Rechercher
Rechercher

À La Une - Liban-Israël

Frontière sud : l’État libanais n’a commis aucune violation, affirme Mudallali à l'ONU

Réuni à la demande des Etats-Unis et d'Israël pour débattre de l'affaire des tunnels creusés par le Hezbollah au Liban-Sud, le Conseil de sécurité ne prend aucune décision.

Des voitures circulant au Liban-Sud, à la frontière israélienne. Photo prise du côté israélien, le 19 décembre 2018. AFP / JACK GUEZ

La représentante permanente du Liban auprès de l'ONU, Amal Mudallali, a assuré que l'Etat libanais n'avait commis "aucune violation" de la résolution 1701 et qu'il n'avait "aucune intention agressive", lors d'une réunion du Conseil de sécurité tenue mercredi à la demande des Etats-Unis et d'Israël pour débattre de l'affaire des tunnels creusés par le Hezbollah à la frontière entre le Liban et Israël, qui n'a débouché sur aucune décision.

"Alors que les Libanais étaient occupés à préparer la nuit de Noël pour célébrer la naissance de l'espoir et le renouveau, ils sont aujourd'hui inquiets et craintifs pour l'avenir, a affirmé Mme Mudallali. Le Liban a pris cette question très au sérieux et a déclaré haut et fort qu’il ne souhaitait pas un nouveau conflit". "En effet, le président Michel Aoun a immédiatement réaffirmé sans équivoque l'engagement pris par le Liban à l'égard de la résolution 1701 et a précisé que le Liban n'avait aucune intention agressive, a-t-elle rappelé. Le Premier ministre désigné, Saad Hariri, a réitéré le même engagement".

Et de poursuivre : "Le président et le Premier ministre désigné ont également souligné la responsabilité d'Israël dans l'instigation du conflit à travers ses violations quotidiennes de la souveraineté libanaise, a ajouté la représentante du Liban. Le véritable problème, ce sont les violations constantes de notre souveraineté terrestre, aérienne et maritime, qui vont à l'encontre de la résolution 1701, mais aussi à l'encontre de l'article 2 de la Charte des Nations unies".

"L’État libanais n’a commis aucune violation, tandis que les violations du côté israélien ont été commises par le gouvernement israélien, a affirmé Mme Mudallali. Ces violations représentent 1 800 violations par an et, au cours des quatre derniers mois, elles ont atteint 150 par mois en moyenne". "Israël a violé l’espace aérien libanais au cours des quatre derniers mois avec en moyenne 84 violations par jour. A cela s'ajoute sa violation du réseau de télécommunication libanais", a-t-elle accusé en rappelant qu'Israël a "envoyé des messages menaçants aux citoyens libanais et provoqué la peur et la panique parmi la population".

"Imaginez, chers membres du Conseil, si nous demandions une réunion du Conseil de sécurité chaque fois qu'Israël violait la souveraineté du Liban depuis 2006 ... Vous serez en train d'en discuter 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Les responsables libanais ont accordé au problème des tunnels la plus grande attention, craignant, à juste titre, qu'Israël ne s'en serve de prétexte pour menacer la stabilité du Liban", a-t-elle indiqué. "Le Premier ministre Hariri a appelé la communauté internationale à freiner cette escalade. Nous réitérons son appel ici en espérant que vous désamorcerez la situation au profit de la paix et du calme à notre frontière", a-t-elle ajouté.

"Il existe un moyen simple de maintenir le calme à la frontière: il s’agit d’adhérer à la résolution 1701 des deux côtés, et pas seulement du côté libanais. C’est en passant de la cessation des hostilités à un cessez-le-feu permanent. C’est par le retrait israélien du reste du territoire libanais occupé et des eaux territoriales. Le Liban souhaite préserver le calme sur son territoire et vivre dans la paix et la sécurité. Est-ce trop demander ?", a conclu la représentante libanaise.


(Lire aussi : Netanyahu presse l'ONU de condamner le Hezbollah)


"Envahir la Galilée et détruire Israël"
Prenant la parole après Mme Mudallali, l'ambassadeur israélien Danny Danon a accusé l'armée libanaise d'avoir "choisi de travailler pour le Hezbollah", et demandé à la Force intérimaire des Nations unies (Finul) "de s'acquitter de l'ensemble de son mandat et de maintenir la sécurité régionale. Le monde attend de la Finul qu'elle soit à la hauteur de ses attentes", a-t-il ajouté. Il a montré aux membres du Conseil de sécurité une photographie aérienne d’un "complexe privé" dans la partie sud de Kfar Kila, à environ 80 mètres de la Ligne bleue, à partir duquel un tunnel aurait traversé la frontière en passant près d'un poste d'observation de la Finul. M. Dannon a affirmé qu'Israël "a fourni à la Finul des informations précises sur l'emplacement du tunnel" qui en a informé l'armée libanaise. Cette dernière a à son tour informé le Hezbollah, a-t-il accusé. Cela a permis à l'organisation de dissimuler les opérations du tunnel.

