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À La Une - Venezuela

Des milliers d'opposants appellent l'armée à se rebeller contre Maduro

"Ne tirez pas contre un peuple qui se bat aussi pour sa famille. C'est un ordre, soldat de la patrie (...): ça suffit!", lance Juan Guaido, chef du Parlement contrôlé par l'opposition, lors d'un rassemblement à l'université centrale de Caracas.

Des opposants vénézuéliens, menés par le président autoproclamé Juan Guaido, manifestent pour convaincre l'armée de tourner le dos au président Nicolas Maduro, à Caracas, le 30 janvier 2019. REUTERS/Manaure Quintero

Des milliers d'opposants vénézuéliens, menés par le président autoproclamé Juan Guaido, ont manifesté mercredi pour convaincre l'armée de tourner le dos au président Nicolas Maduro, qui tente de serrer les rangs.

"Ne tirez pas contre un peuple qui se bat aussi pour sa famille. C'est un ordre, soldat de la patrie (...): ça suffit!", a lancé Juan Guaido, député de 35 ans et chef du Parlement contrôlé par l'opposition, lors d'un rassemblement à l'université centrale de Caracas.

Entouré d'une foule de journalistes et de militants, Guaido, portant une blouse médicale qu'on lui a offerte, a défilé au côté de patients et infirmiers. "Nous avons retrouvé une majorité puissante qui peut changer le pays", en plein naufrage économique, s'est-il félicité.

"Guaido est arrivé et l'espoir est revenu", chantaient ses partisans, tapant sur des casseroles, faisant sonner des cornes de brume et brandissant des pancartes avec comme slogans "Forces armées, retrouvez votre dignité" ou encore "Maduro usurpateur". Peu avant cette mobilisation, Juan Guaido a reçu les encouragements par téléphone de Donald Trump.

Selon la Maison Blanche, les deux hommes "se sont mis d'accord pour rester en contact régulier afin de soutenir le retour vers la stabilité du Venezuela". De quoi prêter le flanc aux accusations de Nicolas Maduro, qui crie au coup d'Etat orchestré par Washington.


(Lire aussi : Les États-Unis avertissent d’une « réponse significative » en cas de menaces contre l’opposition au régime de Maduro)


"Marionnette des +gringos+"
Supervisant des manœuvres militaires à Caracas, le dirigeant socialiste a appelé l'armée à l'unité face aux appels à la rébellion des Etats-Unis et de Juan Guaido, qui leur a promis l'amnistie. "Vous voulez que gouverne une marionnette des +gringos+ au Venezuela?", a-t-il lancé ensuite dans un meeting face à des jeunes Vénézuéliens, qui lui ont répondu en choeur: "Nooooooon!"

La pression diplomatique des Etats-Unis se fait chaque jour plus insistante: premiers à accepter Juan Guaido comme président, ils martèlent que "toutes les options sont sur la table", y compris une intervention militaire.

Washington se dit aussi prêt à livrer 20 millions de dollars en aliments et médicaments, frappés de pénuries dans le pays pétrolier, mais cela passe par le feu ver de l'armée.

Que les militaires "laissent entrer l'aide humanitaire et se mettent du côté du peuple", plaidait auprès de l'AFP Jaime Regalado, venu avec un drapeau vénézuélien sur la place Altamira, à Caracas.

"Nous travaillons pour qu'arrive le plus tôt possible l'aide humanitaire, une coalition internationale va être constituée pour gérer l'urgence", a annoncé Juan Guaido lors de la manifestation, mais Nicolas Maduro redoute que cela soit le premier pas vers une intervention militaire américaine. "J'ai une bactérie et je ne trouve pas les médicaments. Nous avons besoin de l'aide humanitaire, nous les Vénézuéliens sommes en train de mourir!", s'est lamenté Javier, 22 ans, venu manifester près d'un hôpital de Caracas avec un foulard sur le visage.





"Fin de l'usurpation"
Juan Guaido exige la mise en place d'un gouvernement de transition puis des élections générales libres, soutenu en ce sens par les Etats-Unis ainsi qu'une grande partie de l'Amérique latine et de l'Europe.

Nicolas Maduro a rétorqué à l'agence publique russe RIA Novosti que la dernière présidentielle a eu lieu "il y a dix mois" et que si les "impérialistes" en veulent une nouvelle "ils n'ont qu'à attendre 2025", soit la fin de son mandat. Mais "ce serait très bien d'organiser des élections législatives plus tôt", a-t-il déclaré, alors que le Parlement est justement la seule institution contrôlée par l'opposition. Il se dit aussi "prêt à discuter avec Donald Trump" et à "s'asseoir à la table des négociations avec l'opposition". Juan Guaido a dit mercredi y être ouvert, seulement si cela permet "la fin de l'usurpation" du pouvoir par le socialiste.

Dans un entretien au quotidien allemand Bild mercredi, l'opposant, désormais frappé par une interdiction de sortie du pays, réclame "plus de sanctions" de la part de l'Union européenne contre la "dictature" de Maduro. L'UE a déclaré samedi qu'elle "prendrait des mesures" si des élections n'étaient pas convoquées "dans les prochains jours", y compris concernant "la reconnaissance du leadership" dans le pays.

Six pays européens (Espagne, France, Allemagne, Royaume-Uni, Pays-Bas et Portugal), ont même donné jusqu'à dimanche à Nicolas Maduro pour le faire, faute de quoi ils reconnaîtront son adversaire.

Des légistatives anticipées ne répondent pas à la demande européenne, a jugé mercredi le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian, indiquant que les ministres des Affaires étrangères de l'UE se réuniront jeudi "pour vérifier les suites à donner à la non-réponse du président Maduro". La Commission européenne prévoit elle de reconnaître Guaido comme président par intérim dès jeudi.


Manifestations des deux camps samedi
Le risque de troubles civils est élevé dans ce pays pétrolier de 32 millions d'habitants, un des plus violents au monde. Neuf jours de mobilisations se sont soldés par une quarantaine de morts et plus de 850 arrestations, selon l'ONU.

Si Washington veut la "guerre, ce qui va arriver ce sont des morts, la misère et la faim", avertit Marlene Vargas, chaviste convaincue de 52 ans, promettant de "défendre bec et ongles" son président.

De nouvelles manifestations sont prévues samedi, tant dans l'opposition que dans le camp du gouvernement: "Nous allons nous échauffer dans la défense de la patrie, pour nous préparer à de nouvelles batailles et de nouvelles victoires", a clamé le numéro deux du chavisme, Diosdado Cabello.

Soutenu par Pékin et Moscou, ses alliés et créanciers, Nicolas Maduro a rappelé mercredi que le Venezuela reçoit "chaque mois" de l'armement russe, "le plus moderne au monde".


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