Première sortie pour la toile autodétruite de Banksy

Des lambeaux dans un musée : Love is in the bin, la toile du street artist britannique Banksy, en partie autodétruite l’an passé lors d’une vente aux enchères mémorable, sera exposée pour la première fois au public à partir de demain en Allemagne. Les images de l’autolacération de la toile représentant une enfant lâchant un ballon rouge en forme de cœur avaient fait le tour du monde, suscitant un choc dans le monde de l’art. L’œuvre sera gratuitement accessible au public, jusqu’au 3 mars, au musée Frieder Burda de Baden-Baden, qui abrite une prestigieuse collection d’art moderne et contemporain. « Nous attendons un grand intérêt, en particulier des jeunes et des fans de Banksy », a indiqué le directeur du musée, Henning Schaper. Pour lui, l’exposition de Love is in the bin doit participer à « une démocratisation conséquente de l’art ».

Mise aux enchères en octobre dernier chez Sotheby’s à Londres, l’œuvre, une peinture acrylique et aérosol au départ intitulée Girl with balloon, avait été acquise pour environ 1,2 million d’euros par une collectionneuse européenne anonyme. Dès l’enchère bouclée, à la stupeur générale, le dessin était descendu dans la partie inférieure du cadre, happé par une déchiqueteuse dissimulée par Banksy lui-même, réduisant la moitié de l’œuvre en fines lamelles, qui pendent depuis sous le cadre. Choquée dans un premier temps, la propriétaire a finalement décidé de la conserver. Contactée par le musée Burda, elle a accepté de la prêter, séduite par le projet du musée qui prévoit d’accompagner la présentation de la toile d’un symposium autour de Banksy. « En quelques secondes, l’œuvre est devenue l’une des plus célèbres au monde, et cela dans un monde déjà submergé par les images », relève le musée. Banksy, dont l’identité demeure inconnue, a revendiqué ce coup d’éclat comme un pied de nez au monde de l’art dont il entend dénoncer la « marchandisation ». L’artiste a ensuite renommé sa toile Love is in the bin.

Pour l’influent hebdomadaire allemand Die Zeit, l’exposition d’une toile du pape du street art dans un prestigieux musée comme celui de Baden-Baden ne va pas forcément de soi. « Jamais la star du street art n’a voulu être exposée dans un musée établi », écrit Die Zeit, ajoutant que « Banksy, l’esprit indépendant, se trouve là où il ne voulait pas durablement aller : au musée de la haute culture ».

Source : AFP