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Liban - Déclaration des droits de l’homme

Cérémonie à New York en hommage à « Capharnaüm », le film au « cœur de l’ADN » des Nations unies

L’ambassadeur de France à New York prononçant son allocution.

Avec leur film Capharnaüm, présélectionné aux Oscars, Nadine Labaki et Khaled Mouzannar continuent de remuer les consciences, de retenir l’attention internationale et d’accumuler les honneurs à New York et aux Nations unies. Pour célébrer le 70e anniversaire de la Déclaration des droits de l’homme, qui prône « la reconnaissance de la dignité inaliénable de la personne humaine, un idéal commun à atteindre par les peuples et toutes les nations », la représentante du Liban à l’ONU, Amal Mudallali, a organisé jeudi dernier, en collaboration avec le représentant de la France à l’ONU, M. François Delattre, un événement autour de ce film, en présence de la réalisatrice, l’actrice et la scénariste Nadine Labaki, et du producteur et compositeur de musique Khaled Mouzannar, ainsi que d’un grand nombre de représentants permanents à l’ONU.

Porteur d’un message musclé, Capharnaüm, qui a été présélectionné aux Oscars 2018 pour le meilleur film en langue étrangère et a reçu le prix du jury du Festival international de Cannes, ainsi que les prix du public des festivals du film de Sarajevo, d’Oslo, de Melbourne, de Miami, et nominé aux Golden Globes dans la catégorie Meilleur film étranger, a été ovationné jeudi au Palais de Verre. Rappelant l’importance du rôle joué par Charles Malek dans la rédaction de la Déclaration des droits de l’homme, l’ambassadrice Mudallali n’a pas manqué de rendre hommage à Nadine et Khaled en saluant « leur génie, leur talent et leur générosité ». Capharnaüm est un film universel aux accents libanais qui décrit la misère universelle. C’est une fiction qui porte de nombreux noms et qui se déroule dans de nombreux pays, a relevé Mme Mudallali dans son allocution.


(Lire aussi : « "Capharnaüm" a illuminé le ciel de Marrakech »)


« Sensibilité de notre humanité »

« L’ensemble de l’œuvre de Nadine Labaki a ce don unique de mettre toute la sensibilité de notre humanité à travers les espoirs et les souffrances des enfants », a souligné, à son tour, l’ambassadeur François Delattre. Capharnaüm est un « reflet puissant et inspirant » où des centaines de milliers d’enfants dans le monde, comme Zain dont les droits sont violés, et des centaines de milliers de femmes migrantes comme Rahil, sont victimes de trafic humain, et des centaines de milliers d’enfants séparés de leurs parents, comme le bébé de Rahil. « Ce film est donc universel, car il a choisi la manière dont la spirale de la discrimination et de l’exclusion finit par porter atteinte à la dignité même des personnes, quelle que soit leur origine », a relevé l’ambassadeur français.

Et de poursuivre : « Pour cette raison, il est approprié de montrer ce film ici au cœur de l’ONU, alors que nous célébrons le 70e anniversaire de la Déclaration des droits de l’homme et le 30e anniversaire de la Convention des droits de l’enfant et, l’année prochaine, le 60e anniversaire de la Déclaration des droits de l’enfant. » Ce film est « un appel lancé à la communauté internationale, y compris aux États membres, pour la sauvegarde et la promotion des droits des enfants afin qu’ils aillent à l’école et ne soient pas utilisés à des fins de travail forcé », a soutenu M. Delattre.

« La France joue un rôle actif à cet égard et elle est à l’avant-garde des efforts internationaux pour promouvoir les droits des enfants et les protéger », a relevé l’ambassadeur de France. Le président Macron a indiqué qu’il augmenterait de plus de 10 % la contribution française au partenariat mondial pour l’éducation au niveau national et a annoncé la nomination d’un haut commissaire à l’enfance pour préserver et protéger les enfants. « Les droits de l’homme sont quotidiennement mis en cause dans le monde entier, a ajouté M. Delattre. Nous devons être tous fermement résolus à les défendre et à promouvoir les droits de l’homme qui sont au cœur de l’ADN des Nations unies. Ce film en est le parfait exemple. »


