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À La Une - Diplomatie

Trump-Poutine, l'impossible rapprochement

"Est-ce que Trump a annulé sa rencontre avec Poutine" au G20 "à cause de l'attaque russe en Ukraine ou des révélations de Cohen?", a demandé sur Twitter un ex-ambassadeur des Etats-Unis à Moscou, Michael McFaul.

Entretien entre le président américain, Donald Trump (d), et son homologue russe, Vladimir Poutine. Photo d'archives Saul Loeb/AFP/Getty Images

Donald Trump et Vladimir Poutine, c'est l'histoire d'une succession de rendez-vous manqués.

Après avoir promis, durant sa campagne, un rapprochement avec la Russie, le président des Etats-Unis a buté sur plusieurs différends qui rendent difficile un dégel des relations, ainsi que sur l'enquête russe qui jette la suspicion sur toute tentative d'entente avec son homologue du Kremlin. Et sa propre attitude conciliante n'a fait qu'attiser l'hostilité d'un Congrès américain vent debout face à Moscou.


(Pour mémoire : Trump attend "avec impatience" de revoir Poutine)


Dossiers sensibles
Cette fois, c'est la confrontation entre la Russie et l'Ukraine qui s'est invitée à la table où les deux dirigeants devaient se retrouver samedi lors du G20 en Argentine.
La gestion du dossier ukrainien est emblématique des ambivalences de Washington depuis que le milliardaire républicain est à la Maison Blanche. "Les Etats-Unis sont favorables à une relation normale avec la Russie. Mais des actions illégales comme celle-ci rendent cela impossible", a résumé lundi l'ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU, Nikki Haley au sujet de la capture de navires ukrainiens par Moscou. Mais lorsqu'il a rencontré Vladimir Poutine en juillet à Helsinki, le président américain est resté discret sur ce contentieux autour de l'Ukraine à l'origine de nombreuses sanctions américaines.

Sur d'autres points chauds de la planète, les dirigeants des deux grandes puissances aimeraient réussir à coopérer. A commencer par la Syrie. Ils s'y sont même engagés en novembre 2017 lors d'une brève entrevue au Vietnam, où ils ont signé un communiqué commun pour défendre une "solution politique" au conflit syrien. Mais cette entente embryonnaire a rapidement été contredite sur le terrain et Donald Trump a finalement ordonné, en avril suivant, des frappes contre le régime de Damas accusé d'avoir utilisé des armes chimiques avec le consentement de Moscou. Le recours à un agent chimique contre un ex-agent double russe en Angleterre, imputé par les Occidentaux aux autorités russes, a aussi contribué à empoisonner le réchauffement voulu par le duo Trump-Poutine. Washington a expulsé en réponse 60 "espions" russes et s'apprête à imposer des sanctions économiques "très sévères".


(Lire aussi : Poutine défend ses forces, l'Ukraine dénonce la détention "illégale" de ses marins)


L'enquête russe
Pour les détracteurs de l'ancien magnat de l'immobilier, c'est le péché originel : l'ingérence russe dans l'élection qui l'a conduit au pouvoir, objet d'une enquête confiée au procureur spécial Robert Mueller. Ce dernier s'intéresse aussi aux soupçons de collusion entre le Kremlin et l'équipe de campagne du républicain.

Depuis le début, tous les gestes que le président américain esquisse en direction de son homologue sont interprétés à la lumière de ces suspicions. Et de l'aveu même de la Maison Blanche, l'enquête Mueller, qualifiée par M. Trump de "chasse aux sorcières", pollue les relations entre les deux pays.

Du coup, certains s'interrogent. "Est-ce que Trump a annulé sa rencontre avec Poutine" au G20 "à cause de l'attaque russe en Ukraine ou des révélations de Cohen?", a demandé sur Twitter un ex-ambassadeur des Etats-Unis à Moscou, Michael McFaul.

Car l'annulation est intervenue juste après une énième mauvaise nouvelle pour le président: son ex-avocat Michael Cohen a reconnu avoir menti au Congrès sur des contacts avec des Russes au sujet d'un projet immobilier.


