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Liban - Santé

Les malades pris en charge par le ministère n’ont pas la priorité...

La levée de la séance sans que la proposition de loi pour débloquer des fonds pour les médicaments ne soit votée suscite l’indignation, notamment auprès des FL.

La séance législative d’hier s’est déroulée alors que place Riad el-Solh, les familles des disparus, les enseignants du public et les professeurs de l’Université libanaise observaient un sit-in appelant les parlementaires à voter les propositions de loi relatives à leurs dossiers respectifs. Photo ANI

Les appréhensions des familles des personnes victimes de disparition forcée et des professeurs ont finalement été justifiées. La séance législative de nécessité a été levée hier sans que les propositions de lois relatives à leurs dossiers respectifs ne soient votées. Une troisième proposition de loi revêtue du caractère d’urgence, mais ne figurant pas à l’ordre du jour, a également été ignorée. Présentée récemment par Eddy Abillamaa, député des Forces libanaises, elle consiste à débloquer la somme de 75 milliards de livres libanaises au bénéfice du ministère de la Santé, dont le budget actuel ne suffit pas à couvrir les frais des médicaments de tous les patients souffrant de cancer ou de maladies chroniques qui sont à sa charge.

« C’est incroyable », s’exclame le ministre sortant de la Santé, Ghassan Hasbani. « Depuis 2017, j’appelle à augmenter le budget du ministère parce que le budget actuel ne suffit pas pour couvrir le prix des nouveaux médicaments prescrits pour le cancer et les maladies chroniques, que le ministère assure depuis 2016, explique-t-il à L’Orient-Le Jour. Ces médicaments ont prouvé leur efficacité et sont utilisés dans le cadre de protocoles suivis par le ministère. Nous ne pouvons pas les retirer du marché et en priver les patients. »

Depuis 2017 donc, M. Hasbani a présenté « cinq lettres au Conseil des ministres » et l’a appelé à maintes reprises pour inscrire à l’ordre du jour de ses séances la question relative au budget du ministère de la Santé. « Rien à faire », déplore-t-il, soulignant que « durant la dernière réunion de l’ancienne Chambre consacrée à l’examen du budget, les parlementaires avaient demandé qu’un budget supplémentaire soit alloué au ministère de la Santé ».

« Lundi, à l’ouverture de la séance de législation, et hier encore, Ziad Hawat, député des Forces libanaises, a réitéré son appel pour que la proposition de loi présentée par M. Abillamaa soit soumise au vote », explique M. Hasbani. En vain.

« Si une nouvelle séance de législation est prévue, le dossier du médicament doit constituer une priorité », insiste encore le ministre sortant, appelant le chef de l’État, le Premier ministre et le ministre sortant des Finances à « prendre des mesures spéciales » pour résoudre le problème. « Le président de la République est responsable des dossiers exceptionnels », affirme-t-il.


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« Furieuse… »

« Je suis furieuse, confie Wadad Halawani, présidente du Comité des familles des disparus et kidnappés au Liban. Je ne cherche pas à minimiser l’importance des projets approuvés et qui sont vitaux pour le pays, mais je ne peux que me demander sur les raisons pour lesquelles la proposition de loi sur les personnes victimes de disparition forcée constituait le dernier point de l’ordre du jour. Est-ce que le changement du nom d’un village à Jbeil est plus urgent qu’une souffrance qui dure, pour certaines familles, depuis plus de quarante ans ? Que chacun des parlementaires prenne quelques secondes pour essayer de se mettre dans notre peau. Est-ce qu’ils auraient supporté une si longue attente sans se fixer sur le sort des leurs ? »

Mme Halawani assure que les familles des disparus « misent sur les promesses tenues par les parlementaires et les partis politiques qui ont exprimé leur soutien absolu » à leur cause et espèrent que cette proposition de loi figurera à l’ordre du jour de la prochaine séance législative. Entre-temps, « nous ne renoncerons pas à notre droit à la vérité ». « Notre combat se poursuit », martèle-t-elle.


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Réactions

Tout comme lundi, la séance législative d’hier s’est déroulée alors que place Riad el-Solh, les familles des disparus, les enseignants du public et les professeurs de l’Université libanaise observaient en même temps un sit-in pour faire pression sur les parlementaires afin qu’ils votent les propositions de lois relatives à leurs dossiers respectifs. Les professeurs de l’Université libanaise réclament trois échelons de salaire supplémentaire et le vote d’une loi modifiant le calcul de leur retraite.

Par ailleurs, le refus de soumettre au vote la proposition de loi présentée par M. Abillamaa a suscité de nombreuses réactions tous azimuts. Roger Azar, député du Courant patriotique libre, a critiqué les déclarations de M. Hasbani en estimant que le chef de l’État n’est pas impliqué dans le dossier des médicaments. Il a aussi épinglé les députés des FL qui ont quitté la séance parlementaire avant sa fin, contribuant à faire sauter le quorum.En revanche, Fadi Alamé, député du mouvement Amal, a déploré que la séance ait été levée avant que les fonds nécessaires aux médicaments ne soient assurés.


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commentaires (2)

LE MINISTRE HASBANI DIT QUE LES MALADES ATTEINTS DE CANCER RISQUENT DE NE PLUS AVOIR ACCES AU TRAITEMENT AVEC LA NON ADOPTION DE LA LOI. N,EST-CE PAS UN TICKET VERS L,AU-DELA ?

LA LIBRE EXPRESSION

17 h 56, le 26 septembre 2018

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Commentaires (2)

  • LE MINISTRE HASBANI DIT QUE LES MALADES ATTEINTS DE CANCER RISQUENT DE NE PLUS AVOIR ACCES AU TRAITEMENT AVEC LA NON ADOPTION DE LA LOI. N,EST-CE PAS UN TICKET VERS L,AU-DELA ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 56, le 26 septembre 2018

  • Malades du cancer, mourants, sans travail ni revenus...nos politiciens et ministres ne connaissent pas ce que cela signifie. Ils trouvent les fonds pour des combines qui remplissent leurs poches, mais leurs citoyens dans le besoin...c'est pas leur problème, ni celui du chef de l'Etat, vous avez compris ? Irène Saïd

    Irene Said

    11 h 33, le 26 septembre 2018

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