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Liban - Droits des femmes

Campagne sur la nationalité : un projet de loi existe, alors pourquoi ces atermoiements ?

La campagne « Ma nationalité, un droit pour moi et ma famille » a tenu une conférence de presse hier pour faire le point et lancer un émouvant film à base de témoignages.

Karima Chebbo, coordinatrice de la campagne pour que les Libanaises puissent transmettre leur nationalité, lors de la conférence de presse d'hier.

Cela fait d’innombrables années que le combat est le même, sans percées significatives : les Libanaises sont toujours privées du droit de transmettre leur nationalité à leurs enfants nés d’un père étranger ou à leur conjoint. C’est un ras-le-bol et un appel à l’action qui ont donc été exprimés par la coordinatrice de la campagne « Ma nationalité, un droit pour moi et ma famille », Karima Chebbo, hier, lors d’une conférence de presse à Beyrouth. Ras-le-bol d’autant plus fort qu’un projet de loi existe bel et bien au Parlement.

« Au cours d’une récente réunion-bilan au Parlement, nous avons soulevé le sujet de l’octroi du droit de transfert de la nationalité aux femmes, explique Karima Chebbo à L’Orient-Le Jour. Et nous aimerions rappeler à toutes les parties politiques qu’il existe un projet de loi présenté par le bloc du Rassemblement démocratique, précisément par le député Hadi Abou Hosn, qui propose de réformer la loi sur l’octroi de la nationalité de manière à accorder ce droit aux femmes vivant au Liban, mais aussi aux descendants de femmes libanaises dans la diaspora. Nous estimons que ce projet de loi est valable et répond aux attentes des Libanaises dans ce domaine. »


(Lire aussi : Les Libanaises peuvent désormais demander un extrait d’état civil personnel pour leurs enfants)


La loi sur la nationalité date de 1925 et accorde à l’homme libanais le droit de transmettre sa nationalité à sa femme étrangère et ses enfants, sans conditions particulières. Le texte ne mentionne même pas la femme libanaise qui se trouverait dans la même situation. Un récent texte sur la restitution de la nationalité aux émigrés d’origine libanaise a également exempté ceux qui descendent de femmes libanaises.

Aujourd’hui, les militantes de la campagne sont déçues par leurs contacts avec les parties politiques. « Nous avons entendu beaucoup de promesses durant la campagne électorale en prévision des élections législatives de mai dernier, souligne Karima Chebbo. Nous leur avons expliqué que si la question est compliquée à aborder, nous pouvons leur transmettre un texte de loi. Nous pensons que si leurs promesses avaient une quelconque crédibilité, ces forces politiques les auraient déjà traduites en actions. Mais ce n’est pas le cas. »

Karima Chebbo estime que certaines forces politiques « craignent de froisser des alliés », d’autres « préfèrent évoquer des alternatives comme une carte verte ou un passeport spécial, etc. ». « Nous rejetons toutes ces solutions, affirme-t-elle. Nous n’accepterons que l’égalité complète entre les hommes et les femmes, sans exception. »


(Lire aussi : Transmission de la nationalité : HRW plaide auprès de Aoun pour la fin de la discrimination)


Une journée avec les principaux concernés

Priver la femme de transmettre sa nationalité libanaise à ses enfants nés d’un père étranger a de nombreuses répercussions sur leur vie : libanais de fait et de cœur, ils sont condamnés à vivre dans leur pays comme des étrangers. Avec tous les inconvénients que cela entraîne, comme les cartes de séjour qu’il faut renouveler périodiquement, l’interdiction de faire certaines études et de pratiquer certains métiers…

Un film de huit minutes présentant les difficiles circonstances de vie de ces enfants de mères libanaises mariées à des étrangers a été présenté par la campagne au cours de la conférence de presse d’hier. Karima Chebbo précise que « les témoignages ont été récoltés auprès de personnes de backgrounds très différents afin de montrer que pour tout le monde, la souffrance est la même ». Elle souligne que « le réalisateur a passé une journée avec chacun des témoins pour bien cerner tous les problèmes auxquels ils font face ».

Dans ce film intitulé Mère patrie… Liban, produit par la campagne et par le Collectif pour la recherche et le développement (CRTDA) et signé Élias Naïm Salamé, un jeune homme nommé Bassam s’écrie : « Elle n’a pas le droit de me donner sa nationalité ! Or ce n’est pas une loi qui doit te dicter qui tu peux épouser ! » Un autre, Kinan, affirme : « Je fais partie de ces personnes dont la mère est libanaise et qui ne connaissent pas d’autre pays. » « J’aurais beaucoup aimé travailler dans le secteur public », dit encore une jeune fille prénommée Joëlle. Et la jeune Sana de renchérir : « J’aurais eu tant de choses à donner au Liban s’il avait accepté de me considérer comme une de ses citoyennes ! » De jeunes Libanais que rien ne différencie de leurs compatriotes, mais qui souffrent en silence dans l’indifférence générale…



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Cela fait d’innombrables années que le combat est le même, sans percées significatives : les Libanaises sont toujours privées du droit de transmettre leur nationalité à leurs enfants nés d’un père étranger ou à leur conjoint. C’est un ras-le-bol et un appel à l’action qui ont donc été exprimés par la coordinatrice de la campagne « Ma nationalité, un droit pour...

commentaires (2)

Tout ce qui vient améliorer les droits des femmes est la bienvenue. L'égalité hommes-femmes remet les pendules à l'heure. L'honneur de l'homme se manifeste dans le respect de cette égalité.

Sarkis Serge Tateossian

12 h 24, le 27 octobre 2018

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Commentaires (2)

  • Tout ce qui vient améliorer les droits des femmes est la bienvenue. L'égalité hommes-femmes remet les pendules à l'heure. L'honneur de l'homme se manifeste dans le respect de cette égalité.

    Sarkis Serge Tateossian

    12 h 24, le 27 octobre 2018

  • L,ABRUTISSEMENT DOIT CESSER. LA FEMME DOIT AVOIR LES MEMES DROITS... TOUS LES DROITS... DE L,HOMME Y COMPRIS LE DROIT DE DONNER SA NATIONALITE A SON CONJOINT ET SURTOUT A SES ENFANTS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 42, le 27 octobre 2018

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