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À La Une - Portrait

Carlos Ghosn, bâtisseur d'empire automobile, tombe de son piédestal

L'homme d'affaires franco-libano-brésilien parcourt le monde depuis son enfance. Son itinéraire entre le Brésil, le Liban, la France, les Etats-Unis et le Japon, a fait de lui un polyglotte capable de passer facilement d'une culture à l'autre. 

Le directeur général de Nissan a annoncé, le 19 novembre 2018, son intention de proposer la mise à l’écart de Carlos Ghosn jeudi, au conseil d’administration. AFP / JOEL SAGET

Carlos Ghosn, dont Nissan va proposer le départ après une affaire de dissimulation de revenus au fisc japonais et de malversations présumées, a porté l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi au sommet de l'industrie automobile mondiale, une réussite qui lui a valu une rémunération parfois contestée.

M. Ghosn, 64 ans, est interrogé par le parquet de Tokyo qui le soupçonne de ne pas avoir déclaré la totalité de ses revenus au fisc, selon le quotidien Asahi Shimbun. Le dirigeant sera arrêté une fois ces informations confirmées, précise cette source. De son côté, Nissan a confirmé que son dirigeant avait dissimulé ses revenus au fisc, et que son départ allait être proposé.

À la tête de l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, Carlos Ghosn a touché 13 millions d'euros en 2017, selon les calculs du cabinet Proxinvest, spécialisé dans la gouvernance. Il a touché l'an dernier 7,4 millions d'euros comme patron de Renault.
A la tête du groupe au losange depuis 2005, Carlos Ghosn a conquis la confiance des actionnaires par la force des résultats obtenus tant au sein du constructeur français que de Nissan, son partenaire japonais. "Un leader est d'abord quelqu'un qui apporte de la performance", assure-t-il. L'Alliance Renault-Nissan, élargie en 2016 à Mitsubishi, est devenue numéro un mondial des ventes l'an dernier avec 10,6 millions d'automobiles écoulées. Sous l'impulsion de M. Ghosn, le groupe aux finances désormais solides a été le premier à investir massivement dans la voiture électrique, dont il est leader mondial. Après l'avoir moqué, la concurrence a suivi récemment, voyant le marché décoller.



M. Ghosn, PDG de l'Alliance et président des conseils d'administration de Nissan et Mitsubishi, est la clé de voûte d'un groupe aux équilibres subtils. Il combine des gouvernances d'entreprise distinctes, pour respecter les particularités culturelles, tout en partageant ses capacités industrielles afin de dégager des économies d'échelle comparables à celles d'une société intégrée.

Le géant industriel franco-japonais regroupe dix marques (dont Dacia, Lada, Samsung Motors, Alpine, Infiniti, Datsun...). Il compte 470.000 salariés et 122 usines sur tous les continents. Mais le fonctionnement de cet ensemble, qui repose sur des prises de participation croisées, non majoritaires, pose des questions sur sa viabilité au-delà de l'ère Ghosn.

Ce Franco-Libano-Brésilien parcourt le monde depuis son enfance. Son itinéraire entre le Brésil, le Liban, la France, les Etats-Unis et le Japon, a fait de lui un polyglotte capable de passer facilement d'une culture à l'autre. Il se décrit comme un bourreau de travail, particulièrement matinal. Au siège de Renault, à Boulogne-Billancourt près de Paris, il arrive généralement à 07h30 "après avoir déjà travaillé quelques heures".


(Repère : Cinq choses à savoir sur Carlos Ghosn, patron dans la tourmente)


"Cost killer" 
Surnommé le "cost killer" ("tueur de coûts"), il s'est fait une spécialité de transformer des entreprises au bord de la faillite en sociétés très rentables.
Son défi actuel est de superviser la remise sur pied de Mitsubishi Motors qui a été impliqué dans un scandale de fraude. Il est vénéré au Japon, où il est devenu héros de manga, depuis qu'il a redressé Nissan après sa prise de contrôle par Renault en 1999.
En France, il a parfois été accusé de privilégier les intérêts japonais ou d'avoir une gestion trop financière. Les critiques se font cependant moins fortes depuis que Renault a recommencé à créer des emplois dans le pays. Ses collaborateurs saluent son charisme et sa qualité d'écoute.

