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Moyen Orient et Monde - Affaire Khashoggi

Malgré les critiques, Trump veut rester un « partenaire indéfectible » de Riyad

Le président américain a souligné mardi l’importance des liens avec l’Arabie saoudite pour la lutte contre l’influence iranienne dans la région.

Le prince héritier saoudien, Mohammad ben Salmane, et le président américain, Donald Trump, le 20 mai 2017 à Riyad. Photo d’archives/Mandel Ngan/AFP

En dépit du flot de révélations mettant directement en cause la responsabilité de Mohammad ben Salmane (MBS) dans l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, Donald Trump a réaffirmé ses priorités régionales, à savoir maintenir l’alliance avec Riyad et l’endiguement de l’influence iranienne. Dans un communiqué publié par la Maison-Blanche, le président américain n’a pas exclu que le prince héritier saoudien ait pu être au courant du meurtre du journaliste dans le consulat saoudien à Istanbul le 2 octobre et les agences américaines de renseignements continuent d’évaluer les éléments de l’affaire. Toutefois, « nous ne connaîtrons peut-être jamais tous les faits entourant le meurtre de M. Jamal Khashoggi », a-t-il noté. Des propos qui viennent contredire les conclusions de l’Agence centrale de renseignements (CIA) rapportées la semaine dernière par le Washington Post selon lesquelles MBS aurait ordonné l’assassinat du journaliste saoudien.

L’évaluation de la CIA ne semble cependant pas suffisante aux yeux du président américain qui a misé sur ses liens personnels avec le roi Salmane et le prince héritier saoudien depuis son arrivée au pouvoir pour préserver les intérêts américains et une certaine stabilité au Moyen-Orient. M. Trump a notamment en ligne de mire les montants faramineux des contrats conclus ces derniers mois avec Riyad. Dans son communiqué, il n’a pas hésité à rappeler à nouveau que « le royaume a accepté de dépenser et d’investir 450 milliards de dollars aux États-Unis. C’est une somme d’argent record ». « Sur ces 450 milliards de dollars, 110 milliards de dollars seront consacrés à l’achat d’équipements militaires de Boeing, Lockheed Martin, Raytheon et de nombreuses autres grandes entreprises américaines du secteur de la défense », a-t-il poursuivi, tout en précisant que la Chine et la Russie seraient les bénéficiaires de ces sommes si Washington annulait ces contrats. « En tout état de cause, nous entretenons des relations avec le royaume d’Arabie saoudite. Il a été un grand allié dans notre combat très important contre l’Iran », a-t-il souligné. « Les États-Unis entendent rester un partenaire indéfectible de l’Arabie afin de garantir les intérêts de notre pays, d’Israël et de tous les autres partenaires dans la région. Notre objectif primordial est d’éliminer complètement la menace du terrorisme dans le monde ! » a insisté M. Trump.

« Trump a tenté de présenter un argument stratégique mardi, mais il a exagéré son point de vue et n’a pas tenu compte de la valeur du leadership moral, à laquelle les présidents américains accordent traditionnellement beaucoup plus de poids », remarque Stephen Pomper, directeur du programme sur les États-Unis au sein de l’International Crisis Group, interrogé par L’Orient-Le Jour.


(Lire aussi : Affaire Khashoggi : Riyad dément les conclusions de la CIA sur l'implication de MBS)



Déclaration « honteuse »

Si Washington a imposé des sanctions financières la semaine dernière contre 17 agents saoudiens impliqués dans le meurtre de Jamal Khashoggi, M. Trump ne semble pas montrer de signes allant vers la prise de mesures plus dures envers Riyad, du moins pour l’instant. « D’après le ton et la substance de la déclaration de Donald Trump, il semble vouloir laisser le prince héritier très libre », note M. Pomper. « Mais les dirigeants du Congrès des deux partis ont mal réagi à sa déclaration et ont également perdu patience face à la campagne menée par l’Arabie saoudite au Yémen », souligne-t-il, avant d’ajouter qu’« il y a de bonnes raisons d’espérer que le Congrès interviendra pour faire reculer MBS, même si Trump ne le fait pas ».

Différentes figures républicaines et démocrates se sont empressées de faire part de leur mécontentement sur les réseaux sociaux suite aux propos du président américain. « Je suis sûr que cette déclaration signifie l’Arabie saoudite d’abord, et non l’Amérique d’abord », a tweeté mardi le sénateur républicain Rand Paul, se référant au slogan de campagne de M. Trump. Même son de cloche pour l’ancien diplomate Nicholas Burns selon qui cette déclaration « est honteuse ». « Il cite sans recul les calomnies proférées par MBS selon lesquelles Khashoggi était un traître. Il avance que les États-Unis ne peuvent pas se permettre de s’aliéner Riyad à cause du pétrole et de l’Iran. Il reste muet sur notre intérêt le plus grand : la justice », a-t-il dénoncé sur son compte Twitter. Le sénateur républicain Bob Corker et son homologue démocrate Bob Menendez ont envoyé une lettre à M. Trump sous la loi Magnitsky pour qu’il détermine clairement la responsabilité ou non du prince héritier dans le meurtre du journaliste saoudien. Étant tous deux dirigeants de la commission des Relations extérieures du Sénat, M. Trump dispose de 120 jours pour répondre à cette lettre avec un rapport classifié ou non dans lequel il doit déterminer la responsabilité de MBS et si des sanctions sont prévues à son égard.

Des réactions qui n’ont pas semblé avoir ébranlé la position du président américain à l’égard du royaume wahhabite pour autant, alors qu’il a poursuivi sur sa lancée en saluant Riyad hier pour la baisse du prix du pétrole. « Les prix du pétrole baissent. Génial! 54 dollars, c’était 82 dollars avant. Merci à l’Arabie saoudite, mais allons encore plus bas », a-t-il écrit sur son compte Twitter. « La crédibilité de cette administration en matière de droits de l’homme est énormément ternie », observe M. Pomper. « Les hauts fonctionnaires tels que (le conseiller à la sécurité nationale John) Bolton, (le secrétaire d’État Mike) Pompeo et (l’ambassadrice des États-Unis à l’ONU Nikki) Haley aiment tous qualifier certains pays de dictatures. Ils étaient déjà perçus comme très sélectifs dans leurs critiques, mais cela en dit long », estime le spécialiste.


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commentaires (2)

Quand on décide de transiger sur sa moralité pour une cause aussi désespérée que de voir L'IRAN NPR couler , ça ressort plus de la psychopatie paranoïaque que de la raison froide . Toutes ces mesures prises contre l'Iran NPR en depit du bon sens ne sont prises que dans l'intérêt du pays USURPATEUR au détriment des usa lui même. C'est de là que viendra sans aucun doute possible l'effondrement de ce bloc. Le bon la brute et le truand.

FRIK-A-FRAK

19 h 22, le 23 novembre 2018

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Commentaires (2)

  • Quand on décide de transiger sur sa moralité pour une cause aussi désespérée que de voir L'IRAN NPR couler , ça ressort plus de la psychopatie paranoïaque que de la raison froide . Toutes ces mesures prises contre l'Iran NPR en depit du bon sens ne sont prises que dans l'intérêt du pays USURPATEUR au détriment des usa lui même. C'est de là que viendra sans aucun doute possible l'effondrement de ce bloc. Le bon la brute et le truand.

    FRIK-A-FRAK

    19 h 22, le 23 novembre 2018

  • Celui qui est aux aguets c'est Poutine.

    FRIK-A-FRAK

    23 h 10, le 22 novembre 2018

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