Déjà, avant la réunion du Conseil, M. Dannon avait tenu une conférence de presse au cours de laquelle il s'en est pris à l'armée libanaise et à la Finul.  "Lors du Conseil de sécurité de l’année dernière j’ai exposé les violations du Hezbollah, mais chose incroyable, le général Beary (ancien commandant en chef de la Finul) a dit : la région est calme, la situation est bonne, il n’y a pas besoin de changer (les choses). Les faits sont clairs : la situation n’est pas bonne. Nous avons besoin de voir un changement", a déclaré l’ambassadeur israélien en affirmant que "le Hezbollah a construit son réseau malgré la présence de l’armée libanaise et de la Finul".

Il a accusé le Hezbollah de vouloir "envahir la Galilée et détruire Israël". "Nous le savons parce qu’en 2013 le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah a parlé de cette opération et l’a appelée : la conquête de la Galilée", a-t-il poursuivi en montrant ne vidéo de Hassan Nasrallah, sans son, avec un sous-titrage en anglais. L’ambassadeur israélien a ensuite présenté une carte de la frontière libano-israélienne, affirmant que certains des tunnels "sont seulement à quelques mètres des postes d’observation de la Finul. Ce que vous voyez c’est le plan du Hezbollah : la conquête de la Galilée en action", a affirmé M. Danon. "Si le Hezbollah nous force la main, nous agirons rapidement et le ferons avec toute la force nécessaire", a-t-il menacé.



Une des photos présentées au Conseil de sécurité par le représentant israélien.



Pas de points de sortie en Israël
Le secrétaire général adjoint des Nations unies aux opérations de maintien de la paix, Jean-Pierre Lacroix, a de son côté indiqué que les tunnels, bien qu'ils violent la résolution 1701, ne semblent pas avoir des points de sortie du côté israélien.

"Une enquête approfondie pour établir les trajectoires et les points d'origine des tunnels identifiés est une tâche complexe. Les tunnels sont situés entre 29 et 46 mètres sous terre, difficiles à détecter et à proximité de zones sensibles pour les deux parties. Bien qu'ils constituent une violation grave de la résolution 1701, les tunnels ne semblent pas avoir de points de sortie côté israélien", a affirmé le responsable de l'ONU.
"Sur la base de ses propres conclusions, la force de l'ONU au Liban a confirmé l'existence de quatre tunnels au sud de la Ligne bleue", a-t-il relevé. Selon lui, "au moins deux de ces tunnels, un près de Metulla (près de Kfar Kila au nord de la Ligne bleue) et un près de Zarit (près de Ramyah au nord de la Ligne bleue) traversent la Ligne bleue et constituent des violations de la résolution 1701".

"La Finul agit pour mener à bien ses enquêtes sur les tunnels avec des équipes techniques et collabore avec les deux parties pour veiller à ce que les tunnels violant la résolution 1701 soient désactivés en toute sécurité, a indiqué le responsable. C'est un sujet de grave préoccupation. Les Nations unies, ont demandé aux autorités libanaises à prendre des mesures urgentes de suivi. La Finul a demandé aux autorités libanaises à travailler avec la Mission pour identifier et désactiver les tunnels traversant la ligne bleue depuis le Liban".

M. Lacroix a en outre indiqué que "la Finul a déployé des troupes et des équipes de liaison supplémentaires dans des endroits sensibles le long de la Ligne bleue. La Finul continuera d'aider les parties à maintenir le calme et à s'acquitter de leurs obligations en vertu de la résolution 1701". 


(Lire aussi : Les menaces israéliennes et la lecture du Hezbollah, le décryptage de Scarlett HADDAD)


Le soutien de la France à l'armée libanaise
Le représentant permanent de la France auprès des Nations unies François Delattre, a, lui, condamné la construction des tunnels, mais appelé à éviter toute escalade.
"Nous l'avons dit sans la moindre ambiguïté, nous le répétons aujourd'hui: ces tunnels constituent une claire violation de la résolution 1701. Ces activités doivent cesser, a-t-il déclaré. Nous avons fait part de notre inquiétude aux autorités libanaises et appelons l'ensemble des parties à faire preuve de prudence et de retenue, dans un contexte où le risque d'escalade est élevé". "Les deux parties doivent respecter l'ensemble des dispositions de la résolution 1701 et s'abstenir de toute provocation", a souligné M. Delattre.

