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Moyen Orient et Monde - Syrie

Moscou tente de « refroidir les têtes brûlées » israéliennes

La Russie a annoncé hier la livraison d’un système de défense antiaérienne S-300 à l’armée syrienne.


Un système de défense antiaérienne S-300 russe, le 18 avril 2012. Kirill Kudryatsev/AFP

La crise entre la Russie et Israël s’approfondit depuis la destruction d’un avion Ilyouchine-20 lundi dernier par l’armée syrienne, tuant 15 soldats russes, simultanément à une attaque israélienne dans la province de Lattaquié (Nord-Ouest). Après avoir haussé le ton envers l’État hébreu puis calmé les tensions en admettant la responsabilité de Damas dans l’incident, le président russe Vladimir Poutine est revenu sur ses propos hier lors d’une conversation téléphonique avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, soulignant qu’il remettait en cause « précisément les actions » de l’armée israélienne et balayant ainsi la version précédemment apportée par l’État hébreu qui avait rejeté toute responsabilité dans la destruction de l’avion russe. M. Netanyahu a réitéré pour sa part au président russe sa confiance dans les conclusions de l’enquête de l’armée israélienne et a mis en garde contre le transfert d’armes sophistiquées en Syrie.

Plus tôt dans la journée, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, avait déjà dénoncé « les actes prémédités des pilotes israéliens (...) ce qui ne peut que porter préjudice à nos relations » avec Israël. « L’avion n’a pas été abattu par un missile israélien, Dieu merci. Néanmoins, la création de cette chaîne de coïncidences a été permise par les actes des pilotes israéliens », avait-il insisté.

La pilule est dure à avaler pour les Russes. Bien que Moscou ne se soit pas attardé publiquement sur la responsabilité de Damas, l’incident a mis en avant les faiblesses militaires de son protégé syrien et le manque de coordination entre eux sur le terrain. Dans l’objectif de renforcer les moyens de défense de l’armée syrienne, le président russe a annoncé hier à son homologue syrien, Bachar el-Assad, que la Syrie recevrait d’ici à deux semaines des systèmes de défense antiaérienne S-300.


(Lire aussi : Avion abattu en Syrie : les "informations trompeuses" d'Israël ont provoqué le crash, selon l'armée russe)


Selon le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, ces batteries antiaériennes « sont capables d’intercepter des appareils sur une distance de plus de 250 kilomètres et peuvent frapper en même temps plusieurs cibles dans les airs ». Il a également indiqué que « la navigation par satellite, les radars de bord et les systèmes de communication de l’aviation militaire attaquant des cibles sur le territoire syrien seront supprimés dans les zones adjacentes à la Syrie en mer Méditerranée ».

Moscou veut tenter de changer les règles du jeu sur le terrain syrien alors que l’incident de la semaine dernière « a créé pas mal de tensions dans l’alliance entre la Russie d’une part et le régime syrien et l’Iran de l’autre », souligne Thomas Pierret, chargé de recherche au CNRS-Iremam d’Aix-en-Provence, interrogé par L’Orient-Le Jour. Selon lui, « vu l’ampleur et la fréquence des bombardements pratiqués par Israël au cours des dernières semaines, ces tensions devenaient sûrement intolérables pour cette alliance ». « L’objectif politique de cette nouvelle mesure russe est plutôt de resserrer les rangs de l’alliance » entre Moscou, Damas et Téhéran, indique-t-il. Le double langage de Moscou à l’égard d’Israël se justifie par la nécessité de ménager la population russe d’une part, et ses alliés syrien et iranien d’autre part, quitte à dégrader partiellement sa relation avec l’État hébreu.

« Jusqu’ici, Vladimir Poutine avait donné la priorité à son alliance avec Netanyahu, tandis qu’au ministère russe de la Défense, l’optique était un peu différente car les militaires russes privilégient leur relation avec le régime d’Assad et l’Iran », explique à L’OLJ Michel Duclos, ancien ambassadeur de France en Syrie (2006-2009) et conseiller spécial à l’institut Montaigne. « Jusqu’ici, les deux étaient conciliés et conciliables et Poutine réussissait avec beaucoup de talent à trouver l’équilibre entre ces deux alliances : celle avec l’Iran et celle avec Israël. C’est cet équilibre qui est en jeu », observe-t-il. La Russie avait annoncé en avril son intention de livrer des systèmes de missiles S-300 à l’armée syrienne malgré les objections du gouvernement israélien, qui craignait qu’ils ne limitent les capacités de son aviation à s’opposer aux transferts d’armements iraniens en faveur du Hezbollah.

