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Liban - Patrimoine

Le vieux bâtiment du Lycée Abdel Kader déclaré patrimoine architectural

L’établissement de la MLF qui scolarise 1 900 élèves à Beyrouth est invité à se trouver un autre local.

La façade du bâtiment du Lycée Abdel Kader déclaré patrimoine architectural. Photo Mohammad Yassine

Le vieux bâtiment du Lycée Abdel Kader (LAK), situé dans la région de Zokak el-Blatt à Beyrouth, a été classé hier sur la liste du « patrimoine architectural national ». C’est ce qu’annonce la décision n°1 du 8 janvier 2019 prise par le ministre sortant de la Culture, Ghattas Khoury. Cette classification « protège le bâtiment traditionnel de la parcelle 2111 située au cœur de la région de Mousseitbé, connue sous le nom de Lycée Abdel Kader ». « Elle empêche sa destruction, la modification de ses façades ou même sa réhabilitation sans autorisation de la Direction générale des antiquités (DGA) » qui relève du ministère de la Culture.

Cette décision, qui répond à un appel du député Hagop Terzian à classifier les sites historiques, tombe deux mois après le début d’une série de mouvements de protestations contre la fermeture annoncée de l’établissement éducatif francophone de la Mission laïque française, géré par la Fondation Rafic Hariri, et contre sa relocalisation, à l’extérieur de la capitale. Des mouvements alimentés par des rumeurs de vente du terrain par sa propriétaire, Hind Hariri, fille de l’ancien Premier ministre assassiné Rafic Hariri, à des promoteurs immobiliers décidés à remplacer ce lycée de 1 900 élèves par un centre commercial. Mais en décembre, Hind Hariri avait affirmé que le terrain n’était pas à vendre. De même, la DGA avait assuré « n’avoir donné aucune autorisation de détruire ce bâtiment traditionnel ».


Le terrain peut être vendu

Contacté par L’Orient-Le Jour, Ghattas Khoury précise que « sa décision vise à protéger le bâtiment patrimonial (et non pas historique) de l’institution scolaire et à empêcher qu’il soit détruit, dénaturé ou défiguré ». Par contre, cette décision du ministère de la Culture « n’est pas concernée par l’usage qui sera fait du bâtiment ». « Il accueille aujourd’hui une école, il pourrait accueillir une banque, une association ou autre, sans problème, à la condition que soit respectée la décision ministérielle », explique-t-il. Dans cet état des lieux, ce terrain, qui est toujours la propriété de Hind Hariri, « pourra être vendu sans restriction ». « Son nouveau propriétaire devra toutefois se conformer à la nécessité d’en protéger le bâtiment traditionnel », poursuit M. Khoury. Sauf que « les propriétaires de demeures faisant partie du patrimoine national ne reçoivent pas la moindre compensation financière de l’État » leur permettant d’entretenir leurs biens ou d’en vivre. « La loi 1933 sur les monuments historiques est malheureusement incomplète sur ce point », précise-t-il. D’où la décision « à caractère provisoire » prise par le ministre de la Culture, dans l’attente d’une législation mieux adaptée.


Une solution provisoire, mais toujours pas de solution pérenne

Aussi louable soit-elle, l’initiative ne résout pas le problème du Lycée Abdel Kader. Car l’institution scolaire devra très probablement quitter l’emplacement qu’elle occupe (sans loyer), dès la fin de l’année scolaire. « Ce départ semble inéluctable », révèle à L’Orient-Le Jour une source informée qui requiert l’anonymat, regrettant les répercussions d’un tel chambardement « qui cible la communauté beyrouthine francophone » (sunnite, ndlr). Il faut dire que les Beyrouthins sont particulièrement attachés à ce lycée où leurs enfants se rendent à pied. « Nombre d’entre eux refusent ne serait-ce que l’idée de le quitter. » D’où « leur refus que l’institution soit relocalisée à Baabda », plus exactement au Lycée des pères antonins de Baabda (LYPA). Une solution désormais « écartée ». Rappelant « le caractère historique de ces lieux qui hébergeaient autrefois le Lycée de jeunes filles » et qui appartenaient alors à la Mission laïque française, l’expert déplore qu’ « aucune solution à long terme n’ait été trouvée pour l’instant », qui soit susceptible « de garantir la pérennité de l’établissement », « sans pour autant entraîner des hausses considérables des écolages ».

Mais tous les espoirs sont permis, car « la MLF tient à préserver son implantation historique dans cette région de Beyrouth ». Une solution provisoire est envisagée pour la prochaine rentrée scolaire (2019-2020). Le Lycée Abdel Kader, ses enseignants et ses élèves devraient être déplacés non loin de leur emplacement actuel, dans une école publique voisine, partiellement occupée par le Centre national des arts et des métiers (CNAM). « La municipalité de Beyrouth a déjà donné son accord dans ce sens, de même que le ministre de l’Éducation qui a attribué les locaux de manière temporaire, même si les conditions d’accueil de ces locaux ne sont pas idéales ». D’où la nécessité de plancher sur une solution pérenne. « Différentes options sont actuellement étudiées par l’ambassade de France et la Fondation Rafic Hariri », avec un impératif : rester à Beyrouth.



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Le vieux bâtiment du Lycée Abdel Kader (LAK), situé dans la région de Zokak el-Blatt à Beyrouth, a été classé hier sur la liste du « patrimoine architectural national ». C’est ce qu’annonce la décision n°1 du 8 janvier 2019 prise par le ministre sortant de la Culture, Ghattas Khoury. Cette classification « protège le bâtiment traditionnel de la parcelle 2111...

commentaires (1)

Le bâtiment ne sera pas détruit, c'est déjà ça de gagné! Mais le gouvernement français semble se soucier très peu de la francophonie au Liban, sinon tout ce problème ne se serait pas posé dès le début...

Georges MELKI

11 h 22, le 10 janvier 2019

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Commentaires (1)

  • Le bâtiment ne sera pas détruit, c'est déjà ça de gagné! Mais le gouvernement français semble se soucier très peu de la francophonie au Liban, sinon tout ce problème ne se serait pas posé dès le début...

    Georges MELKI

    11 h 22, le 10 janvier 2019

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