L’assemblée générale du Conseil druze s’est réunie hier à Beyrouth sous la présidence du cheikh Akl, Naïm Hassan, et en présence du chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, membre de plein droit de l’assemblée, comme le sont aussi les députés, anciens et actuels, et les anciens ministres issus de la communauté druze. Lors d’un point de presse sur le seuil de la Maison druze à Verdun, se tenant à droite du cheikh Akl, Walid Joumblatt a déclaré que le conseil druze est « la seule plate-forme d’importance qui soit légitime ».
C’est l’objectif essentiel de la tenue de l’assemblée générale à titre extraordinaire hier : réaffirmer la légitimité de l’institution du cheikh Akl, incarnée par Naïm Hassan à la suite du vote à la Chambre de la loi régulant les affaires de la communauté druze, du 12 juin 2006. Cette loi a établi l’unicité de l’institution du cheikh Akl, mettant fin, dans un cadre légal, à la dualité des cheikhs Akl, l’un issu du clan yazbacki, l’autre du clan joumblatti. Le premier conseil druze élu en vertu de la loi de 2006 a choisi de désigner cheikh Naïm Hassan comme cheikh Akl. La légitimité du conseil druze et du cheikh Akl est contestée par le député Talal Arslane pour qui la loi de 2006 est une loi faite à la mesure du PSP et l’unicité du cheikh Akl une manière d’instituer le monopole de Walid Joumblatt. Plutôt que de participer au scrutin du conseil druze face au PSP, M. Arslane a choisi de s’en démarquer en reconnaissant solennellement la légitimité du cheikh Nassereddine Gharib.
Depuis l’élection de Michel Aoun à la présidence de la République, non appuyée par le PSP, ce clivage est devenu sujet à une violente instrumentalisation politique face au leadership de Walid Joumblatt. D’un côté, Talal Arslane ayant constitué un bloc avec des députés du Courant patriotique libre élus dans le Chouf, et avec la bénédiction du chef du CPL, fait pression sur le PSP sur la question de sa représentation au sein des institutions – même si ces tensions ont dégénéré en violences à Choueifate en mai dernier.
L’ancien ministre Wi’am Wahhab s’emploie, quant à lui, à véhiculer un discours susceptible de menacer la sécurité de la Montagne. Les incidents de Jahiliyé au début de décembre dernier, qui ont vu la mort d’un garde du corps de M. Wahhab à la suite d’accrochages avec les SR des FSI ont été le point de culmination des pressions sur Walid Joumblatt, auxquelles a mis un terme une rencontre dans la banlieue sud entre le PSP et le Hezbollah. Pour de nombreux observateurs, cela démontre que le parti chiite tire les ficelles de ces épisodes de violences itinérantes, sinon les laisse faire. L’image de Wi’am Wahhab et Talal Arslane à Jahiliyé dimanche dernier lors du quarantième de la mort de Mohammad Abou Diab a comme ravivé les menaces de nouvelles violences interdruzes, en dépit de la souplesse dont fait preuve désormais le PSP avec le Hezbollah.
Un acte de politique interne
C’est en tout cas « en réponse à la rencontre de Jahiliyé, et même si cela n’est pas dit, que l’assemblée générale druze, bimensuelle, s’est tenue hier à titre extraordinaire », révèle un participant à L’Orient-Le Jour. Centrée sur des affaires « strictement internes », selon lui, cette réunion n’est pas une affirmation de la communauté face aux autres, mais un acte de politique interne. Un acte doublé désormais, à en croire cette source, d’une volonté de « tendre la main » à Talal Arslane. Aussi, le député et ministre sortant Marwan Hamadé a soutenu que la loi relative à l’organisation de la communauté de 2006 est le produit d’une « entente avec l’émir Talal (…) qui reste un membre de cette assemblée même s’il n’y a pas été convié ».
Dans son allocution après la réunion, le cheikh Akl a exprimé la « confiance » de la communauté en « la politique nationale sage de Walid bey et sa dimension historique de protection du Liban ». « Cette Maison druze restera ouverte à tous (…) » a-t-il conclu. Une affirmation relayée par le chef du PSP.
Il a tenu par ailleurs à écarter tout lien entre la réunion du Conseil druze et la réunion des partis et députés maronites sous l’égide du patriarche la veille à Bkerké. L’une n’a « rien à voir » avec l’autre, a dit M. Joumblatt, en s’interrogeant incidemment sur la nature « politique ou non » de la réunion maronite élargie.
Lire aussi
Arslane vs Joumblatt : des siècles de lutte d'influence pour le leadership druze
commentaires (5)
Il faudrait qu'il annonce la couleur de sa main , puisque celui qui la prendra verra un changement immédiat au contact de la sienne .
FRIK-A-FRAK
14 h 31, le 18 janvier 2019