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À La Une - justice

Charges alourdies contre Ghosn, mobilisation autour du mariage Renault-Nissan

Le patron de Nissan, Hiroto Saikawa, qui avait déjà durement critiqué celui qui fut son mentor, est reparti à la charge contre le Franco-Libano-Brésilien, toujours en garde à vue au Japon.

Des Japonais suivent sur écran dans une rue de Tokyo, le 22 novembre 2018, un programme sur l'affaire de Carlos Ghosn, l'ex-président du conseil d'administration de Nissan. AFP / Kazuhiro NOGI

Les déclarations d'intention se sont multipliées en France comme au Japon pour soutenir le fragile attelage Renault-Nissan-Mitsubishi, désormais privé de pilote, alors que selon la presse les charges contre Carlos Ghosn s'accumulent.

Le Franco-Libano-Brésilien, toujours en garde à vue au Japon, a été arrêté lundi pour avoir dissimulé ses revenus de président du conseil d'administration de Nissan à hauteur de 5 milliards de yens entre juin 2011 et juin 2015. Il lui est reproché d'avoir fait la même chose pour les trois exercices comptables suivants, ont indiqué vendredi les quotidiens nippons Asahi Shimbun et Nikkei, soit un total de 8 milliards de yens, l'équivalent de plus de 62 millions d'euros de revenus dissimulés aux autorités financières japonaises. L'AFP n'a pas été en mesure d'obtenir de confirmation dans l'immédiat.

Celui qui est encore formellement PDG de Renault, mais qui a été débarqué jeudi de la présidence du conseil d'administration de Nissan, est également suspecté de ne pas avoir déclaré un bonus de plus de 30 millions d'euros lié à des plus-values dégagées sur les actions, selon Nikkei. L'agence de presse Kyodo a de son côté affirmé que Nissan avait payé la sœur de Carlos Ghosn 100.000 dollars (87.900 euros) par an depuis 2002 pour une mission de conseil fictive.


(Repère : Ce qui est réellement reproché à Carlos Ghosn)


"Vous seriez surpris"
Dans un courrier interne dont l'AFP a pu voir une copie, le patron du groupe japonais Hiroto Saikawa, qui avait déjà durement critiqué celui qui fut son mentor, lors d'une conférence de presse lundi, est reparti à la charge contre Carlos Ghosn. Concernant les faits mis au jour par une enquête interne menée par le constructeur japonais, il a assuré: "vous seriez probablement surpris des découvertes faites". "Nous ne pouvons tolérer ce qui a été mis en évidence", a-t-il poursuivi, sans donner de détails précis. Dans le même message, le patron (président exécutif) de Nissan promet toutefois: "en ce qui concerne le partenariat avec Renault et Mitsubishi Motors, cet événement n'a fondamentalement aucun impact, et nous ferons de notre mieux pour stabiliser la relation entre les trois entreprises". Le sort de Carlos Ghosn chez Mitsubishi devrait être tranché lors d'un conseil d'administration lundi. "En ces temps difficiles pour nous, nous devons collaborer de façon plus étroite, plus que jamais", a ajouté Hiroto Saikawa, dans son message.


(Pour aller plus loin : L’acquisition de la maison de Carlos Ghosn à Beyrouth en question)


Passé le choc de l'arrestation de Carlos Ghosn, certains analystes ont soupçonné un "coup d'Etat" de la part de Nissan, qui chercherait à rééquilibrer le mariage à trois (Nissan, Renault et Mitsubishi) mis sur pied par l'influent capitaine d'industrie. Depuis, les déclarations d'intention se multiplient à Tokyo comme à Paris pour soutenir cet attelage, traversé par des rancœurs et des jeux de pouvoir que la chute de Carlos Ghosn a exposés au grand jour. Renault détient 43% de Nissan, qui lui-même possède 15% de Renault (mais sans droit de vote) et 34% de Mitsubishi. Le pouvoir est aux mains du constructeur français depuis qu'il a sauvé son rival japonais de la faillite en 1999, et ce alors que Nissan pèse aujourd'hui près de deux fois plus en Bourse que Renault.


"Nous sommes attachés à la préservation de l'alliance entre Renault et Nissan qui est dans l'intérêt des Français comme dans l'intérêt des Japonais", a répété vendredi le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire. L'Etat français, qui détient 15% de Renault, est concerné au premier chef par l'avenir du mariage avec Nissan, et occupe le terrain depuis le début du scandale. M. Le Maire avait par exemple très vite réclamé la mise en place d'une direction par intérim chez Renault, et avait reçu Thierry Bolloré, qui a de facto repris les rênes du constructeur français mardi soir, dès le lendemain. L'Elysée s'est lui efforcé de calmer le jeu en rejetant toute idée de "manipulation" de la part du groupe japonais.

Reste à savoir comment cet activisme de l'exécutif français est perçu au Japon. Personne chez Nissan n'a oublié la crise déclenchée en avril 2015 lorsqu'Emmanuel Macron, alors ministre de l'Economie, avait augmenté le poids de l'Etat au capital de Renault pour obtenir des droits de vote doubles, un coup de force qui avait fortement déplu côté japonais. L'Etat a fini par céder les actions en question en novembre 2017, pour revenir à 15% du capital.






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commentaires (5)

Si on te laisse partir entier, va en Chine. À les entendre monter la mayo j'ai l'impression que leur rancune est tenace.

FRIK-A-FRAK

21 h 12, le 23 novembre 2018

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Commentaires (5)

  • Si on te laisse partir entier, va en Chine. À les entendre monter la mayo j'ai l'impression que leur rancune est tenace.

    FRIK-A-FRAK

    21 h 12, le 23 novembre 2018

  • JE LE PLAINS... MAIS SI IL A VRAIMENT COMMIS CES MALVERSATIONS DONT ON L,ACCUSE... ALORS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 05, le 23 novembre 2018

  • Bullshit!

    Jack Gardner

    16 h 57, le 23 novembre 2018

  • Relever la sauce à son maximum, cela permet de tabler sur une prochaine présidence japonaise à la tête du groupe. Il ne fait pas voir le mal partout... Mais n'y a-t-il pas derrière ces manoeuvres un parfum d'Amérique pour affaiblir l'Europe ? C'est un monde où on ne peut plus faire confiance à qui que ce soit ! Bravo les "yabani" pour leur gratitude.

    Sarkis Serge Tateossian

    16 h 19, le 23 novembre 2018

  • Il n'est problement pas le seul dans ce monde de "géants economiques" tres efficaces ...a s'être recompense...largement, ...et en ignorant certaines limites fiscales ... Mais voilà, trop en vue, trop de jaloux...et aujourd'hui l'homme a abattre des japonais...qui ont tous oublié qu'il a sorti les plus grandes firmes japonaises de la "M.." Aussi, insatiable...il aurait dû sentir "le vent tourner en faveur des jaloux" et se mettre au vert dans so Brésil, après avoir "redresse, tant que possible, sa situation fiscale"

    Chammas frederico

    15 h 42, le 23 novembre 2018

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