Il a ensuite demandé aux autorités libanaises de "veiller à ce que les Forces armées libanaises puissent faire le nécessaire, d'une part pour conduire les investigations appropriées en lien avec la Finul, à la suite de la découverte des tunnels et d'autre part pour maintenir Ie calme et éviter tout débordement Ie long de la Ligne bleue".

M. Delattre a par ailleurs affirmé que "la formation rapide d'un gouvernement libanais d'union nationale revêt une importance essentielle dans un contexte régional dégradé" et a salué "les efforts entrepris par Saad Hariri pour mener à bien cette tâche".
"La dissociation du Liban des conflits régionaux et la non-ingérence dans ses affaires internes sont essentielles à sa stabilité", a-t-il noté. "Nous encouragerons également Ie Liban à relancer la stratégie de défense nationale, conformément aux déclarations du président Aoun. Enfin, ce gouvernement devra se consacrer aux reformes dont Ie Liban a besoin et que les Libanais attendent, en particulier sur le plan économique". "Nous continuerons par ailleurs à soutenir la stabilité du Liban à travers notre soutien économique à la suite de la conférence CEDRE du 6 avril dernier", a assuré le représentant français.

"Notre réponse doit être double: dans l’immédiat, assurer Ie calme et faire la lumière sur ces tunnels, à travers la coopération des autorités libanaises avec la Finul pour poursuivre Ie travail d' enquête; poursuivre à plus long terme, avec nos partenaires internationaux, notre soutien aux Forces armées et à l'Etat libanais, pour leur permettre de répondre à l'enjeu essentiel que représente Ie contrôle de l'ensemble du territoire libanais et la stabilisation de la ligne bleue", a conclu M. Delattre

Le représentant du Koweït a quant à lui affirmé que les "violations israéliennes de la souveraineté du Liban sont plus dangereuses que les tunnels du Hezbollah".

"Nous sommes convaincus qu'il est nécessaire de maintenir le calme le long de la ligne de démarcation entre Israël et le Liban, non seulement pour empêcher l'escalade dans cette région, mais également pour la stabilité dans un contexte plus large", a de son côté déclaré le représentant permanent adjoint de la Russie aux Nations unies Vladimir Safronkov. "La Ligne bleue n'est pas une frontière internationalement reconnue et les engagements qui y sont liés ont un caractère mutuel", a-t-il souligné.


(Reportage : Dans la zone frontalière sous l’emprise du Hezbollah, on veut « provoquer Israël »)


L'appui américain à Israël
Prenant la parole au nom des Etats-Unis, Rodney Hunter, coordinateur politique de la délégation américaine, a appelé le président Michel Aoun et le gouvernement libanais à agir pour démanteler les tunnels et proclamé son appui à Israël.

"Les États-Unis ont pris au sérieux les menaces du Hezbollah de la sécurité d’Israël et de son peuple et il est grand temps que ce Conseil et la communauté internationale fassent de même.. Les vues divergentes de ce Conseil sur le Hezbollah ont sapé les efforts de la communauté internationale pour soutenir la paix et la stabilité le long de la Ligne bleue et entre Israël et le Liban", a-t-il affirmé. "Il est temps que ce Conseil de sécurité parle d'une seule voix. Le Hezbollah est une menace sérieuse et réelle".

"À ceux qui ne sont pas encore convaincus que le Hezbollah est une menace sérieuse pour la paix et la sécurité d'Israël, du Liban et de la région, je vous demande ceci: de quelle autre preuve avez-vous besoin? Avons-nous oublié la violence en 2006? N'entendons-nous pas (Hassan) Nasrallah (le secrétaire général du Hezbollah, ndlr) se vanter de ses stocks d'armes précises et sa capacité à frapper n'importe où en Israël?", a-t-il ajouté.

"La Finul doit être en mesure d’exercer son mandat le plus possible. Mais pouvons-nous savoir avec certitude que le Hezbollah est également déterminé à maintenir la paix et la stabilité? La réponse est non, nous ne pouvons pas. Les États-Unis appuient fermement les efforts d’Israël pour défendre sa souveraineté et réaffirment sans réserve le droit d’Israël à la légitime défense.

