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À La Une - Conflit

Les régions kurdes en Syrie : vers un possible morcellement?

L'annonce par les Etats-Unis du retrait de leurs troupes a poussé les forces kurdes vers une nouvelle alliance avec le régime de Bachar el-Assad, pour faire face à une éventuelle offensive turque.

Des kurdes syriens à Manbij, le 30 décembre 2018. AFP / Delil SOULEIMAN

Les Kurdes de Syrie ont établi une autonomie de facto à la faveur du conflit, mais ils risquent de perdre leurs territoires, après l'annonce d'un retrait des soldats américains et la menace d'une offensive turque. L'annonce par les Etats-Unis du retrait de leurs troupes a poussé les forces kurdes vers une nouvelle alliance avec le régime de Bachar el-Assad, pour faire face à une éventuelle offensive turque. Face à ces développements, quel sort attend les régions kurdes qui représentent près de 30% de la superficie du pays?


Vers une perte de contrôle pour les Kurdes?

La guerre déclenchée en 2011 en Syrie a permis à la minorité kurde de construire une autonomie de facto dans les régions sous son contrôle, dans le nord et le nord-est du pays.

La lutte contre le groupe Etat islamique (EI), menée en partenariat avec Washington, a notamment permis aux forces de cette communauté, la coalition arabo-kurde des Forces démocratiques syriennes (FDS), de conquérir de nouveaux territoires. Les FDS tiennent ainsi la ville de Raqqa (nord), mais aussi de vastes pans de la province orientale de Deir ez-Zor, où ils ont mis la main sur d'importants champs pétroliers.

Le 19 décembre, le président américain Donald Trump a pris de court ses alliés kurdes en annonçant le retrait des quelque 2.000 soldats américains stationnés en Syrie. La mesure inquiète d'autant plus qu'Ankara fait planer la menace d'une offensive contre les Unités de protection du Peuple (YPG), principale milice kurde syrienne qui forme l'épine dorsale des FDS. "Il y aura un partage du territoire des FDS entre les Turcs et l'armée syrienne", pronostique déjà le géographe Fabrice Balanche, de l'Université Lyon 2.

Vendredi, Washington a dit vouloir continuer à s'assurer que "les Turcs ne massacrent pas les Kurdes". "L'importance de faire en sorte que les Turcs ne massacrent pas les Kurdes, la protection des minorités religieuses en Syrie, tout ça fait toujours partie de la mission américaine", a déclaré le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo dans un entretien au site Newsmax.



Que veut le régime?

Pour se prémunir d'un assaut turc, les Kurdes ont amorcé un rapprochement avec le pouvoir de Damas.

Le 28 décembre, l'armée syrienne s'est déployée aux environs de la ville de Manbij (nord), répondant à un appel à l'aide des YPG qu'Ankara considère comme des "terroristes". Mercredi, Damas a annoncé le départ de "près de 400 combattants kurdes" du secteur.

Mais la ville de Manbij, où sont stationnées des troupes américaines et françaises de la Coalition internationale anti-EI menée par Washington, est toujours tenue par le conseil militaire de Manbij, une faction des FDS majoritairement arabe.

Citant un diplomate arabe à Moscou, le quotidien pro-régime al-Watan a rapporté lundi l'existence d'une "entente" entre la Turquie et la Russie, allié du régime, sur le sort de Manbij, qui doit retourner "sous la direction totale de l'Etat syrien". Concernant les autres régions kurdes, leur sort sera discuté lors d'un sommet réunissant en début d'année les présidents russe, iranien et turc, poursuit le quotidien.

"L'armée syrienne reviendra à Raqqa, Deir ez-Zor et même à Hassaké. Qamishli passera entièrement sous contrôle du régime syrien", estime M. Balanche, évoquant des régions dans le Nord et le Nord-Est. Il s'attend aussi à ce que le régime récupère les champs pétroliers de Deir ez-Zor.


