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Moyen Orient et Monde - Élections de mi-mandat

Même en cas de défaite de Trump, peu d’impact sur la politique US au Moyen-Orient

Alors que les démocrates devraient l’emporter à la Chambre des représentants, c’est le Sénat qui est en charge des questions de politique étrangère.

Donald Trump haranguant ses partisans dans l’État de Géorgie. Reuters/Jonathan Ernst

C’est une échéance qui devrait avoir valeur de test pour Donald Trump. Alors que les élections de mi-mandat pour renouveler une partie du Congrès doivent se tenir aujourd’hui aux États-Unis, la plupart des sondages prédisent une victoire démocrate à la Chambre des représentants, contrairement au Sénat, qui devrait rester à majorité républicaine. Une issue possible qui contraindrait le 45e président américain à travailler de concert avec le Congrès en situation de cohabitation, à l’instar de son prédécesseur Barack Obama. Si les enjeux seraient élevés sur le plan domestique dans cette configuration, l’impact serait en revanche moindre sur la politique de l’administration Trump au Moyen-Orient, en dépit des divergences au sein du Congrès sur les dossiers régionaux, allant de la question israélo-palestinienne à l’Arabie saoudite, en passant par le Yémen et l’Iran.

« Constitutionnellement, et par la tradition, la chambre qui coordonne la politique étrangère des États-Unis est le Sénat », explique à L’Orient-Le Jour Corentin Sellin, professeur agrégé d’histoire et spécialiste de la politique américaine. « L’organe central du législatif en la matière est le comité de la politique étrangère du Sénat. C’est lui qui fixe l’agenda, avec la présidence, ou encore la ratification des traités par exemple », poursuit-il. De plus, « historiquement, les efforts déployés par le Congrès pour diriger la politique étrangère ont presque toujours échoué. Nous l’avons vu sous l’administration Bush, puis sous la seconde avec la guerre en Irak, ou encore sous Obama (sur le traité sur le nucléaire iranien) », rappelle pour sa part Perry Cammack, chercheur au programme Moyen-Orient de l’institut de recherche du Carnegie à Washington, contacté par L’OLJ.Les élus démocrates pourraient tout de même utiliser la fenêtre d’opportunité offerte par le tollé international provoqué par l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi dans le consulat de son pays à Istanbul pour remettre en question la relation privilégiée qu’entretiennent Donald Trump et le prince héritier saoudien Mohammad ben Salmane (MBS). L’administration Trump est déjà régulièrement sous le feu des critiques face à la proximité publiquement assumée avec le royaume wahhabite, entretenue notamment à coup de pétrodollars saoudiens dans des contrats d’armement aux montants faramineux. Dernièrement, l’implication de la coalition menée par Riyad et Abou Dhabi au Yémen a suscité de plus en plus d’intérêt à Washington, alors que les États-Unis fournissent une aide logistique militaire et en matière de renseignement aux Saoudiens.

Disposant d’une marge de manœuvre limitée pour recourir à des moyens de blocage classiques, les membres démocrates de la Chambre des représentants « pourraient faire des résolutions, qui seront seulement de l’ordre déclaratif », note M. Sellin. « Rien n’empêchera la Chambre de voter des textes de droit “mous”, c’est-à-dire des déclarations d’intention, de condamner la politique du président sur telle ou telle thématique, d’appeler à une inflexion, mais cela n’aura pas d’impact direct » sur la politique étrangère de M. Trump, observe-t-il. « Il peut aussi y avoir à la marge un travail de harcèlement parlementaire », ajoute-t-il.


(Lire aussi : Élections américaines : les facteurs clés)


Impact limité

Selon M. Cammack, les seules cartes dont disposent les démocrates sont « d’imposer des contraintes telles que sur les ventes d’armes et le pouvoir financier, puisque c’est le Congrès qui écrit les chèques dont l’administration a besoin pour mettre en place ses politiques ». Une stratégie qui aurait un impact toutefois limité sur M. Trump puisqu’il « base ses efforts sur la personnalité », estime-t-il. Au-delà de MBS, l’ancien magnat de l’immobilier entretient aussi des relations privilégiées avec le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, ou encore le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.

