Le festival Maskoon se poursuit jusqu’à dimanche au cinéma Metropolis-Empire Sofil. Photo Facebook/Maskoon
La censure a encore frappé de plein fouet le domaine du cinéma au Liban avec l’interdiction de deux films, un long et un court métrage, programmés dans le cadre du festival Maskoon, unique manifestation culturelle dans le monde arabe à se spécialiser dans les films fantastiques, l’horreur, la science-fiction ou encore le thriller.
C’est le très acclamé Climax, du réalisateur français Gaspar Noé, ainsi que le court métrage Nocturnal Deconstruction de la Libanaise Laura el-Alam qui ont fait les frais du bureau de la censure, sans que les raisons ne soient clairement expliquées à la directrice du festival, Myriam Sassine.
« Quand j’ai demandé à la censure de me donner les raisons pour lesquelles ces films étaient interdits de projection, on ne m’a même pas répondu. C’est en lisant la presse qui a pu, elle, obtenir une réponse de la censure que j’ai appris pourquoi ces films ont été censurés », a confié Mme Sassine à L’Orient-Le Jour. Lancé le 31 octobre, le festival Maskoon se poursuit jusqu’à dimanche au cinéma Metropolis-Empire Sofil, à Achrafieh.
« Climax a été interdit parce que considéré comme portant atteinte à la pudeur. Ce film relate l’histoire d’un groupe de danseurs qui répètent une chorégraphie. Sauf que du LSD est glissé dans leur sangria, ce qui les emporte dans un cauchemar psychédélique. Certes, Gaspar Noé est controversé, mais notre festival s’adresse à un public averti et le film devait être projeté à 22h30. De plus, il n’y a rien d’explicite là-dedans », a souligné la directrice du festival.
Nocturnal Deconstruction raconte pour sa part l’histoire d’une jeune femme déprimée qui essaie une pilule censée la débarrasser de la mauvaise estime de soi. « Dans le court métrage, la censure a retrouvé une relation entre la drogue et l’orgasme sexuel. Mais il ne s’agit pas du tout du sujet du film », a expliqué Mme Sassine à L’OLJ. « Cette censure est absolument absurde, mais malheureusement, nous n’y pouvons rien », a-t-elle ajouté.
Myriam Sassine affirme que la censure « a porté un coup » au festival Maskoon, notamment avec l’interdiction de Climax. « Climax est un film multiprimé, récompensé entre autres par la Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes. On a bataillé pour pouvoir l’obtenir et on a payé très cher pour l’avoir dans notre festival afin qu’il soit finalement censuré, a confié la directrice. Outre les pertes financières, nous avons sans doute perdu un public qui voulait le voir. On ne s’attendait pas du tout à ce que ce film pose problème. On a été très étonnés qu’il soit censuré. »
La directrice de Maskoon considère également qu’il est « triste » que de jeunes réalisateurs libanais soient censurés. « Nocturnal Deconstruction est le projet de fin d’études de Laura el-Alam. La censure a décidé que ce film incitait à la drogue. Mais ce n’est pas parce qu’on voit quelqu’un se droguer ou tuer dans un film qu’on va forcément le faire dans la vraie vie. Il ne faut pas s’habituer à la censure et se dire que c’est normal que ça arrive au Liban », a-t-elle souligné.
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Personnellement suis favorable à interdire ce type de film dans un festival qui promeut la catégorie fantastique. Selon le descriptif que j'ai découvert dans l'article, les 2 films s'inscrivent plutôt, dans la catégorie "films d'horreurs".
17 h 29, le 04 novembre 2018