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Liban - Association

Assameh et l’hôpital de la Quarantaine, un partenariat public-privé d’exception

Le Grand Sérail recevra demain mardi le Bal du Cèdre, pour l’hospitalisation des nouveau-nés prématurés et des enfants malades démunis.

Le professeur Robert Sacy et son équipe effectuent la tournée des petits malades, hospitalisés au service pédiatrique de l’hôpital de la Quarantaine. Photo A-M.H.

Au sein de l’unité néonatale des soins intensifs de l’Hôpital gouvernemental de Beyrouth-la Quarantaine, des nouveau-nés dorment paisiblement dans leurs couveuses, indifférents au ballet incessant des infirmières qui contrôlent leur évolution. Un médecin fait sa tournée, accompagné de l’équipe soignante. Ici, sont suivis en permanence des prématurés, des bébés issus de grossesses gémellaires, des nourrissons en détresse respiratoire ou présentant des malformations. Les plus costauds retrouveront bientôt leurs parents. D’autres nécessiteront davantage de soins ou devront subir une intervention chirurgicale. Une des huit couveuses vient de se libérer. Elle recevra rapidement un nouvel occupant. Dans la chambre d’en face, Zahra, une fillette de 7 mois, repose sur un lit trop grand pour elle. Admise la veille aux soins intensifs, elle souffre de déshydratation et présente des signes d’apathie. Sa mère, une réfugiée syrienne, attend avec impatience le verdict du médecin.

Tout aussi calme, l’unité néonatale intermédiaire et ses huit couveuses flambant neuves attendent de servir. Elles sont destinées aux nouveau-nés en état de moindre détresse. Malgré les besoins pressants, l’hôpital gouvernemental n’a ni le personnel ni le budget nécessaires pour les mettre en fonction. Pas plus que l’association Assameh-

Birth and Beyond (d’aide à la mère et à l’enfant à l’hôpital), qui depuis février 2016, et en moins de trois ans, a doté l’institution publique d’un service pédiatrique dernier cri de 24 à 26 lits (couveuses y compris), qu’elle a construit, équipé et décoré, à hauteur de 2 millions de dollars, grâce à la mobilisation de nombreux partenaires, donateurs et bénévoles locaux et internationaux.

Le seul service pédiatrique qui ne refuse personne

L’animation règne au sein de l’unité pédiatrique. À travers la porte entrouverte de l’une des chambres, fusent les rires mêlés de pleurs d’une fillette malade que ses proches tentent de divertir. Un adolescent alité se distrait avec son smartphone. Un garçonnet de 20 mois est bercé par sa mère. « Cela fait 12 jours qu’il est hospitalisé, après avoir été électrocuté », raconte cette réfugiée syrienne. « Il fait de l’épilepsie, ne marche plus, ne réagit plus », murmure-t-elle. Le professeur Robert Sacy vient juste de terminer sa tournée auprès de ses petits malades. Le président-fondateur d’Assameh et du service pédiatrique de l’hôpital de la Quarantaine donne ses directives aux résidents et infirmières. Ce spécialiste en pédiatrie, en néonatologie et en réanimation pédiatrique fait admettre de nouveaux patients. Nombre d’entre eux sont pris en charge par les forces de l’ordre. D’autres par le ministère de la Santé ou la CNSS. D’autres encore par le Haut Comité de secours pour les réfugiés (HCR). Certains n’ont pas la moindre couverture sociale.

« Nous ne refusons personne, ni les plus défavorisés ni les petits réfugiés, pas plus que les enfants sans papiers. Nous avons même sauvé 6 bébés abandonnés dans des poubelles », assure le professeur à L’Orient-Le Jour. Et pourtant, dès le 15 de chaque mois, le service a déjà épuisé son quota auprès du ministère de la Santé. Il faut alors redoubler d’ingéniosité pour assurer les fonds nécessaires à l’hospitalisation des plus démunis, avec l’aide d’associations. D’autant qu’Assameh qui gère le service débourse déjà 130 000 dollars de réajustements de salaires chaque année, pour compenser les maigres émoluments assurés par l’État à son corps infirmier composé de 24 infirmières.