(Lire aussi : Macron s'entretient avec Poutine et appelle à préserver les Kurdes)


Que veut la Turquie?

En mars 2018, la Turquie avait conquis l'enclave kurde d'Afrine (nord-ouest) au terme d'une offensive militaire. Cette région est aujourd'hui tenue par des factions armées syriennes pro-Ankara.

Mais pour des experts, la question kurde risque désormais d'être réglée par une entente diplomatique, au moment où l'Iran et la Russie, alliés du régime, ont la main haute sur le dossier syrien avec la Turquie, parrain des rebelles.

La Turquie veut établir une "zone-tampon le long de la frontière", indique Heiko Wimmen du groupe d'analyse International Crisis Group (ICG). Pour agir, il lui faut "un assentiment russe, au moins implicite" confirme l'expert. Un tel projet "sera déjà assez difficile", poursuit M. Wimmen, évoquant "des villes avec une importante population kurde et une présence des YPG juste à la frontière".


Case départ pour les Kurdes?

Les Kurdes disposent aujourd'hui de leurs propres institutions publiques. Ils ont mis en place des écoles où est enseignée la langue kurde, et établi leurs propres forces de sécurité.

En juillet, la minorité avait initié des pourparlers inédits avec le régime, dans l'espoir d'arriver à une intégration dans le cadre d'une "décentralisation". Aujourd'hui, ils risquent de revenir à la case départ. Le pouvoir de Damas, qui contrôle près des deux-tiers du pays, répète sa détermination à reprendre tout le pays et refuse toute velléité indépendantiste.

"La question est de savoir si la perte sera totale ou si une partie (des meubles) peut être sauvée", résume M. Wimmen. Un accord négocié avec le régime et dont Moscou serait le garant pourrait être trouvé. "Mais compte tenu du bilan en la matière du régime et ses positions (...) il y a peu de raison d'être optimiste".



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Les Kurdes de Syrie ont établi une autonomie de facto à la faveur du conflit, mais ils risquent de perdre leurs territoires, après l'annonce d'un retrait des soldats américains et la menace d'une offensive turque. L'annonce par les Etats-Unis du retrait de leurs troupes a poussé les forces kurdes vers une nouvelle alliance avec le régime de Bachar el-Assad, pour faire face à une...

commentaires (2)

Tout ça pour ça? L'état SYRIEN récupérera le plus petit cm2 agressé par ces comploteurs venus d'occident sur un appel fait à partir du pays usurpateur avec la complicité active des bensaouds. Tout ce petit monde du complot va devoir DECAMPER comme gros Jean par devant, y compris la Turquie qui a été le pivot central de ce complot. Les turcs n'ont eu l'intelligence que de retourner leur veste avant les autres.

FRIK-A-FRAK

13 h 18, le 04 janvier 2019

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Commentaires (2)

  • Tout ça pour ça? L'état SYRIEN récupérera le plus petit cm2 agressé par ces comploteurs venus d'occident sur un appel fait à partir du pays usurpateur avec la complicité active des bensaouds. Tout ce petit monde du complot va devoir DECAMPER comme gros Jean par devant, y compris la Turquie qui a été le pivot central de ce complot. Les turcs n'ont eu l'intelligence que de retourner leur veste avant les autres.

    FRIK-A-FRAK

    13 h 18, le 04 janvier 2019

  • SI LES TERRITOIRES SOUS CONTROLE KURDE PASSENT AUX MAINS DU REGIME QUE RESTERA-T-IL AUX MAINS DES REBELLES SYRIENS PRO-TURCS POUR NEGOCIER AVEC LE REGIME ? RIEN ! LE MINI SULTAN VA PERDRE LE JEU EN SYRIE AU PROFIT D,ASSAD. MILLE FOIS ASSAD PLUTOT QUE LE MINI SULTAN ERDO ! DEUX BOUCHERS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 49, le 04 janvier 2019

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