secteur public, notamment à travers une évaluation globale des fonctionnaires pour déterminer leur nombre, leur degré de productivité (...) afin de déterminer les besoins de l'administration publique en matière d'embauches.

Enfin, le texte de la déclaration ministérielle prévoit la tenue du deuxième round d'attribution des licences d’exploration et de production d’hydrocarbures offshore du Liban avant la fin de l'année en cours. Le Liban avait lancé en février dernier un premier contrat d’exploration et de production d’hydrocarbures offshore avec le consortium Total-Eni-Novatek pour le bloc 9 de la Zone économique exclusive (ZEE), situé au large du Liban-Sud. En décembre, l’Autorité de l’énergie (LPA, rattachée au ministère de l’Énergie) avait recommandé l’ouverture de quatre nouveaux blocs, sur les dix que compte la Zone économique exclusive (ZEE), pour le deuxième round d’attribution des licences d’exploration et de production d’hydrocarbures offshore, qui devrait être lancé début 2019.

En soirée, le ministre des Finances Ali Hassan Khalil a confirmé qu'il n'y aura pas de nouvelles taxes dans le cadre du prochain budget. "Il n'y a aucune volonté d'imposer de nouvelles taxes. Personne n'a fait mention de cela", a-t-il assuré. Ali Hassan Khalil s'est félicité de la politique monétaire et économique adoptée dans le projet de déclaration ministérielle, rappelant qu'il avait toujours défendu "la nécessité de réduire le déficit et mettre en place des réformes pour améliorer la situation monétaire" du pays.


Avant le début de la réunion, le ministre de l'Education, Akram Chehayeb, avait indiqué que le texte de la déclaration ministérielle précise que le Conseil de la fonction publique est l'instance principale de recrutement dans les administrations et institutions publiques, ajoutant que son rôle devrait être renforcé. Toutefois, le ministre Jarrah a fait savoir que cette clause n'a finalement pas été incluse dans le texte de la déclaration, mais que cette question sera abordée en Conseil des ministres une fois le travail de celui-ci lancé.


Les réserves des FL
Mardi, la commission ministérielle avait confirmé que la position du cabinet à l'égard du Hezbollah en tant que mouvement de résistance resterait inchangée par rapport à la dernière déclaration. Celle-ci, adoptée par le gouvernement sortant en décembre 2016, avait abordé la question de la résistance par le biais d’une formule vague qui regroupait le discours d’investiture du président Aoun et la déclaration ministérielle du gouvernement précédent, présidé par Tammam Salam. "Nous n’épargnerons aucun effort ni aucune résistance afin de libérer ce qui reste de territoires libanais occupés et de protéger notre patrie d’un ennemi (Israël) qui continue de convoiter notre terre, notre eau et nos richesses naturelles", avait déclaré le chef de l’État lors de son discours d’investiture.

Aujourd'hui, May Chidiac, ministre d’État au développement administratif, a exprimé au nom des Forces libanaises de Samir Geagea les réserves du parti concernant l'absence de la mention "dans le cadre des institutions étatiques" lorsqu'il s'agit d'évoquer le droit des Libanais à la résistance.
"Nous allons résister de l'Intérieur, et nous ne resterons pas en dehors de ce gouvernement comme le souhaitent certains", a fait savoir Mme Chidiac. "Nous restons attachés à la restauration de la décision stratégique de l'Etat", a-t-elle martelé.

Sur le dossier du retour des réfugiés syriens, les membres de la commission avaient finalement opté mardi pour une reprise telle quelle de la version figurant dans l’ancienne déclaration ministérielle qui prévoit un retour "sécurisé et digne", "le respect par le Liban de toutes les conventions internationales" afférant à ce sujet et "le refus de l’intégration des réfugiés dans les sociétés d’accueil". À travers cette formulation, les ministres ont pu éviter l’enlisement dans la sempiternelle question de savoir si le retour devait être volontaire ou pas, un principe qui avait suscité par le passé des discussions houleuses, le retour forcé, ou incité, étant rejeté par la communauté internationale. Le texte en appelle en outre à la communauté internationale l’invitant à respecter ses engagements et partager, avec les pays d’accueil, le fardeau des réfugiés.
"Le retour volontaire et la solution politique (au conflit syrien) ne sont pas mentionnés dans le texte qui évoque le +retour sécurisé+", a souligné aujourd'hui Jamal el-Jarrah.