Selon l’ancien ambassadeur, il s’agit de savoir si Moscou ira jusqu’à la rupture avec Israël, ce qui changerait le rapport de force, ou « va-t-il saisir cette occasion pour réajuster ses relations et avoir avec Israël des mécanismes plus robustes de consultation pour limiter les marges de manœuvre des Israéliens ? ».


(Lire aussi : Syrie : Russes et Israéliens d’accord pour calmer le jeu)


Actes irréfléchis
La décision de Moscou de livrer des S-300 à Damas complique dans une certaine mesure la réalisation des opérations israéliennes en Syrie. L’État hébreu, qui cherche à empêcher à tout prix une installation permanente de la présence iranienne chez son voisin, effectue régulièrement des raids sur des infrastructures iraniennes en Syrie. Un responsable militaire israélien a notamment confirmé au début du mois que l’armée israélienne a mené quelque 200 frappes en Syrie au cours des 18 derniers mois.

« Le système syrien à longue distance le plus performant jusqu’à présent était le S-200, qui est un système démodé », explique M. Pierret. Selon le spécialiste, la batterie antiaérienne S-300 « est un système beaucoup plus moderne, beaucoup plus efficace. Cela n’empêche pas nécessairement que des missions israéliennes aient lieu, mais la probabilité que pendant ces missions un appareil israélien soit touché est beaucoup plus élevée ».

« Nous sommes convaincus que la réalisation de ces mesures va refroidir les têtes brûlées et empêchera les actes irréfléchis constituant une menace » pour les soldats russes, a déclaré M. Choïgou hier, avant d’ajouter que « dans le cas contraire, nous réagirons de manière appropriée face à la situation ». M. Poutine a par ailleurs estimé, lors de son entretien avec M. Netanyahu, que cette mesure était « adéquate au vu de la situation et visait avant tout à éviter toute menace potentielle pour la vie des militaires russes ».

Ces mesures ne devraient pas toutefois intimider l’État hébreu dont l’objectif stratégique premier reste de combattre les forces de la République islamique en Syrie, point non négociable à ses yeux. « On peut imaginer qu’il y ait peut-être moins de missions israéliennes ou qu’elles soient menées différemment, à plus longue distance ou avec des missiles sol-sol », auxquelles s’ajouteraient des considérations politiques, estime M. Pierret. D’autant plus que « la mise en place d’un système aussi complexe que le S-300 prend du temps », souligne-t-il, tout en précisant qu’« il est possible de le déployer en mettant des soldats russes pour l’opérer pour gagner du temps, ce qui aurait aussi d’autres implications politiques car on leur demanderait de tirer sur des avions israéliens ».

Des points d’ombre subsistent, notamment sur la limitation du brouillage des communications des avions s’attaquant à la Syrie depuis la mer Méditerranée, soulevant la question de savoir quelle sera la marge de manœuvre laissée à Israël par la Russie dans le reste du pays tandis que la coalition occidentale contre l’organisation État islamique œuvre dans l’Est syrien.

Une situation qui devrait être suivie de près par le camp occidental, bien silencieux tout au long du développement durant la journée d’hier. La livraison d’un système de défense antiaérienne « capable de menacer un pays ami des États-Unis et des Européens est quelque chose qui ne peut que préoccuper les puissances occidentales », note M. Duclos. « Il est clair que c’est un élément qui sera perçu comme un élément d’escalade dans la région », ajoute-t-il.


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commentaires (9)

NAIF QUI CROIT QUE LA RUSSIE RENFORCE ASSAD EN DEPLOYANT LES S-300 ET D,AUTRES TECHNOLOGIES MILITAIRES DE BROUILLAGE DES COMMUNICATIONS INTER AVIONS MILITAIRES ENNEMIS ET SATELLITES... LA RUSSIE LE FAIT CAR ELLE PREVOIT UNE ESCALADE MILITAIRE A GRANDE ECHELLE DANS LA REGION ET ELLE ESSAIE DE DEFENDRE SES INSTALLATIONS ET SES BASES EN SYRIE... CAD DE SE DEFENDRE ! ISRAEL CONTINUERA A BOMBARDER EN SYRIE AVEC ENTENDEMENT DE MOSCOU. MOSCOU CRAINT DES ACTIONS DE TETES BRULEES IRANIENNES QUI ENTRAINERAIENT DES INTERVENTIONS AMERICAINES ET REGIONALES AUXQUELLES D LES CIRCONSTANCES L,Y ENTRENERAIENT TOUT AUSSI... ET LA GUERRE TANT REDOUTEE... APOCALYPTIQUE POUR CERTAINS... FRAPPE A LA PORTE ! LA RUSSIE SE PREPARE A SE DEFENDRE !

