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Liban - Initiative

Le pari gagnant-gagnant de Minjara : reconnecter les jeunes designers avec les artisans menuisiers à Tripoli

Chaleureusement accueilli par la communauté des designers et des artisans, ce projet vient appuyer les espoirs des concepteurs, des menuisiers et des vendeurs de meubles.

L'espace Minjara, à la Foire Rachid Karamé de Tripoli, vise à renforcer l’industrie du meuble au Liban. Photo DR

C’est dans une atmosphère particulièrement créative que s’est ouvert, mercredi, l’espace Minjara (« établi du menuisier » en arabe) à la Foire Rachid Karamé de Tripoli. Le projet est financé par l’Union européenne et mis en œuvre par Expertise France en collaboration avec l’Association des industriels libanais (ALI), dans le but de renforcer l’industrie du meuble au Liban. Il devrait permettre à Tripoli, qui est historiquement le centre de la menuiserie au Liban et qui dispose d’un port en eau profonde permettant l’importation de bois et l’exportation de produits manufacturés, de retrouver un nouvel élan dans ce domaine. Pour Frédéric Anquetil, représentant l’entreprise Terea qui s’occupe du volet opérationnel du projet, cette initiative est à la fois un « outil et un lieu d’inspiration pour redynamiser l’artisanat du meuble au Liban ». Concurrencée par les marchés turc et chinois, la vente de meuble libanais chute depuis des années et souffre de multiples difficultés. Pour Ahmad al-Rahmoun, un menuisier de Tripoli, « Minjara va apporter de nouvelles idées pour mon commerce ».

Chaleureusement accueilli par la communauté des artisans et designers, ce projet vient appuyer les espoirs des concepteurs, des menuisiers et des vendeurs de meubles. Actuellement, 780 menuisiers venus du Nord, de Beyrouth et ses banlieues sont inscrits sur la plateforme, et le projet emploie huit salariés à mi-temps.


Un lieu porteur d’inspirations

La localisation du bâtiment a été mûrement réfléchie par les initiateurs du projet. La plateforme Minjara est installée dans un lieu porteur d’inspiration, le complexe architectural de la Foire internationale Rachid Karamé, imaginé par le célèbre architecte brésilien Oscar Niemeyer. Ce choix répond au souhait de Frédéric Anquetil d’éviter l’isolement vis-à-vis de Beyrouth. Situé à l’entrée de Tripoli, l’espace est facile d’accès par la route en venant de la capitale. Car l’un des objectifs de cette mise en commun des compétences est également de rapprocher les deux centres économiques du pays autour de l’artisanat.


Atelier partagé

L’espace – d’une superficie de 1 500 mètres carrés – commence par l’accès à une bibliothèque de matériaux textures et couleurs, unique au Liban. Cette réserve permet surtout aux menuisiers libanais, qui souffrent de l’absence de renouveau de leurs gammes, de découvrir de nouvelles tendances dans un contexte multigénérationnel. S’adressant aux étudiants, jeunes architectes, professionnels de la menuiserie traditionnelle et vendeurs, la plateforme développe des formations et partenariats avec des écoles d’architecture et de design tout en accueillant les artisans libanais.

Selon Jihad Toros, un menuisier libanais, « on ne manque pas d’idées au Liban, mais nous avons besoin de nouvelles tendances ». Séduit par ce projet, il espère « apprendre de l’expérience des autres menuisiers et designers ». Jérôme Kallab, un jeune architecte d’intérieur, indique, pour sa part, que la plateforme lui permet de montrer son travail pour la première fois et d’envisager une production future. Le projet met aussi à la disposition des menuisiers un espace de projection afin de permettre aux participants de procéder à des réflexions de façon collective. Par ailleurs, deux opérateurs de dessin assisté par ordinateur (un professeur et un étudiant) proposent des démonstrations créatives aux visiteurs.


Accompagnement technique

Plus loin, une dizaine de machines composent l’atelier de fabrication collectif. Importés d’Europe et souvent de seconde main, certains équipements sont même uniques au Liban. Nada al-Chahal, directrice du projet Minjara, déplore les conditions de travail des petits ateliers traditionnels des menuisiers libanais : locaux vétustes, généralement situés en sous-sol, absence d’équipements pour protéger les opérateurs des poussières et des solvants, et carence en termes d’équipements. Alors que la plupart des ateliers ne disposent pas de plus de deux machines, la mise à disposition d’un atelier moderne permet aux fabricants de diviser les étapes de production afin d’améliorer la qualité et la quantité de leurs produits. Le projet permet de diminuer les carences technologiques de la production de meubles au Liban. Pour Frédéric Anquetil, le rythme de production, c’est « l’arme de bataille économique aujourd’hui ». Ali, un jeune ingénieur libanais embauché à mi-temps, mettra en place prochainement des formations aux équipements pour les menuisiers. Pour lui, « c’est une révolution pour la production de meubles ». Par ailleurs, le souci environnemental s’illustre à tous les niveaux du processus de fabrication : un système de ventilation évite toute pollution de l’atelier, tandis que les chutes de bois sont récoltées et utilisées pour alimenter les chaudières.

Enfin, une salle d’exposition permet aux créateurs de faire connaître leurs produits dans un souci d’amélioration du réseau de distribution au Liban. Le but de Minjara et de fabriquer trois gammes de production d’ici à six mois.

C’est dans une atmosphère particulièrement créative que s’est ouvert, mercredi, l’espace Minjara (« établi du menuisier » en arabe) à la Foire Rachid Karamé de Tripoli. Le projet est financé par l’Union européenne et mis en œuvre par Expertise France en collaboration avec l’Association des industriels libanais (ALI), dans le but de renforcer l’industrie du meuble...

commentaires (4)

TRES BONNE INITIATIVE !

LA LIBRE EXPRESSION

11 h 53, le 30 octobre 2018

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Commentaires (4)

  • TRES BONNE INITIATIVE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 53, le 30 octobre 2018

  • Le bois possède beaucoup de bonnes qualités. J'éspère que ce centre d'artisans menuisiers sert pour donner des informations sur ce qui est possible ... Aussi une remarque : comme tourist j'ai vu qu'il y avait de très beaux pièces d'artisanat en bois à Tripoli et en marchant (et me perdant) dans le souk de Tripoli j'ai cherché mais je n'ai pas pu trouver, sauf à quelques monuments historiques, j'ai trouvé du savon et bijouterie mais pas d'atéliers de bois que j'ai donc raté malheureusement : par contre c'était clair sur des photos disponibles dans les guides touristiques qu'il y a là-bas à Tripoli de très belles pièces en bois (des plafonds en bois ?).

    Stes David

    10 h 38, le 30 octobre 2018

  • Belle initiative et un support important pour l'artisanat local. Bravo

    Sarkis Serge Tateossian

    07 h 50, le 30 octobre 2018

  • Puisqu on y est , pourquoi ne pas viser plus loin encore .... Allez vers le fond , à l exemple de l instauration d une École Boulle qui est un établissement public d'enseignement à la fois une école supérieure des arts appliqués et un lycée des métiers d'art, de l'architecture intérieure et du design. Elle est située au 9-21, rue Pierre-Bourdan dans le 12e arrondissement de Paris (France). Elle est nommée ainsi par référence à l'ébéniste André-Charles Boulle.....Véritable école d art parisienne elle a pour mission principale l’EDUCATION , afin de mettre en valeur l'humain et l'ouverture sur le monde....

    Menassa Antoine

    01 h 54, le 30 octobre 2018

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