Le chef de l’État, Michel Aoun, appelle à un retour des réfugiés syriens chez eux, sans attendre une solution politique au conflit, alors que la communauté internationale estime qu'un tel retour est encore prématuré et ne bénéfice pas de garanties suffisantes concernant la sécurité des réfugiés en Syrie.

Une nouveauté toutefois : le texte mentionne l’initiative russe annoncée en juillet dernier pour un rapatriement massif des réfugiés au Liban et en Jordanie, sans attendre une solution politique dans leur pays comme le préconise la communauté internationale. Néanmoins, le texte ne donne pas de mode d’emploi de l’exécution de cette initiative, restée lettre morte depuis son lancement, ni comment l’exécutif compte la remettre sur les rails.

Née en juillet dernier dans le sillage du sommet russo-américain d’Helsinki, la proposition faite par Moscou projette un rapatriement massif des réfugiés depuis les pays d’accueil, dont le Liban, une initiative qui n’a toujours pas reçu l’aval de la communauté internationale. Dans ce contexte, Beyrouth a annoncé le 6 août la création de centres chargés d'enregistrer les demandes de Syriens souhaitant retourner chez eux. Damas a également dévoilé la création d'un comité chargé d'organiser le retour des réfugiés.

Mardi, les représentants des FL (May Chidiac et Camille Abousleiman) et le ministre relevant du bloc joumblattiste, Akram Chehayeb, avaient vivement critiqué l’appel à réintégrer la Syrie au sein de la Ligue arabe, lancé par le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, lors du dernier sommet arabe en janvier dernier, faisant valoir que ce dernier a exprimé une position personnelle et outrepassé les prérogatives du Premier ministre, Saad Hariri, seul habilité à s’exprimer au nom du gouvernement sur la question de la relation avec la Syrie notamment.

May Chidiac a réitéré aujourd'hui ces critiques : "Nous ne pouvons pas accepter, avec tout le respect que nous devons au chef de la diplomatie, que celui-ci se prononce au nom du Liban devant les instance internationales, alors que ses propos ne font pas l'objet d'un consensus au niveau national. Il n'est pas de notre ressort de réclamer le retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe. Laissons cette décision à la Ligue, sachant que cette question ne fait toujours pas l'unanimité" des Etats membres.



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commentaires (4)

Tiré de: https://www.lalanguefrancaise.com/orthographe/inclue-ou-incluse-orthographe/ Il faut écrire incluse et non inclue comme dans la phrase « Toutefois, le ministre Jarrah a fait savoir que cette clause n'a finalement pas été inclue dans le texte de la déclaration, mais que cette question sera abordée en Conseil des ministres une fois le travail de celui-ci lancé »

Michael

00 h 57, le 07 février 2019

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Commentaires (4)

  • Tiré de: https://www.lalanguefrancaise.com/orthographe/inclue-ou-incluse-orthographe/ Il faut écrire incluse et non inclue comme dans la phrase « Toutefois, le ministre Jarrah a fait savoir que cette clause n'a finalement pas été inclue dans le texte de la déclaration, mais que cette question sera abordée en Conseil des ministres une fois le travail de celui-ci lancé »

    Michael

    00 h 57, le 07 février 2019

  • Attendons voir les mesures douleureuses pour un pays qui agonise .

    Antoine Sabbagha

    19 h 42, le 06 février 2019

  • DES REFORMES DURES ET DOULOUREUSES NOUS DIT-ON... CERTES CHARGEES SUR LE DOS DE L,ETERNEL BAUDET !!! QUI PLOIE DEJA ET EST PRESQUE A GENOUX... QUAND AU RETOUR DES REFUGIES EN SYRIE ET AU RETOUR DE CETTE DERNIERE AU SEIN DE LA LIGUE ARABE CE NE SONT QUE DES BULLES D,AIR... VEUILLEZ EXCUSER !

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 00, le 06 février 2019

  • Encore plus douloureux que ce qu'on endure déjà ? Il faudra se vêtir d'une armure en béton.

    FRIK-A-FRAK

    18 h 49, le 06 février 2019

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