Rechercher
Rechercher

Liban - Interview express

Bou Assi : Nos alliés les plus solides seront à l’extérieur du cabinet

Pierre Bou Assi.

Si le cœur était quelque part à la non-participation au nouveau gouvernement, compte tenu du résultat des tractations, c’est la raison qui a prévalu à Meerab, l’objectif étant de ne pas céder aussi facilement des positions, à l’heure où les Forces libanaises gardent le cap sur la question qui les préoccupe le plus, celle de la préservation du périmètre de souveraineté du pays, mais aussi sur la volonté d’instaurer par la pratique un style réformiste dans la gestion des affaires publiques. Pour le ministre sortant des Affaires sociales Pierre Bou Assi, en dépit des tentatives de mettre son parti au pied du mur et de le bouter hors du nouveau cabinet, et si l’accord de Meerab n’a pas été respecté, les FL refusent toutefois « d’entrer dans une logique de hargne ou de vengeance ».


Pourquoi avoir décidé de prendre part au gouvernement sachant que celui-ci aurait pu se former sans vous ?

Nous sommes très inquiets de la manière dont le pays est géré. Il y a un manque de vision, une peur, une mollesse dans la gestion des affaires de l’État. Nous ne parvenons pas à récupérer la confiance de la communauté internationale ni celle, plus importante encore, du citoyen. Une option aurait pu être de protester contre cette situation en nous abstenant de participer au cabinet, d’autant plus que ce qui nous est proposé est nettement en deçà de notre représentation populaire et parlementaire. Faut-il rappeler que nous sommes le seul parti à avoir vu son bloc doubler de taille lors des législatives ?

En même temps, nous savons que les gens ont vu comment nous avons agi au niveau des ministères qui nous ont été confiés et au niveau du gouvernement. Et ils nous ont témoigné leur reconnaissance, mêlée d’espoir. Nous avons donc choisi de rester fidèles à l’attente des gens.

Il n’est pas possible de produire un changement de régime, mais un changement au niveau de la pratique est possible, et cela nous ne pouvons le faire que par l’exemple, c’est-à-dire en restant actifs au sein du gouvernement.

Il est vrai que tout a été fait pour nous mettre au pied du mur ou nous sortir du gouvernement. Mais nous refusons d’entrer dans une logique de hargne ou de vengeance. Nous ne sommes pas non plus dans une logique d’opposition de l’intérieur, puisque nous ne comptons pas nous opposer à tout sur toute la ligne. Notre position et notre action au sein du gouvernement sont dans la continuité du précédent gouvernement.


(Lire aussi : Gouvernement : sprint final... sauf accident de parcours)


Qui sont vos alliés au sein du futur cabinet ? Et quid de l’accord de Meerab? Cela sachant que tous étaient prêts à accepter votre absence du cabinet…

Il est vrai que les Forces libanaises gênent beaucoup de gens. Nous sommes intraitables sur les questions de gestion des deniers publics, la planification des projets de développement, sans compter notre attachement à la souveraineté du pays, au pluralisme, à la démocratie… Tel est notre système de valeurs.

Aujourd’hui, nous considérons que notre allié le plus solide sera à l’extérieur (NDLR : l’opinion publique). Nous n’avons pas d’alliés acquis à l’intérieur. Nous comptons sur nous-mêmes. Toute partie ou personne au sein du cabinet qui croit en nos constantes, nous nous rallierons à elle, et toute partie ou personne qui n’y croit pas, nous lui ferons face, indépendamment de son identité.

Notre action ne sera pas définie en réaction aux autres, mais par ce que nous dictent nos valeurs : la défense de l’État de droit et de sa souveraineté.

Pour ce qui est de l’accord de Meerab, toutes les alliances nécessitent au moins deux personnes. Nous avons respecté notre part du marché, à savoir les trois volets de l’accord : l’élection de Michel Aoun à la présidence de la République, l’entente sur les modalités de gestion des affaires internes du pays et sur les constantes politiques (stratégiques, NDLR). Nous avons respecté notre engagement. Si l’autre partie ne l’a pas fait – et les gens en jugeront –, c’est son problème. S’il y a un retour aux termes de l’accord, notamment pour ce qui est des constantes politiques, nous serons toujours là.


(Lire aussi : Les FL officialisent les noms de leurs quatre ministrables)


Vous évoquez votre engagement souverainiste : comment doit-il se traduire, d’autant que la coloration du gouvernement s’annonce plus près du Hezbollah ?