"Nous appelons le président Michel Aoun et le gouvernement libanais à tout mettre en œuvre pour arrêter les tunnels illicites du Hezbollah vers Israël et pour éviter toute escalade de tension ou de violence", a encore dit le responsable américain, tout en affirmant que les "les États-Unis appuient fermement les forces armées libanaises en tant que seul défenseur légitime du Liban"." Nous continuons à travailler avec d’autres membres de la communauté internationale pour fournir une assistance aux forces armées libanaises afin de leur permettre de s’acquitter de leur mission aussi efficacement que possible" a-t-il dit.

"Plus généralement, nous appelons l'Iran et ses agents à mettre fin à leur comportement agressif et à leur provocation dans la région, qui constituent une menace inacceptable pour la sécurité régionale et israélienne" a ajouté M. Hunter.


Lire aussi
Les USA préoccupés par le renforcement du Hezbollah au Liban

Le Liban salue son nouveau héros, l'officier qui a ordonné à l'armée israélienne de reculer

Guterres tire la sonnette d’alarme sur les armes illégales du Hezbollah

Aoun à Kardel : Les allégations israéliennes sur les missiles du Hezbollah sont fausses

La représentante permanente du Liban auprès de l'ONU, Amal Mudallali, a assuré que l'Etat libanais n'avait commis "aucune violation" de la résolution 1701 et qu'il n'avait "aucune intention agressive", lors d'une réunion du Conseil de sécurité tenue mercredi à la demande des Etats-Unis et d'Israël pour débattre de l'affaire des tunnels creusés par le Hezbollah à la frontière entre le...

commentaires (6)

Chacun de ces deux coqs belliqueux a intérêt à ce que le conflit continue: 1) Israël pour jouer la pauvre victime: c'est pas moi, c'est lui qui a commencé ! 2) le parti divin pour continuer à toucher les dollars venant d'Iran. Sinon qui payerait les salaires de ses nombreux "responsables" No 1,2,3,4,5,etc., ainsi que sa milice et tout le tra-la-la qui la compose ? La paix entre les 2 coqs...mais le parti divin cesserait tout simplement d'avoir une raison pour exister. Une existence qui serait bien morne...non, quand on est habitué aux cérémonies, aux courbettes, aux fanfaronnades à la télévision etc. Irène Saïd

Irene Said

09 h 09, le 20 décembre 2018

Tous les commentaires

Commentaires (6)

  • Chacun de ces deux coqs belliqueux a intérêt à ce que le conflit continue: 1) Israël pour jouer la pauvre victime: c'est pas moi, c'est lui qui a commencé ! 2) le parti divin pour continuer à toucher les dollars venant d'Iran. Sinon qui payerait les salaires de ses nombreux "responsables" No 1,2,3,4,5,etc., ainsi que sa milice et tout le tra-la-la qui la compose ? La paix entre les 2 coqs...mais le parti divin cesserait tout simplement d'avoir une raison pour exister. Une existence qui serait bien morne...non, quand on est habitué aux cérémonies, aux courbettes, aux fanfaronnades à la télévision etc. Irène Saïd

    Irene Said

    09 h 09, le 20 décembre 2018

  • En attendant une autoroute du côté libanais de la frontière. Renchérir c’est bien. Être au Liban et se défendre c’est mieux. Avoir les moyens de son renchérissement (en prenant compte de la dette) c’est super mieux.

    Evariste

    00 h 35, le 20 décembre 2018

  • « les tunnels ne semblent pas avoir de points de sortie côté israélien » Les israéliens ont découvert les tunnels en creusant au Liban?

    Evariste

    00 h 31, le 20 décembre 2018

  • Dans ce cas on est plus d’1 millions d’agens iraniens au Liban. Faites ce que vous avez à faire

    Chady

    23 h 23, le 19 décembre 2018

  • L,APPARTENANCE NON NATIONALE ET LES PROVOCATIONS POUR LE COMPTE ET LES INTERETS D,AUTRUI PEUVENT ATTIRER L,APOCALYPSE SUR LE PAYS ET SES PAISIBLES ET INNOCENTS CITOYENS ! L,ETAT ET SON ARMEE NATIONALE DOIVENT S,IMPOSER SUR TOUT LE SOL NATIONAL !

    LA LIBRE EXPRESSION

    22 h 17, le 19 décembre 2018

  • Trop de bla bla trop de tracas.... j'ai donné déjà... Ils cherchent quoi ces usurpateurs ? À nous faire pleurer sur leur sort de voleur de terre? Atraquez nous, libanais. Ou bien taisez vous mais arrêtez de chialer . Basta quoi !

    FRIK-A-FRAK

    21 h 36, le 19 décembre 2018

Retour en haut