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Liban - Vie politique

Saydet el-Jabal accuse le Hezbollah d’imposer la « dhimmitude »

Lors d’un colloque organisé finalement à Furn el-Chebbak, le Rassemblement a annoncé « une dynamique de communication en vue de stimuler le courant souverainiste transcommunautaire ».

Farès Souhaid lors de son intervention, hier, au Club de la presse. Photo ANI

C’est finalement au Club de la presse, à Furn el-Chebbak, que le Rassemblement de Saydet el-Jabal, présidé par l’ancien député Farès Souhaid, a tenu son colloque sur le rejet de la tutelle iranienne, intitulé « Libérer la décision nationale de la tutelle iranienne pour la préservation de la Constitution et du vivre-ensemble ». Ce titre est à l’origine de l’annulation à deux reprises de la conférence qui devait se tenir le 7 octobre à l’hôtel Le Bristol et, le 20 octobre, à l’hôtel Genifor Rotana, mais que les administrations respectives des deux établissements ont annulée in extremis, vraisemblablement à la suite de pressions. L’événement a réuni près d’une centaine de personnes, parmi lesquelles notamment l’ancien ministre Charles Rizk, l’ancien député Ahmad Fatfat, représentant l’ex-Premier ministre Fouad Siniora, ainsi que des représentants de l’ex-président Michel Sleiman, du chef des Kataëb, Samy Gemayel, et de nombreux activistes.

Premier à prendre la parole, M. Souhaid a donné lecture du rapport annuel du Rassemblement de Saydet el-Jabal, qui « rejette la logique de la protection interne proposée », expliquant que « cette proposition suggère de reconnaître la tutelle de l’État par un parti (le Hezbollah) qui s’arroge le pouvoir de décider du destin des Libanais, en contrepartie de la protection qu’il leur fournit contre le radicalisme islamique, de l’accession de leur leader à la présidence de la République, de la répartition des postes et des parts de butins et de l’autorisation donnée à la classe politique d’exercer le pouvoir en outrepassant l’accord de Taëf ». Voyant dans cette équation « une dhimmitude et une humiliation », le chef du Rassemblement a prôné « le rôle de l’État, de la Constitution, de la loi et de l’armée dans la protection des Libanais ».


(Lire aussi : « Préservez les libertés pour préserver le Liban ! »)


Le document lu par M. Souhaid met par ailleurs l’accent sur la nécessité pour les responsables chrétiens d’ « axer leur discours politique sur des choix stratégiques basés sur des constantes nationales, plutôt que d’adopter des positions ponctuelles servant leurs intérêts sectaires ou personnels ». « L’heure est aux choix engageant le destin du pays, et non à la logique attentiste et aux calculs étriqués qui empêchent de bâtir une patrie définitive pour tous ses fils », a-t-il ajouté.

M. Souhaid a par ailleurs estimé que « la théorie du resserrement des rangs conduisant à un unilatéralisme chrétien ou à un tandem accaparant (en allusion à l’entente de Meerab), à l’instar du tandem chiite, n’est qu’une recette magique pour stériliser la composante chrétienne et lui ôter toute vitalité politique ».

Le président de Saydet el-Jabal a également mis en garde contre « l’alliance des minorités dans la région, qui contredit l’intérêt de la majorité arabe et les enseignements du Saint-Siège, et met les chrétiens du Levant en état de confrontation avec l’arabité ». « En tant que chrétiens du Levant, nous devons nous solidariser avec nos frères musulmans dans cette région parce que nous appartenons tous à une civilisation de dialogue qui respecte la diversité ». M. Souhaid a enfin annoncé le lancement d’ « une dynamique de communication et de solidarité entre les partenaires de la nation en vue de stimuler le courant souverainiste transcommunautaire, transrégional et pluripartisan ».

Quant au manifeste exprimant l’objectif du colloque, c’est l’économiste Toufic Gaspard qui en a donné lecture. « Nous voulons nous mobiliser pour lever la tutelle de l’Iran sur la décision militaire, politique et nationale », a-t-il souligné, avant d’expliciter : « Nous voulons bâtir un État indépendant, libéré de toute ingérence étrangère dans la décision des pouvoirs publics et au sein duquel les forces militaires légales détiendraient seules les armes. » Il a en outre exprimé la volonté du Rassemblement d’ « édifier un État démocratique, qui impose à tous les pouvoirs de rendre des comptes et de respecter les droits de l’homme, les libertés individuelles et l’égalité ».


(Lire aussi : La bataille des libertés au Liban, suite sans fin...)


« Le registre le plus noir »

Le journaliste Saad Kiwan a évoqué à ce propos l’état des libertés dans le pays, affirmant que « le régime actuel s’inscrit dans le registre le plus noir aux plans des droits de l’homme et des libertés politiques et d’expression », se demandant « pourquoi un parti surarmé (le Hezbollah) ne peut tolérer une opposition qui se manifeste à travers la parole (en référence aux pressions ayant conduit auparavant à l’annulation de la conférence). Et M. Kiwan de déplorer par ailleurs « les arrestations quasi quotidiennes d’activistes sur les réseaux électroniques », appelant les ordres professionnels, notamment l’ordre des avocats, à « faire face à la tentative de musellement des voix ».

Un débat s’est ensuite ouvert, dans lequel l’ancien ministre Charles Rizk est notamment intervenu, estimant qu’ « un régime démocratique ne peut s’établir en l’absence d’une majorité et d’une minorité transcommunautaires ». M. Rizk a donné à ce propos l’exemple d’une majorité formée de Pierre Gemayel (maronite), Rachid Karamé (sunnite), Sabri Hamadé (chiite) et Kamal Joumblatt (druze), et d’une minorité composée de Camille Chamoun et Raymond Eddé (maronites), Saëb Salam (sunnite) et Kamel el-Assaad (chiite), sous le mandat de l’ancien président de la République Fouad Chehab.

Quant à Ahmad Fatfat, il a estimé qu’ « il ne s’agit pas de la tutelle de l’Iran, mais de l’hégémonie d’un parti libanais (le Hezbollah) sur les autres partis du pays et sur le Parlement ». À propos du « tandem chiite » évoqué par M. Souhaid, M. Fatfat a affirmé qu’ « en réalité, il n’y a pas de tandem puisque nous nous trouvons sous le pouvoir d’un parti unique ».


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commentaires (3)

Toufic Gaspard c’est celui qui essayait de créer une panique par rapport à la Livre libanaise? Quel est le véritable moteur de ce cercle ? Travaillent ils pour le progrès réaliste ou pour le « chaos constructeur »?

Sam

12 h 22, le 22 octobre 2018

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Commentaires (3)

  • Toufic Gaspard c’est celui qui essayait de créer une panique par rapport à la Livre libanaise? Quel est le véritable moteur de ce cercle ? Travaillent ils pour le progrès réaliste ou pour le « chaos constructeur »?

    Sam

    12 h 22, le 22 octobre 2018

  • DES PAROLES... DES SOUHAITS... ET PUIS RIEN !

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 16, le 22 octobre 2018

  • a moins de me tromper, brillent par leur absence les chefs de partis et/ou leurs representants (kataeb exceptes) , beaucopup de journalistes & autres penseurs 14 Marsistes absences indiquant sans nul doute l'abdication totale a vali fakih, pour des raisons soit-disant ""hautement strategiques"" . TRISTE realite .

    Gaby SIOUFI

    11 h 46, le 22 octobre 2018

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