L’activité favorite des Libanais est devenue, ces derniers temps, la recherche de nouveaux sujets de polémiques. Certains attribuent cette nouvelle tendance à l’existence des réseaux sociaux qui permettent à tout le monde de s’exprimer en toute liberté, et d’autres au fait que les vieux démons de la guerre et des années de conflits sanglants n’ont jamais vraiment disparu et réapparaissent à la moindre occasion.
C’est notamment ce qui s’est passé récemment lorsque le chef du CPL, Gebran Bassil, a déclaré depuis Nahr el-Kalb qu’il souhaitait demander l’installation d’une plaque pour marquer le retrait des troupes syriennes du Liban le 26 avril 2005. La réaction ne s’est pas fait attendre et le thème controversé de la tutelle syrienne sur le Liban, en principe de 1990 à 2005, est redevenu le sujet numéro 1 dans les médias et dans les talk-shows politiques. La fameuse division des années de guerre sur le fait de considérer les troupes syriennes déployées au Liban comme une force d’occupation ou non est remontée à la surface avec une grande violence, comme si entre-temps il n’y avait pas eu de nombreux développements qui auraient dû modifier les priorités des Libanais. Mais on dirait que les vieux réflexes sont toujours prêts à rejaillir, encouragés sans doute par une classe politique qui, pour cacher ses nombreux échecs, ne trouve rien de mieux que de raviver les instincts confessionnels et communautaires.
Cette constatation n’a malgré tout pas empêché le public et certaines figures du 8 Mars de critiquer violemment le ministre Bassil, au point que les analystes ont commencé à évoquer un véritable malaise entre les bases populaires des deux camps, et en particulier entre les partisans du CPL et ceux du Hezbollah.
Bien que les commandements des deux camps aient insisté sur le fait que cette divergence sur la qualification de la présence syrienne n’affecte nullement leurs relations, le malaise a persisté. Au point que des personnalités proches des deux camps se sont empressées d’intervenir pour clore la polémique.
Des sources proches du CPL précisent toutefois que cette polémique est artificielle. En réalité, le CPL n’a jamais caché que la lutte contre la présence syrienne au Liban qu’il qualifie d’occupation est un élément fondateur de son militantisme. Si, par la suite, lorsque les troupes syriennes se sont retirées du Liban, il a été le premier à réclamer les meilleures relations avec Damas, basées sur le respect réciproque de la souveraineté de chaque pays, cette position n’est nullement en contradiction avec sa lutte pendant les années d’occupation. De plus, lorsque après les élections législatives de 2005, le CPL et le Hezbollah ont décidé d’ouvrir un dialogue entre eux, qui devait aboutir quelques mois plus tard, en février 2006, à l’accord de Mar Mikhaël, chacun savait qu’il y avait entre eux des divergences importantes dans la perception du passé. Il a donc été convenu, entre les deux partis, que chacun conserverait son identité propre, mais qu’ils mettraient en commun leurs efforts pour la construction de l’avenir, sur la base d’une vision commune de la souveraineté et de l’indépendance du pays, dans le respect de la pluralité libanaise. Il n’a donc jamais été question que le CPL et le Hezbollah deviennent des clones politiques l’un de l’autre, chacun préférant conserver ses particularités, et cette diversité est considérée comme un enrichissement culturel et politique pour le Liban. Enfin, lorsque le chef du CPL a réclamé l’installation d’une plaque commémorant le retrait des troupes syriennes du Liban, à l’instar de celles qui commémorent le retrait des autres troupes étrangères, il ne cherchait nullement à raviver les blessures du passé, mais simplement à marquer un fait historique. D’autant que, pour de nombreux Libanais, les troupes françaises à l’époque du mandat n’étaient pas non plus considérées comme une armée d’occupation. Mais cela n’a pas empêché les Libanais de marquer leur départ par une plaque commémorative. Enfin, concernant la prétendue réaction syrienne aux propos de Gebran Bassil, elle a surtout été évoquée par des personnalités prosyriennes. Mais aucun message officiel n’est parvenu au CPL ou à son chef. D’ailleurs, cette question avait été évoquée lors de la première rencontre entre le général Michel Aoun, alors chef du groupe parlementaire du Changement et de la Réforme, et le président syrien Bachar el-Assad, et les deux hommes avaient décidé de dépasser ce sujet pour construire à l’avenir des relations équitables et respectueuses.
Pour le CPL, la polémique est donc injustifiée et vise essentiellement à être exploitée politiquement aujourd’hui, par certaines parties du 8 Mars qui ne voient pas d’un bon œil le rôle de plus en plus important du chef du CPL sur la scène locale.
De leur côté, les milieux proches du Hezbollah ne considèrent pas qu’il y a lieu de soulever une polémique sur ce sujet. Ils estiment toutefois que ressortir cette question, au moment où les députés sunnites du 8 Mars militent pour être représentés au sein du gouvernement, est peut-être malvenu car il réveille d’anciennes craintes, alors que certaines parties du 14 Mars jouent sur ces peurs pour brandir le spectre du retour de la tutelle syrienne. De toute façon, pour le Hezbollah, le sujet est clos et il n’affecte en rien les relations avec le CPL...
En attendant la prochaine polémique !
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commentaires (12)
PAROLE PAROLE PAROLE Comme la chanson de Dalila Aoun avait compris après avoir dû fuir Babdaa après les attaques Syrienne qu,il fallait les faire partir du Liban pour pouvoir revenir Il a été aux États Unis et utilise tous les contacts possibles y compris Juifs pour faire voter la résolution de l.ONU demandant le retrait des Syriens et il l,a obtenu Revenu au Liban il a aussi compris que sans une alliance avec le HB il ne pourra pas accéder aux plus hautes fonctions étant donné que les libanais qui avaient lutter contre la présence Syrienne avaient payé de leur vie souvent leur lutte En s.alliant au HB Il n avait pas à l.idee de pardonner aux syriens mais à jouer un rôle primordiale au Liban et devenir président IL A BLOQUÉ LE VOTE D UN PRÉSIDENT PENDANT DEUX ANS ET DEMI pour cela Ça vous donne une idée réelle de sa pensée au moment de l.alliance avec HB Sans gouvernement peut être pour 4 ans encore à moins qu.il cède une fois de plus a HB et oubli la personne que les Libanais avait tellement aimé à une certaine époque
LA VERITE
15 h 48, le 29 novembre 2018