Le Liban ne "peut pas" continuer sans gouvernement, a averti mardi le Premier ministre désigné, Saad Hariri, en pointant du doigt une situation économique "difficile", après plus de sept mois de blocages et de négociations ardues qui entravent la composition du nouveau cabinet.
Au premier jour de la nouvelle année, à l'issue d'un long entretien avec le président Michel Aoun, le chef du gouvernement a appelé les forces politiques à coopérer et à "faire preuve de modestie" pour accélérer la formation du gouvernement. "On a pris beaucoup de retard, il faut former le gouvernement", a-t-il indiqué mardi lors d'un point presse devant les journalistes au palais présidentiel. "Le président et moi-même sommes déterminés à nous réunir et à en finir avec cette question, car le pays ne peut pas continuer sans gouvernement", a-t-il averti.
La formation du gouvernement semblait imminente avant les fêtes, avant l'apparition de nouvelles complications. Les six députés sunnites pro-8 Mars, soutenus par le Hezbollah, avaient annoncé qu'ils retiraient le nom de Jawad Adra de leur liste de ministrables à présenter au président de la République. Selon des informations concordantes, cette décision était motivée par la volonté du chef du Courant patriotique (CPL), Gebran Bassil, d'attirer M. Adra dans son giron et de former avec les ministres nommés par son parti et le chef de l’État un groupe de 11 ministres pour constituer un tiers de blocage au sein du gouvernement. La répartition des portefeuilles, et notamment ceux de l'Industrie, de l'Environnement et de l'Information, pose aussi problème entre les différentes formations politiques. A la mi-novembre, M. Hariri avait accusé son grand rival politique, le Hezbollah, d'entraver la formation d'une nouvelle équipe ministérielle.
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M. Hariri s'était toutefois montré optimiste à la mi-décembre, promettant que son pays serait doté d'un gouvernement "d'ici la fin de l'année". Mais le retard inquiète les observateurs : l'économie du pays se trouve au bord du gouffre, subissant notamment les conséquences du conflit qui ravage la Syrie voisine depuis 2011. La communauté internationale s'est engagée en avril, lors d'une conférence à Paris, à hauteur de 11,5 milliards de dollars en prêts et dons pour le Liban. Mais les montants promis sont essentiellement affectés à des projets d'infrastructures qui ne peuvent être mis en œuvre en l'absence d'un nouveau cabinet.
"La situation économique est difficile, mais cela ne veut pas dire que c'est impossible", a lancé mardi le Premier ministre. "Il y a beaucoup de projets, beaucoup de solutions, beaucoup de réformes", a-t-il souligné.
Après les élections législatives de mai, les premières en neuf ans, Saad Hariri avait été rapidement reconduit à son poste et chargé de former une nouvelle équipe gouvernementale. En 2009, il lui avait fallu cinq mois pour mettre en place un gouvernement, et dix mois à l'ancien Premier ministre Tamam Salam (2013-2014).
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commentaires (9)
God's Time is the best. N'est pas "la passionara" qui veut le clamer . Aboyer de loin ne produit pas plus d'effet qu'un tonneau vide qui roule...roule..roule... Patience et longueur de temps valent mieux que force ni que rage.
FRIK-A-FRAK
15 h 09, le 02 janvier 2019