« C’est dire combien le service est devenu, en moins de trois ans, une pièce majeure de l’échiquier pédiatrique au Liban », fait remarquer le Dr Sacy, énumérant les équipements de pointe acquis dans ce cadre, parmi lesquels des couveuses avec respirateur, des appareils non invasifs pour effectuer des tests de sang, des appareils de radios instantanées, des machines pour détecter la surdité… Des appareils qui font désormais la réputation de l’institution, au même titre que sa trentaine de médecins traitants, assistés de résidents de l’hôpital Saint-Georges des grecs-orthodoxes et de l’Université libanaise et d’un personnel soignant de haute compétence. « Ce qui fait de nous le service de pédiatrie le plus important du pays, selon les dires d’éminents médecins », précise le spécialiste.

Depuis sa création, le service pédiatrique soigne un nombre croissant d’enfants chaque année, 520 en 2016, 750 en 2017, 900 en 2018. Il prévoit d’atteindre rapidement 2 000 patients annuels. « Certains mois, en période de pic, nous hospitalisons jusqu’à 95 patients, souligne le praticien. Sans oublier que sur les 30 lits de soins intensifs pédiatriques dans l’ensemble du pays, le service pédiatrique de l’hôpital de la Quarantaine en compte quatre. »

Créer une unité de dialyse et de transplantation rénale

La création de l’entité pédiatrique pour l’enfance prématurée et malade est le résultat d’un « partenariat public-privé (PPP) unique en son genre dans le monde, entre l’association Assameh Birth and Beyond et l’Hôpital gouvernemental de Beyrouth-la Quarantaine », souligne Robert Sacy, rappelant que « l’hôpital est efficacement dirigé par Karen Saliba et par un conseil d’administration de bonne volonté, présidé par le docteur Michel Matar ». Et de révéler que ce partenariat, « une véritable success story », est désormais étudié conjointement par les chercheurs de deux universités, l’École supérieure des affaires (ESA) et l’Université de Montréal. Aujourd’hui, l’institution reçoit les jeunes patients référés par les autres hôpitaux faute de place, même pour les pathologies les plus graves. « Nous avons sauvé une fillette de deux ans et demi souffrant d’une méningo-encéphalite qu’aucun hôpital ne voulait soigner et qui était condamnée à mourir », indique le Dr Sacy avec satisfaction. « Nous avons aussi effectué avec succès des opérations chirurgicales lourdes, parmi lesquelles sept cas de malformation de la moelle épinière », précise-t-il.

Alors, pour continuer à mener à bien leur mission auprès des nouveau-nés et des enfants malades démunis, l’ONG et le service pédiatrique de l’hôpital public n’ont d’autre choix que de viser haut. « Nous caressons le projet de développer un service de dialyse pédiatrique à l’échelle du Moyen-Orient, avec pour ambition de devenir un centre de transplantation rénale, mais aussi un service d’obstétrique », explique le professeur Sacy. L’association a également été contactée par l’institution Saint-Jude au Liban pour l’ouverture d’un service de cancérologie infantile, destiné aux petits réfugiés. « Nous attendons l’accord de la maison mère Saint-Jude aux USA », note le médecin.

Optimiste quant à la possibilité de trouver des donateurs pour réaliser ses rêves, Assameh doit pour l’instant garantir son budget annuel de fonctionnement, qui lui permettra d’assurer à son corps infirmier des salaires décents. C’est l’objectif du Bal du Cèdre, soirée annuelle de collecte de fonds au bénéfice de l’association, qui se déroulera demain mardi au Grand Sérail, sous le patronage du Premier ministre, Saad Hariri. L’événement, qui affiche complet, réunira près de 600 personnes du gratin libanais. Après un verre de bienvenue aux thermes romains au centre-ville de Beyrouth, les convives seront transférés en navette au Sérail pour le dîner, où les attend un programme riche en surprises, avec la participation notamment de la troupe « les Charbel », l’équivalent libanais des Enfoirés, de la soprano Tania Kassis et de l’orchestre du Grand Hôtel de Monaco dirigé par Alessandro Ristori…

Pour plus d’informations, contacter Robert Sacy au 03/201455 ou Abboud Chami au 70/892832, visiter le site http://www.birthandbeyondassameh.org

ou la page Facebook Birth & Beyond Assameh.

Au sein de l’unité néonatale des soins intensifs de l’Hôpital gouvernemental de Beyrouth-la Quarantaine, des nouveau-nés dorment paisiblement dans leurs couveuses, indifférents au ballet incessant des infirmières qui contrôlent leur évolution. Un médecin fait sa tournée, accompagné de l’équipe soignante. Ici, sont suivis en permanence des prématurés, des bébés issus de...

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