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Culture - Livre

Natalie Saracco, un prophète s’est levé

Dans son nouvel ouvrage, « Aux âmes citoyens ! », l’auteure de « Pour ses beaux yeux » s’interroge : « Sommes-nous aux temps derniers ? »

De l’auteure de Pour ses beaux yeux (Salvator), récit d’une expérience de mort imminente au cours de laquelle Natalie Saracco a vu le Christ en larmes et en sang, on n’attendait pas moins qu’un nouveau livre de feu. Il est enfin sorti et son titre est Aux âmes citoyens ! (Salvator). Pour Jean-Paul II, l’enjeu cosmique du combat que mène l’Église est rien moins que l’humanité de l’homme, son âme. C’est exactement ce que pense Natalie Saracco et son titre le dit mieux que tout commentaire. Il fait aussi résonner l’hymne national de la France, la « fille aînée de l’Église », à une nouvelle profondeur.

De quoi s’agit-il ? Partie d’une intuition spirituelle, Natalie Saracco s’est retrouvée avec des signes troublants qu’un mauvais sort est préparé à l’Église catholique, et qu’à travers des progrès apparemment ingénus et souhaitables, comme la multiplication des portables – qui sont à la fois de merveilleux moyens de communication et de redoutables sources de renseignements –, l’humanité entière était épiée et conditionnée par quelques-uns, mais au profit de quoi et de qui, ça l’a intéressée de savoir.

Et un beau jour, cela a fait « tilt » dans sa tête : « Mais bien sûr, on nous endort pour nous opérer, s’est-elle dit en substance. Le décervèlement le plus gigantesque de l’histoire est en cours ; on en veut à ce qui fait notre humanité, notre âme. » D’où le titre de son nouvel ouvrage, avec en sous-titre : « Apocalypse now ». Car Natalie Saracco en est convaincue, le monde assiste, sans en avoir conscience, à certains événements qui correspondent étrangement à ce qu’annoncent pour « les jours derniers», les Saintes Écritures. Au passage, l’auteure note que, curieusement, la pomme croquée, le logo de la multinationale Apple, est le symbole biblique par excellence de la transgression.

Saracco pense sincèrement que l’asservissement de l’humanité par son maillage numérique est en cours, et que, hypothétiquement, un système d’accès à des produits et des services, doté d’un code accordé en échange d’une allégeance politique, est possible, dans le sens indiqué par le Livre de l’Apocalypse (on en voit les prémisses en Chine, avec le permis de conduire et le droit de voyager) ; elle redoute aussi que l’utilisation des algorithmes, de la robotique et du transhumanisme débouchent sur des défis prométhéens, comme la manipulation de la mémoire et la régénération physique, une contrefaçon (et une illusion) d’immortalité.

Toujours est-il que, réflexe de défense immédiat, Natalie Saracco se plonge dans l’écriture de ce qu’elle a pressenti et compris des phénomènes qui l’entourent. « Ne serions-nous pas à l’heure fixée par le Père de sa seule autorité pour amener sous l’autorité du Christ le monde visible et invisible ? » s’interroge-t-elle en substance. Certes, elle a la sagesse de ne pas chercher de réponse précise à cette question impossible, tout en se disant qu’au train où nous allons, le second avènement du Christ, où il vient en juge de l’histoire et des personnes, ne devrait plus tarder.

De tout ce qui se passe, ce qui alarme intimement Natalie Saracco, c’est « l’apostasie », une défection massive de la foi chrétienne en France (et par extrapolation en Occident). « Les chiffres parlent d’eux-mêmes, dit-elle : en 1950, plus de 30 % des catholiques allaient à la messe et 95 % des enfants étaient baptisés. Aujourd’hui, ces chiffres sont respectivement de 3 % et de 30 %. » Cette défection, notons-le tout de suite, ne se traduit pas toujours par de l’hostilité. C’est plutôt une tranquille indifférence qui s’installe durablement, mais qui est tout aussi offensante que l’hostilité, pour le Christ de la foi.

