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Liban - Discours de Noël

Pour Raï, les responsables du blocage « ont gâché la joie des fêtes »

Le patriarche maronite Béchara Raï a célébré mardi la messe de Noël à Bkerké. Photo Dalati et Nohra

Plusieurs messes de Noël ont été célébrées mardi à travers le pays, portant avec elles des appels à la formation rapide d’un gouvernement ainsi que des mises en garde face à la situation économique délétère. Autant de messages qui transparaissaient à travers l’homélie du patriarche maronite Béchara Raï, lors de la traditionnelle messe de Noël tenue à Bkerké, en présence notamment du président de la République, Michel Aoun, de la Première dame, des ministres sortants César Abi Khalil et Tarek Khatib, du cardinal Nasrallah Sfeir, et du chargé d’affaires de la nonciature apostolique au Liban, Mgr Ivan Santos.

Le patriarche maronite a fustigé les responsables du nouveau retard dans la formation du gouvernement, « qui ont privé les Libanais de ce cadeau à l’occasion des fêtes ». « Des personnes sans amour, sans cœur, n’assumant aucune responsabilité envers la nation et ne se préoccupant pas de la population ont gâché la joie des fêtes », a déclaré Mgr Raï. Dimanche, a poursuivi le prélat, « les gens ont répondu de façon légitime en manifestant pour exprimer leur colère et le refus d’une action politique irresponsable ». Il faisait référence aux manifestations qui ont eu lieu à Beyrouth et dans d’autres régions du pays, en guise de protestation face à l’absence d’un nouveau gouvernement et la situation économique difficile. Le prélat a parallèlement dénoncé la corruption et la gabegie.

Déplorant la situation et les appréhensions du peuple libanais qui a « perdu confiance en ses dirigeants », le patriarche a imploré le ciel de ramener la « stabilité », la formation d’un nouveau gouvernement au Liban, « la paix dans la région » et le retour des réfugiés et déplacés dans leurs pays. Des propos auxquels le président de la République n’a pas tardé à réagir, dénonçant le fait que « certains tentent de créer de nouvelles coutumes » dans la formation du gouvernement, à l’issue d’un entretien à huis clos avec le patriarche maronite (lire par ailleurs).

Au terme de la messe, Mgr Raï a décerné au président Aoun l’insigne de l’ordre de Saint-Maron, la plus haute distinction de l’Église maronite, en hommage à son action. Le prélat a également offert à la Première dame l’icône de la Sainte Famille, à l’occasion du jubilé d’or du couple présidentiel.

Dans son message annuel de Noël, publié lundi, Mgr Raï s’en était déjà pris aux formations politiques qui retardent la mise sur pied du gouvernement. « Les personnes concernées perdent du temps depuis 7 mois, inventent des obstacles et sont occupées par leurs intérêts et leurs parts du gâteau », a-t-il dit. Le patriarche maronite a en outre dénoncé « l’application de Taëf et de la Constitution selon les rapports de force en présence ». « Ceci est contraire à l’esprit de ces deux textes et jette le pays dans une crise à chaque échéance pour former un nouveau gouvernement ou élire un président de la République », a-t-il fait valoir. « Que dire de la peur d’une nouvelle guerre avec Israël alors que l’État ne dispose même pas du monopole du pouvoir et des armes pour sortir le Liban de la scène régionale en crise ? » a-t-il ajouté, dans une critique claire à l’arsenal militaire du Hezbollah.

Audi pour un « gouvernement restreint »

De son côté, le métropolite des grecs-orthodoxes Élias Audi s’est prononcé en faveur d’un « gouvernement restreint de salut national », composé d’experts et de technocrates. Il s’exprimait lors de la messe de Noël célébrée à la cathédrale orthodoxe Saint-Georges, à Beyrouth. « La dernière invention est celle d’un gouvernement d’union nationale qui est une copie plus petite du Parlement. Comment un gouvernement qui unit des forces contraires va-t-il travailler et qui va lui réclamer des comptes? s’est demandé Mgr Audi. Est-ce le Parlement qu’il représente qui va lui demander des comptes ou le peuple qui s’est habitué à plier ? Pourquoi n’avons-nous pas de pouvoir qui gouverne et une opposition qui observe et remet les pendules à l’heure ? »

« Nous prétendons être dans un pays démocratique mais nous faisons fi des règles démocratiques les plus simples, nous bafouons les lois et créons des coutumes qui n’ont rien à voir avec la démocratie, a lancé le métropolite. Comment pouvez-vous dormir sur vos deux oreilles alors que les citoyens ploient sous le joug de la cherté de vie, le chômage et la corruption ? » a-t-il ajouté, dans une adresse aux figures politiques.

Dans un message publié lundi à l’occasion de la fête de Noël, le patriarche grec-catholique Youssef Absi a souhaité pour sa part « que l’injustice cesse et que nous puissions travailler pour la paix à travers nos familles, nos sociétés et notre pays ».

L’évêque maronite de Beyrouth Boulos Matar a quant à lui appelé à « un ralliement autour du président de la République et son entourage », lors d’une messe célébrée hier à la cathédrale maronite Saint-Georges à Beyrouth. Il a déploré « un taux de chômage sans précédent et une économie sur le point de s’écrouler ».

Plusieurs messes de Noël ont été célébrées mardi à travers le pays, portant avec elles des appels à la formation rapide d’un gouvernement ainsi que des mises en garde face à la situation économique délétère. Autant de messages qui transparaissaient à travers l’homélie du patriarche maronite Béchara Raï, lors de la traditionnelle messe de Noël tenue à Bkerké, en présence...

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