Je pense sincèrement qu’aucune partie ne peut prétendre dominer le gouvernement ou le pays. Le Liban est un pays pluraliste, aucun parti ne peut dominer l’autre, à moins que les autres, s’ils n’en sont pas complices, le tolèrent, que ce soit par nonchalance, par faiblesse ou parce que leurs priorités sont ailleurs.

Aujourd’hui, si toute la classe politique va ramper devant le Hezbollah ou devant un retour du régime syrien au Liban, il y a au moins une composante qui ne va pas aller dans ce sens : les FL. Nous attendrons de voir les autres.

Cela dit, ce n’est pas pour éviter le scénario post-Taëf (la mise au ban des FL de la vie politique après leur refus d’intégrer le gouvernement sous la tutelle syrienne, NDLR) que nous avons intégré le gouvernement, puisque la configuration politique n’est pas la même. Je peux comprendre néanmoins que certains fassent le parallèle avec le début des années 1990. Le traumatisme est resté dans les mémoires collectives. En ce qui nous concerne, nous l’avons surmonté.




Lire aussi

Coup de théâtre : le Hezbollah ressort de son chapeau le lapin sunnite...

Nouveau cabinet : participation problématique du Hezbollah

Gouvernement : sommes-nous dans la dernière ligne droite ?

Le Hezbollah tient-il tellement à représenter les sunnites du 8 Mars ?


Pour mémoire

Le CPL commence à envisager un cabinet sans les FL

Gouvernement : ultimes retouches et spéculations internationales

L’Iran est derrière le blocage gouvernemental, pour les milieux souverainistes, l'éclairage de Philippe Abi-Akl

En attendant le gouvernement, Berry veut (ré)activer le Parlement

Joumblatt à « L’OLJ » : Je n’ai pas de problème avec Saad Hariri

Vers un cabinet avant la fin du mois ?

L’attribution d’une quote-part ministérielle au président est-elle constitutionnelle ?

Gouvernement : le bras de fer avec les FL « remonte » à Baabda

Si le cœur était quelque part à la non-participation au nouveau gouvernement, compte tenu du résultat des tractations, c’est la raison qui a prévalu à Meerab, l’objectif étant de ne pas céder aussi facilement des positions, à l’heure où les Forces libanaises gardent le cap sur la question qui les préoccupe le plus, celle de la préservation du périmètre de souveraineté du...

commentaires (5)

et depuis quand , dans le tiers monde ou le liban evolue, depuis quand le "peuple" a son mot a dire ? l'appui de celui-ci reste tres hypothétique, aleatoire & pour le moins inutile.

Gaby SIOUFI

16 h 26, le 30 octobre 2018

Tous les commentaires

Commentaires (5)

  • et depuis quand , dans le tiers monde ou le liban evolue, depuis quand le "peuple" a son mot a dire ? l'appui de celui-ci reste tres hypothétique, aleatoire & pour le moins inutile.

    Gaby SIOUFI

    16 h 26, le 30 octobre 2018

  • position et declarations toutes discutables , mais pas dans le sens negatif du terme.

    Gaby SIOUFI

    16 h 23, le 30 octobre 2018

  • les FL ont du mal à comprendre que le passé de leur chef et ses actions “héroïques” chez les familles Frangié, Chamoun et dans la montagne du chouf leur causent beaucoup de torts.

    Fredy Hakim

    11 h 42, le 30 octobre 2018

  • LES F.L. AVEC LES KATAEBS, LE PNL ET LE FUTUR SONT LES SEULS PARTIS SOUVERAINISTES SUR LA SCENE LIBANAISE. LES F.L. ONT QUELQUE CHOSE DE PLUS SPECIAL SUR TOUS LES AUTRES... L,HONNETETE ET LA DROITURE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 35, le 30 octobre 2018

  • « Madam, wherever I sit is the head of the table. » Repris par le chef des FL aujourd’hui pour justifier la participation au cabinet. Dommage, il sera trop loin pour se faire comprendre. Que les FL ne se comparent pas à celui qui, quarante ans après l’accident de Tonypandy disait « I had a great horror and fear of having to become responsible for the military firing on a crowd of rioters and strikers. » Ils pourraient le faire. Leur premier pas est pris. Ils s’installent autour de cette table qui coûtera...

    Evariste

    00 h 58, le 30 octobre 2018

Retour en haut