(Lire aussi : Poutine et Trump, deux personnalités aux antipodes)


Donald sabote Trump
Au-delà du fond, c'est souvent l'attitude de Donald Trump qui finit par saper toute velléité de rapprochement.

Au Vietnam en novembre 2017 puis à Helsinki en juillet 2018, c'est le même enchaînement qui s'est reproduit : s'agissant de l'ingérence de Moscou, l'Américain a semblé donner plus de poids aux dénégations du Russe qu'aux accusations de ses propres agences de renseignement. Tollé à Washington, et le milliardaire obligé de rétropédaler.

Résultat, alors même que de nombreux responsables politiques reconnaissent qu'il serait bon d'avoir des échanges fermes avec la Russie, la plupart estiment que Donald Trump n'en est pas capable. Le seul fait qu'il ait eu un tête-à-tête avec Vladimir Poutine à Helsinki a fait l'objet d'une controverse aux Etats-Unis, où des opposants démocrates ont même réclamé de pouvoir entendre le témoignage de l'interprète!

La tâche est d'autant plus compliquée pour le président qu'il doit composer avec un Congrès qui, jusque dans ses propres rangs républicains, défend traditionnellement une politique de fermeté à l'égard de l'ennemi historique russe.

La décision-surprise de jeudi a donc, une fois n'est pas coutume, fait plus de satisfaits que de mécontents. "C'est une bonne décision pour les Etats-Unis", a résumé l'ex-diplomate Nicholas Burns, car "il était très peu probable que Trump adresse en personne un message ferme à Poutine".


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commentaires (5)

c'est ce qu'ils veulent peut etre qu'on croit … mais je crois que la realite est tout autre etant donner que cela ne depend totalement de ni l'un ni l'autre

Bery tus

16 h 37, le 30 novembre 2018

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Commentaires (5)

  • c'est ce qu'ils veulent peut etre qu'on croit … mais je crois que la realite est tout autre etant donner que cela ne depend totalement de ni l'un ni l'autre

    Bery tus

    16 h 37, le 30 novembre 2018

  • IL EST REGRETTABLE QUE CES DEUX NE PUISSENT PAS SE REUNIR ET DISCUTER DES PROBLEMES DU MONDE ET S,ENTENDRE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 01, le 30 novembre 2018

  • Poutine est puissant chez lui , libre de ses décisions. Trump-pète est l'otage d'une politique lobbyiste, incapable de décider comme il le veut , excepté de gouverner comme ces pêcheurs en eau trouble lui imposent de faire . C'est d'ailleurs la raison pour laquelle son mandat perdure , sinon on l'aurait traîné dans la boue .

    FRIK-A-FRAK

    12 h 59, le 30 novembre 2018

  • Pour pouvoir être crédible, ferme, effice. Dans les relations entre "grands" il faut être personnellement irréprochable, irréprochable sur tous les sujets ... Un dirigent "qui a des casseroles vraies ou supposées" est handicapé c'est la "faiblesse de Trump" dans ses relations avec Poutine... Défendre les intérêts des USA...en se protégeant des siens, tâche ardue...

    Chammas frederico

    12 h 16, le 30 novembre 2018

  • Probablement aucun de ces arguments avancés n'est à l'origine de ce RDV manqué. L'Amérique n'arrive pas à faire le deuil de L'URSS et de la guerre froide contrairement aux russes. C'était une part de la grandeur de l'Amérique rayonnante et seule dominante du monde. La bipolarité n'était que sur la feuille, une sorte de théorie. De nos jours, et en absence de l'URSS et du pacte de Varsovie, l'Amérique continue à entretenir les tensions, maintenir l'OTAN et préserver son hégémonie sur la Russie. (Il est là probablement la cause des rdv manqués). Est-ce raisonnable pour un pays qui se veut champion des libertés, de l'humanisme et des valeurs démocratiques ? Ces mots ont-ils encore un sens ?

    Sarkis Serge Tateossian

    12 h 03, le 30 novembre 2018

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