(Lire aussi : "Capharnaüm" de Nadine Labaki ira au Golden Globes)


Nadine Labaki

De son côté, partant en guerre contre l’exclusion et la discrimination, Nadine Labaki a évoqué le témoignage fourni, en ces termes, par certains enfants : « Je suis un insecte ; je ne suis rien ; la vie est un enfer... Ce sont les mots que malheureusement beaucoup d’enfants – que j’ai rencontrés au cours de mes quatre années de recherche – utilisent pour décrire leur vie. Nous avons créé ce genre de mots pour eux. Nous avons créé un enfer pour eux. Ils paient le prix fort du fait de nos conflits et nos guerres, et du fait de nos systèmes et nos gouvernements défaillants. Nous avons créé un monde où les enfants n’ont aucune idée de la nature sacrée de leur bien-être. La plupart d’entre eux ne savent même pas quand ils sont nés. Ils ne connaissent pas leur date de naissance exacte, ce qui signifie que ces enfants n’ont jamais célébré leur venue dans ce monde », s’insurge Nadine Labaki, tout en s’interrogeant sur la signification réelle de ce 70e anniversaire. Faut-il « célébrer ou pleurer » ?

Se lançant dans une vertigineuse litanie de malheurs infligés aux enfants de par le monde, Nadine Labaki essaie d’éveiller la conscience et l’attention de la communauté internationale sur le sort des enfants dans un monde en conflit. « Si l’enfant trouvé mort sur le rivage en Turquie pouvait parler, ou si les enfants mourant sous l’effet d’armes chimiques pouvaient parler, si ces enfants séparés de leurs parents à la frontière mexicaine pouvaient parler, si cet enfant de l’Inde portant un bloc de ciment dix fois plus lourd que son poids pouvait parler, que diraient-ils ? Comment s’adresseraient-ils à nous ? » lance-t-elle.

Et de poursuivre : « Ce film est un échantillon de l’actuel état des droits de l’homme, des droits de l’enfant et des droits des migrants, du mariage précoce, de la maltraitance des enfants et du travail forcé des enfants et des femmes. Il ne s’agit pas uniquement de la situation dans mon pays ; c’est aussi l’état du monde d’aujourd’hui. Il faut reconnaître que l’enfance maltraitée est la source du mal dans le monde. » Nadine Labaki lance dans ce cadre un vibrant appel à la communauté internationale pour « entamer le débat, ouvrir une discussion afin de trouver une solution ».


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HONNEUR ET GLOIRE A NOTRE CINEASTE ET REALISATRICE NATIONALE DEVENUE INTERNATIONALE !

LA LIBRE EXPRESSION

16 h 56, le 18 décembre 2018

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Commentaires (2)

  • HONNEUR ET GLOIRE A NOTRE CINEASTE ET REALISATRICE NATIONALE DEVENUE INTERNATIONALE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    16 h 56, le 18 décembre 2018

  • Critiqué, Controversé, Renié même par une certaine bourgeoisie horripilée par certaines verites derangeantes quant a la misère et injustice sociale qui sevissent au Liban, il autait fallu que ce Chef d’Oeuvre Cinematographique connaisse le succes mediatique en France, Journal du 20 heures sur Tf1, en Europe, au Festival de Marrakesh, en Floride, a New York, au Golden Globes, aux Nations Unies et finalement en route pour les Oscars pour que les libanais commencent a se feliciter et a se congratuler reciproquement quant au genie libanais. Hommage a Nadine Labaki, a Khaled Mouzannar, au Jeune talentueux Zain (meme s ‘il est syrien, n’en deplaise a certains) et a toute l’equipe de CAPHARNAÜM pour avoir porte si loin ce Genie tant meconnu chez nous, et qui pousse chaque annee des centaines de nos jeunes concitoyens a emigrer. Il est cependant une bien triste verite qui confirme et explique les migrations des Phoeniciens de l’antiquite aux libanais d’aujourdh’hui, de par le monde pour exporter leurs talents et leur savoir. Nul n’est prophete dans son pays!

    Cadige William

    10 h 34, le 18 décembre 2018

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