Toute la classe politique et avec elle la diplomatie occidentale au Liban se sont émues des récentes menaces formulées par l’État hébreu contre Beyrouth, suite à l’affaire des trois tunnels découverts par Israël à sa frontière nord avec le Liban. Celle-ci a été jugée suffisamment grave pour déclencher un véritable branle-bas diplomatique dont la finalité a été de barrer la voie à une éventuelle escalade, mais qui a fini par remettre les choses dans leur contexte précis : Israël n’a pas l’intention d’attaquer le Liban. Les objectifs du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, en butte à des difficultés politiques internes, sont tout autres. D’ailleurs, un ancien responsable militaire libanais, qui avait participé aux réunions préparatoires du retrait israélien du Liban consécutivement à la guerre de 2006, confirme que les Israéliens avaient fait état à l’époque de la présence des tunnels mais en avaient minimisé l’importance partant du principe qu’ils étaient antérieurs à la guerre de 2006 et qu’ils ne constituaient pas par conséquent une violation de la résolution 1701 du Conseil de sécurité.
De sources diplomatiques occidentales, on estime qu’en déterrant l’affaire des tunnels, Benjamin Netanyahu cherche surtout à se renflouer face à ses adversaires politiques, à cause de tous les problèmes auxquels il a dû faire face depuis qu’il s’est engagé à arrêter, à la demande de Washington, les opérations militaires à Gaza, afin de donner leurs chances aux pourparlers de paix. L’affaire des tunnels, à l’instar de celles des caches d’armes du Hezbollah, dont il avait fait état en septembre dernier durant l’Assemblée générale de l’ONU, devrait en définitive servir sa cause. Elle l’aiderait à barrer la voie à des élections anticipées, réclamées par ses adversaires politiques, et à atténuer la pression exercée sur lui et son épouse, depuis qu’ils sont tous les deux accusés de dilapidation de fonds publics.
De mêmes sources, on exclut une opération militaire contre le Liban, surtout qu’Israël œuvre, toujours sur instigation de Washington et à travers le sultanat de Oman, à engager des pourparlers avec l’Iran. Ce que Benjamin Netanyahu essaie de faire, c’est surtout d’améliorer ses conditions de négociations.
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commentaires (6)
LE JEU EST PLUS QUE LOCAL ! C,EST LE COMMENCEMENT DE PRESSIONS REGIONALES A COUPS DE NOUVELLES SANCTIONS !
LA LIBRE EXPRESSION
15 h 43, le 13 décembre 2018