Les relations ont été parfois orageuses avec l'Etat français qui possède plus de 20% des droits de vote chez Renault. Elles semblent s'être améliorées sous le gouvernement actuel qui a soutenu sa reconduction à la tête du groupe en juin dernier, en échange d'une réduction de 30% de son salaire et de la nomination d'un numéro deux, Thierry Bolloré, appelé à lui succéder. En 2016, l'assemblée générale de Renault avait rejeté à 54% sa rémunération de 7,25 millions d'euros obtenue l'année précédente.Le gouvernement socialiste français et M. Ghosn s'étaient accrochés en 2015 sur la question des droits de vote doubles pour les actionnaires de long terme, vue par Nissan comme une atteinte aux équilibres de l'Alliance.


Cliquez sur l'infographie pour l'agrandir


Au Liban, où il maintient une présence discrète, Carlos Ghosn, qui est en train de faire construire sa résidence à Achrafié, est actionnaire d’Ixsir, la cave viticole de Batroun. Il est également associé au groupe Saradar dans des projets immobiliers notamment.

Diplômé de Polytechnique (X-Mines), ce père de quatre enfants, né au Brésil dans une famille d'origine libanaise, a débuté son parcours chez Michelin où il a gravi les échelons, jusqu'à une fonction de numéro deux. C'est en 1996 qu'il est recruté chez Renault par le patron Louis Schweitzer qui envisage d'en faire son successeur.



Carlos Ghosn, dont Nissan va proposer le départ après une affaire de dissimulation de revenus au fisc japonais et de malversations présumées, a porté l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi au sommet de l'industrie automobile mondiale, une réussite qui lui a valu une rémunération parfois contestée.M. Ghosn, 64 ans, est interrogé par le parquet de Tokyo qui le soupçonne de ne pas avoir...

commentaires (9)

Je le soutiens à fond! Une personne aussi exposée ne peut dissimuler facilement… Attention au lynchage hâtif

Jack Gardner

19 h 00, le 19 novembre 2018

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Commentaires (9)

  • Je le soutiens à fond! Une personne aussi exposée ne peut dissimuler facilement… Attention au lynchage hâtif

    Jack Gardner

    19 h 00, le 19 novembre 2018

  • Attendons chers amis (es). Carlos Ghosn n'a pas encore été jugé. Cessons de jeter les pierres ... Il à sauvé d'une faillite certaine des milliers de salariés... Merci Mme Suchi... Je vous l'homme... Sourire !

    Sarkis Serge Tateossian

    18 h 55, le 19 novembre 2018

  • Il a sauvé Renault, Nissan et maintenant Mitsubishi et en le faisant des milliers de travailleurs et leurs foyers. Ceci doit bien être pris en considération quand même. A ce compte là et si on appliquait les mêmes accusations au Liban, on n'aura probablement plus des politiciens actifs...

    Wlek Sanferlou

    16 h 42, le 19 novembre 2018

  • La plus noble valeur de l'homme est l'honnêteté. Enlevez-la, et tout l'édifice s'écroule comme château de cartes. Et les comptes bancaires n'y pourront rien.

    Remy Martin

    16 h 24, le 19 novembre 2018

  • Je ne connais pas trop les faits ...(hormis ce qui est publié dans la presse à ce jour. Il reste un homme source de fierté. Un vrai génie.

    Sarkis Serge Tateossian

    15 h 15, le 19 novembre 2018

  • Je ne veux pas faire l'avocat du diable et je comprends les difficultés économiques des petits gens, oh que oui ! Cela dit, tout est relatif... Prenons un autre Carlos, celui-ci courreur derrière un balon... Le footballeur Carlos Tevez qui gagne 38 millions d'euros par an plus des recettes publicitaires qui se comptent en plusieurs dizaines de millions .... Neymar 36 millions etc.... Il y a plein d'autres exemples. Est-il possible qu'un courreur derrière un ballon touche 10 fois plus qu'un patron qui à réussi à redresser une marque de voiture en difficulté pour la rendre numéro 1 mondial en dix ans ? En plus comme un vulgaire malfaiteur on procède à son arrestation. Étonnant.

    Sarkis Serge Tateossian

    15 h 11, le 19 novembre 2018

  • DOMMAGE QUAND ON ARRIVE CI-HAUT DE CHUTER CI-BAS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 37, le 19 novembre 2018

  • Ah ces libanais! Dommage, moi qui militais pour le voire à là tête du Liban!

    Fredy Hakim

    14 h 29, le 19 novembre 2018

  • ""Carlos Ghosn a touché 13 millions d'euros en 2017, selon les calculs du cabinet Proxinvest, spécialisé dans la gouvernance. Il a touché l'an dernier 7,4 millions d'euros comme patron de Renault."" Bien qu'il touche tous ces montants, Carlos Ghosn a scié la ""branche"" sur laquelle il était confortablement assis....

    L'ARCHIPEL LIBANAIS

    14 h 21, le 19 novembre 2018

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