LA LIBRE EXPRESSION

17 h 24, le 26 septembre 2018

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Commentaires (9)

  • NAIF QUI CROIT QUE LA RUSSIE RENFORCE ASSAD EN DEPLOYANT LES S-300 ET D,AUTRES TECHNOLOGIES MILITAIRES DE BROUILLAGE DES COMMUNICATIONS INTER AVIONS MILITAIRES ENNEMIS ET SATELLITES... LA RUSSIE LE FAIT CAR ELLE PREVOIT UNE ESCALADE MILITAIRE A GRANDE ECHELLE DANS LA REGION ET ELLE ESSAIE DE DEFENDRE SES INSTALLATIONS ET SES BASES EN SYRIE... CAD DE SE DEFENDRE ! ISRAEL CONTINUERA A BOMBARDER EN SYRIE AVEC ENTENDEMENT DE MOSCOU. MOSCOU CRAINT DES ACTIONS DE TETES BRULEES IRANIENNES QUI ENTRAINERAIENT DES INTERVENTIONS AMERICAINES ET REGIONALES AUXQUELLES D LES CIRCONSTANCES L,Y ENTRENERAIENT TOUT AUSSI... ET LA GUERRE TANT REDOUTEE... APOCALYPTIQUE POUR CERTAINS... FRAPPE A LA PORTE ! LA RUSSIE SE PREPARE A SE DEFENDRE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 24, le 26 septembre 2018

  • Seul le fer peut couper le fer. Ou le feu du laser. Poutine vs natanyahou qui aura le dernier mot ? On a 6 ans de règne russe sur la région, soit Poutine obtient gain de cause soit c'est la 3ème. Natanyahou va se faire virer par ses complices , je parie 1 an de mes revenus.

    FRIK-A-FRAK

    14 h 47, le 25 septembre 2018

  • ET DE SURCHAUFFER LES TETES BRULEES IRANIENNES ! CONCLUSION : DES CONFLITS A PLUS GRANDE ECHELLE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 09, le 25 septembre 2018

  • Et le F35 dans tout ça personne ne peut l atteindre alors cessez vos simagrèes car quand Israël veut elle peut avec ou sans missiles Russes

    Ado

    12 h 14, le 25 septembre 2018

  • La clé d'une paix durable dans tout l'orient est l'acceptation entre palestiniens et israéliens. Cette acceptation suppose un respect mutuel, un respect des droits territoriaux et sécuritaires des deux parties. Dafaire certains regimes totalitaires et préserver d'autres au nom des intérêts immoraux ou d'alliance... ne règle en rien ce problème de paix qui est la Pierre angulaire de toute construction. Nous libanais avons nous une position et une ligne concrète par rapport à ces conflits régionaux ? Pas du tout !!! Pour certains leur haine du palestinien les rapproche d'Israël et pour d'autres leur haine d'Israël les oppose aux occidentaux.... On voit bien que rien n'est fondé sur des principes intelligents et humains. Tout est n'importe quoi et cela peut Encore durer quelques siècles si les peuples de la région ne de reveillent pas.

    Sarkis Serge Tateossian

    11 h 12, le 25 septembre 2018

  • soyons serieux. meme si cela devait etre vrai, ces missiles devant etre OPERES PAR LES RUSSES EUX-MEMES, ne presenteront aucune menace aux israeliens.

    Gaby SIOUFI

    10 h 45, le 25 septembre 2018

  • MOSCOU JETTE DE L,HUILE DANS L,INCENDIE SYRIEN CAR LE DEPLOIEMENT DES S-300 NE RESTERA PAS SANS REPONSE DE TOUS LES AUTRES CONCERNES ! UN PAS VERS DE NOUVELLES GUERRES DANS LA REGION...

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 41, le 25 septembre 2018

  • jamais le systeme s-300 ne sera livre a la syrie....pour la simple raison que ce modele, ainsi que le s-400 a deja ete completement desosse par l'otan et tout les avions peuvent non seulement le fuir mais le detruire...et la russie ne veut surement pas demontrer de facon aussi flagrante son incapacite....CQFD

    George Khoury

    07 h 54, le 25 septembre 2018

  • l avion russe s est ecrase probablement parceque les pilotes etaient ivres de vodka...

    HABIBI FRANCAIS

    04 h 27, le 25 septembre 2018

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