Parallèlement à ce phénomène, Saracco note que l’éducation, les médias, la culture convergent vers le formatage d’une « pensée unique » (ou dominante) hostile aux lois morales naturelles reconnues par l’Église, et que des efforts souterrains sont déployés par des courants libres penseurs, comme la franc-maçonnerie, pour propager l’idée d’une « spiritualité globale », un déisme vague où, à la personne du Christ, se substituerait le mot insipide d’« amour », identifié à une morale de la convenance.

Le maillage numérique de la planète, le phénomène d’apostasie et les courants de la libre-pensée ne sont pas les seuls signes de la proximité du second avènement qu’elle perçoit. L’auteure signale aussi, à la suite des Évangiles et du pape François, comme autant de « signes » annonciateurs lointains d’un jugement, la multiplication des catastrophes naturelles et des phénomènes climatiques extrêmes, attribuables à la rupture d’un équilibre cosmologique.

Parmi les autres signes qu’elle signale figure aussi celui de la conversion d’un des rabbins les plus respectés d’Israël, Itzhak Kaddouri, signe précurseur d’une conversion massive des juifs à la foi dans la messianité de Jésus. C’est, notons-le, une idée chère aux « sionistes chrétiens ». Ces derniers prient pour cette conversion et n’appuient aveuglément l’État israélien que pour cette raison ; ils y voient l’un des signes des temps derniers. Or la conversion des juifs comme « nation » dément à sa façon la disparition redoutée de la foi chrétienne de la surface du globe.


La loi du double progrès
C’est dire que l’on est en présence d’une réalité complexe dont Jacques Maritain tire une loi historique axiomatique : celle du double progrès dans le bien et dans le mal, une transposition en théologie de l’histoire de la parabole du grain et de l’ivraie. Ainsi, l’apostasie redoutée pourrait, parallèlement, être contrecarrée par une vigoureuse « nouvelle évangélisation » dans d’autres continents, comme en Amérique du Sud ou en Afrique, dont les acteurs seraient, à côté de l’Église catholique, d’autres Églises chrétiennes et/ou des mouvements ecclésiaux se donnant pour tâche de rebâtir « les remparts » de l’Église, afin que les fidèles y entrent « par les portes » de la vérité doctrinale, et non pas n’importe comment.

Il reste bien sûr que, se basant sur le livre du prophète Daniel, sur certains passages des Évangiles et sur la seconde épître de saint Paul aux Thessaloniciens, l’eschatologie, la science chrétienne des temps derniers, prévoit pour cette époque des épisodes paroxystiques, comme la froide suspension du sacrifice eucharistique et l’installation d’un « homme de perdition », l’Antéchrist lui-même, « dans le temple de Dieu » (le Vatican ?), des perspectives qui donnent froid dans le dos à Natalie Saracco. Mais si fatalement on s’en approche, puisque nous sommes dans la temporalité, y touchons-nous ?

Cinéaste, Natalie Saracco est une fille de l’image. Elle en connaît la force d’impact consciente ou subtile ; et les conditionnements. On est peut-être en droit de penser qu’elle est exagérément sensible à leur pouvoir et aux manipulations qu’ils permettent. Le lecteur devra donc lui donner sa chance de le convaincre, et s’en faire sa propre idée.

Relevons encore, et c’est capital, que l’Église enseigne que le monde entier, depuis la Pentecôte, est déjà dans « les temps derniers ». Ajoutons-y que la temporalité de Dieu est d’une immense élasticité, comme l’admet saint Pierre lui-même dans l’une de ses lettres, quand il affirme que pour le Seigneur, « mille ans, c’est comme un jour »... Comment oublier enfin que le Livre de l’Apocalypse, écrit il y a un peu moins que deux mille ans, s’achève par cette phrase : « Mon retour est proche. »

Que ses craintes se vérifient ou pas, il reste que dans la voix de Natalie Saracco retentit celle de tous les Jean-Baptiste de l’histoire de l’Église annonçant que « la cognée est à la racine des arbres », en même temps que celle de l’amante qui crie douloureusement : « L’amour n’est pas aimé ! » Une amante qui se fait l’avocate passionnée d’une chaîne de prière destinée à hâter le second avènement. Un ouvrage atypique et passionnant, tout en restant parfaitement équilibré, qu’il faut savoir gré aux éditions Salvator d’avoir publié.



Pour mémoire
L’éblouissant rendez-vous de Natalie Saracco

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