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Liban - Citoyen grognon

N’oubliez pas les femmes

Après avoir longtemps été écartées de la vie publique et politique, les Libanaises espèrent. Elles espèrent que les chefs politiques ne les oublieront pas. Qu’ils les intégreront au gouvernement qui promet de voir le jour incessamment. Non pas timidement, par une faible représentation de deux ou trois femmes. Mais en force. Comme participantes efficaces à la vie politique. Comme membres actives de la société. Comme femmes de pouvoir engagées dans le développement de leur pays. Comme citoyennes à part entière, capables de prendre des décisions, même difficiles.

Ces six dernières années, alors que les législatives se faisaient attendre, elles n’ont pas démérité, les femmes du Liban. Elles se sont mobilisées sur tous les fronts pour une meilleure représentation au Parlement. Elles ont multiplié les formations pour être à la hauteur. Elles ont milité auprès des parlementaires pour que la nouvelle loi électorale comporte des quotas féminins. Elles ont joué des coudes auprès des partis politiques pour figurer sur leurs listes électorales. Elles ont absolument tout donné pour être élues.

Mais les résultats ont été plus que décevants. Lamentables même. Non seulement les hommes politiques ont refusé l’instauration des quotas féminins, mais c’est avec une grande réticence et sur le bout des lèvres qu’ils ont inclus des femmes sur leurs listes électorales. Juste quelques-unes, histoire de faire taire les voix discordantes. Sans vraiment les encourager ni leur faire la moindre promotion électorale.

Résultat, seules six femmes représentent aujourd’hui plus de la moitié de la population, au sein d’un Parlement de 128 députés. Maigre lot de consolation, au bout de six ans de lobbying continu initié par l’association Women in Front. Pas de quoi pavoiser ni envisager le moindre assouplissement d’une législation honteusement discriminatoire à l’égard de la Libanaise.

Une raison de plus pour les femmes du Liban de poursuivre leur lutte, de réclamer une rectification du tir dans le prochain gouvernement. D’inviter le Premier ministre désigné, Saad Hariri, à concrétiser ses promesses d’équité à l’égard des Libanaises.

Faut-il rappeler que le monde entier se dirige désormais vers une parité dans la vie politique ? Qu’il y a quelques jours à peine, le 16 octobre plus précisément, et dans un souci de réforme profonde, l’Éthiopie s’est dotée d’un gouvernement paritaire, de dix hommes et dix femmes ?

Mieux encore, c’est à une femme que le Premier ministre éthiopien a confié la Défense. Comme il l’a fait pour les autres portefeuilles-clés de la Paix, du Commerce et de l’Industrie. Un bel exemple pour le pays du Cèdre, qui peine à prendre ses femmes au sérieux. Et pourtant, diplômées et compétentes ne manquent pas, dans tous les domaines.

Au terme de décennies d’humiliations et de rejet, les femmes du Liban méritent aujourd’hui mieux que leur dérisoire représentation au sein des gouvernements successifs : une seule femme sur trente ministres dans le gouvernement sortant de Saad Hariri ; une seule Libanaise dans le gouvernement précédent de vingt-quatre ministres formé en 2014 par Tammam Salam ; aucune représentante dans le cabinet de Nagib Mikati en 2011 ; deux femmes dans celui formé en 2009 par Saad Hariri ; une seulement dans le cabinet Siniora de 2005, et auparavant deux au sein du cabinet Karamé en 2004… Une succession de déroutes qui en disent long sur l’étroitesse d’esprit d’une classe politique machiste. Et sur l’urgence d’une réforme radicale qui, cette fois, n’oublierait pas les femmes.

Après avoir longtemps été écartées de la vie publique et politique, les Libanaises espèrent. Elles espèrent que les chefs politiques ne les oublieront pas. Qu’ils les intégreront au gouvernement qui promet de voir le jour incessamment. Non pas timidement, par une faible représentation de deux ou trois femmes. Mais en force. Comme participantes efficaces à la vie politique. Comme...

commentaires (3)

Vous écrivez : ...""d’une législation honteusement discriminatoire à l’égard de la Libanaise."" ""Faut-il rappeler que le monde entier se dirige désormais vers une parité dans la vie politique ? Qu’il y a quelques jours à peine, le 16 octobre plus précisément, et dans un souci de réforme profonde, l’Éthiopie s’est dotée d’un gouvernement paritaire, de dix hommes et dix femmes ?"" ""Une succession de déroutes qui en disent long sur l’étroitesse d’esprit d’une classe politique machiste."" Femmes et politique. Mettons de côté l’exemple de l’Ethiopie, ""le machisme et l’étroitesse d’esprit de la classe politique". Dans des sociétés où la parité, la chasse aux discriminations, et l’égalité des chances… sont dans la normalité, les usages,… la femme en politique n’a pas encore la place qu’elle mérite. Et même la réforme (nécessaire) d’une ""législation honteusement discriminatoire à l’égard de la Libanaise"", ne sera pas une avancée à court terme… Chez nous, la politique est un métier d’homme, de chefs… de ""zaïm"" et qu’il vaut mieux être célibataire pour exercer un mandat ! ... (horaire, vie familiale)… https://plus.lesoir.be/174841/article/2018-08-25/il-est-plus-difficile-detre-femme-quhomosexuel-en-politique

L'ARCHIPEL LIBANAIS

12 h 21, le 20 octobre 2018

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Commentaires (3)

  • Vous écrivez : ...""d’une législation honteusement discriminatoire à l’égard de la Libanaise."" ""Faut-il rappeler que le monde entier se dirige désormais vers une parité dans la vie politique ? Qu’il y a quelques jours à peine, le 16 octobre plus précisément, et dans un souci de réforme profonde, l’Éthiopie s’est dotée d’un gouvernement paritaire, de dix hommes et dix femmes ?"" ""Une succession de déroutes qui en disent long sur l’étroitesse d’esprit d’une classe politique machiste."" Femmes et politique. Mettons de côté l’exemple de l’Ethiopie, ""le machisme et l’étroitesse d’esprit de la classe politique". Dans des sociétés où la parité, la chasse aux discriminations, et l’égalité des chances… sont dans la normalité, les usages,… la femme en politique n’a pas encore la place qu’elle mérite. Et même la réforme (nécessaire) d’une ""législation honteusement discriminatoire à l’égard de la Libanaise"", ne sera pas une avancée à court terme… Chez nous, la politique est un métier d’homme, de chefs… de ""zaïm"" et qu’il vaut mieux être célibataire pour exercer un mandat ! ... (horaire, vie familiale)… https://plus.lesoir.be/174841/article/2018-08-25/il-est-plus-difficile-detre-femme-quhomosexuel-en-politique

    L'ARCHIPEL LIBANAIS

    12 h 21, le 20 octobre 2018

  • SI je faisais partie de la gente feminine ,je poursuivrais moins assidûment cette argumentation, cette requete , car le risque est enorme de voir ces messieurs - au cas ou ils devaient obtemperer- de les voir # 1, s'encenser jusqu'a l'eternel. # 2- leur en faire voir -aux femmes -de toutes les couleurs comme quoi ELLES LEUR SONT REDEVABLES. donc donnant donnant ....

    Gaby SIOUFI

    11 h 28, le 20 octobre 2018

  • Je crois que l'on est toujours au stade de "soit belle et va voter "

    yves kerlidou

    09 h 58, le 20 octobre 2018

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