Cette configuration parlementaire complique le passage en revue de certains dossiers sur lesquels le fossé entre démocrates et républicains se creuse de plus en plus. Sur la question israélo-palestinienne, le soutien à l’État hébreu se réduit particulièrement chez les jeunes démocrates sous la houlette de Bernie Sanders, laissant entrevoir des divisions internes. La reconnaissance par Washington de Jérusalem comme capitale officielle de l’État hébreu en décembre 2017 et le transfert de l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem en mai dernier sont cependant des mesures difficilement réversibles aujourd’hui. « Certains membres du Congrès pourraient hausser la voix un peu plus sur l’Unrwa (l’office de secours de travaux de l’ONU pour les réfugiés de Palestine au Proche-Orient) ou l’USaid (l’agence des États-Unis pour le développement international) pour remettre en place une partie du financement » suspendu par Washington, estime M. Cammack. En août dernier, la Maison-Blanche a annoncé l’annulation d’une aide à hauteur de 200 millions de dollars à USaid et de tous les financements destinés au programme principal de l’Unrwa.

Des difficultés similaires devraient se faire sentir sur le dossier iranien alors que de nouvelles sanctions américaines sont entrées en vigueur hier contre Téhéran, dans le cadre du détricotage de l’accord sur le nucléaire iranien de 2015, balayé d’un revers de main par Donald Trump en mai dernier. Considérée comme une erreur majeure par les démocrates, ces derniers disposent de peu d’option pour contrer la décision du locataire de la Maison-Blanche là où l’appui du Sénat serait nécessaire pour permettre un allègement des sanctions. « Seulement si la situation dégénère et que l’on se retrouve face à une possible confrontation militaire entre l’Iran et les États-Unis, ce qui est peu probable, alors la Chambre des représentants pourrait légiférer pour restreindre une intervention militaire sans l’approbation du Congrès », remarque M. Cammack.



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commentaires (4)

Vous venez de soulager pas mal de monde Mme Kebbi! Désolé de vous contredire , les ennemis de trump-pète au moyen orient n'en voudrait pas d'un autre clown que lui , les démocrates, les républicains etc... où est la différence ? c'est pas eux qui décident en dernier .

FRIK-A-FRAK

10 h 52, le 06 novembre 2018

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Commentaires (4)

  • Vous venez de soulager pas mal de monde Mme Kebbi! Désolé de vous contredire , les ennemis de trump-pète au moyen orient n'en voudrait pas d'un autre clown que lui , les démocrates, les républicains etc... où est la différence ? c'est pas eux qui décident en dernier .

    FRIK-A-FRAK

    10 h 52, le 06 novembre 2018

  • CES ELECTIONS DE MI-CHEMIN N,AURONT AUCUN IMPACT SUR LA POLITIQUE ETRANGERE DE TRUMP. CEUX QUI Y ESPERENT ... REVENT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 50, le 06 novembre 2018

  • Oui il faut limiter le pouvoir du président us car les usa ont eu deux , voire trois, présidents catastrophiques sur la scène internationale : Le maître incontesté en la personne de George w Bush ( champion toutes catégories confondues) et le second moins dangereux car plus intelligent (mais imprévisible) Donald Trump. Il y en a un 3e hors catégorie : Obama surnommé le statique ....

    L’azuréen

    08 h 34, le 06 novembre 2018

  • OK avec cette analyse... Sauf que Mr Cammack, prend pour acquis que les démocrates ne pourraient jamais avoir une majorité au sénat! On pourrait avoir des surprises, et alors toute cette analyse devrait être revue dans le sens d’un changement majeur dans la politique de Trump au Moyen-Orient et le reste du monde! À suivre dans les prochains jours...

    Saliba Nouhad

    02 h 00, le 06 novembre 2018

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