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Liban - Communautés

Raï : Pour un gouvernement d’urgence neutre et rassembleur

Le chef de l’Église maronite a effectué une visite pastorale de deux jours dans les villages druzo-chrétiens du Chouf.

L’accueil chaleureux réservé par Barja au chef de l’Église maronite. Photo ANI

« C’est en vain que nous parlons d’un gouvernement d’unité nationale alors que nous sommes en conflit ; tant que la réconciliation des cœurs est absente et qu’au contraire, c’est la méfiance réciproque qui règne, il n’y aura pas de gouvernement d’unité nationale. » Ce jugement sans appel, formulé après quatre mois d’efforts pour former un nouveau gouvernement, émane du chef de l’Église maronite, le cardinal Béchara Raï, qui se trouvait samedi et dimanche en visite pastorale dans les villages druzo-chrétiens du Chouf.

« Le gouvernement actuel n’a d’unité que le nom, a poursuivi le patriarche Raï, qui s’exprimait à Barouk, première étape de sa visite. Et d’ajouter, férocement : « C’est du sang de dragon qu’il faut verser à chaque fois que le gouvernement doit prendre une décision (…). Tant que c’est la méfiance qui règne, il n’y aura pas de gouvernement d’unité nationale. »

La « mosaïque libanaise s’effrite, a mis en garde en substance le patriarche, notant que la crise de formation du gouvernement est une crise de confiance », et qu’aucun Libanais digne de ce nom ne peut assister à « l’effritement, petit à petit, de la patrie ».

« Mais c’est là, l’œuvre de nos mains; personne n’a le droit d’en rejeter la responsabilité sur l’étranger. La faute en incombe à nous, et à nous seuls ! » a-t-il lancé, dans la grande salle du conseil municipal de Fraydiss-Barouk, en présence de son président Élie Nakhlé, du ministre de l’Éducation Marwan Hamadé, représentant le chef du PSP, Taymour Joumblatt, ainsi que des députés Georges Adwan, vice-président des FL, Mario Aoun (CPL) et Farid Boustany (bloc Joumblatt). Et le patriarche de tenter de relancer l’idée d’un « gouvernement d’urgence qui soit neutre et rassembleur », sachant qu’il avait lancé il y a deux mois l’idée d’un gouvernement de technocrates, sous l’argument que près de la moitié des Libanais a boycotté le scrutin législatif de mai dernier, et que cette majorité silencieuse avait le droit aussi de faire entendre sa voix.


(Lire aussi : Vers la fin de « la période de grâce » ?)


Comme on peut s’y attendre, ce thème, avec quelques variations, a été repris par le patriarche maronite tout au long des étapes de sa visite, à Barouk, Chehim, Aïn el-Horr, Bourjaïn, Debbieh et Dahr el-Maghara, samedi, et après une nuit passée à l’évêché de Beiteddine, Baassir, Moghnieh, Barja et Jadra, hier.

Mais le chef de l’Église maronite, qui a affirmé bâtir sur une réconciliation déjà solidement établie par son prédécesseur, le patriarche Sfeir, et Walid Joumblatt, a également dit en termes discrets, mais ciblés, d’autres vérité essentielles à la classe politique libanaise. « La Croix est le signe d’une conversion et non d’une victoire sur autrui », a-t-il ainsi insinué, invitant les Libanais à « rebâtir rapidement le Liban, loin des conflits, des duopoles, des défis réciproques et des offenses ».

Comme en conclave

« Certes, nous ne pouvons pas ne pas être influencés par ce qui se passe en Orient, a-t-il concédé, mais nous devons savoir gérer nos affaires par nous-mêmes. » Et le patriarche de proposer que le chef de l’État et le Premier ministre désigné se réunissent à Baabda, comme en conclave, et n’en ressortent qu’avec la « fumée blanche » d’un nouveau gouvernement.

À Chehim, particulièrement inspiré, Béchara Raï a parlé en termes lyriques du modèle de convivialité et de pluralisme qu’a représenté, aux yeux du pape Jean-Paul II, « notre drôle de pays », se félicitant par ailleurs de l’image positive des chrétiens « qui ont sauvé la langue arabe, langue du Coran », dans la pensée de certains sages druzes. Existentiellement, « quelque chose manque aux musulmans, sans les chrétiens, et quelque chose manque aux chrétiens, sans les musulmans », a-t-il encore lancé.

Par ailleurs, le patriarche maronite n’a pas omis de soulever à plusieurs reprises la grave question de l’emploi et de la crise économique qui pousse une élite de Libanais, et d’abord les jeunes, à chercher du travail à l’étranger. Enfin, partout où il s’est rendu, le patriarche maronite a fait l’éloge de la réconciliation entre les populations druze et chrétienne, qui se sont retrouvées durant la guerre à couteaux tirés, mais qui ont su reconstruire les maisons et les églises endommagées et réparer le lien social abîmé, mais non rompu.



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« C’est en vain que nous parlons d’un gouvernement d’unité nationale alors que nous sommes en conflit ; tant que la réconciliation des cœurs est absente et qu’au contraire, c’est la méfiance réciproque qui règne, il n’y aura pas de gouvernement d’unité nationale. » Ce jugement sans appel, formulé après quatre mois d’efforts pour former un nouveau gouvernement,...

commentaires (3)

PRIERE LIRE SANS MAINMISE ETC... MERCI.

LA LIBRE EXPRESSION

11 h 42, le 17 septembre 2018

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Commentaires (3)

  • PRIERE LIRE SANS MAINMISE ETC... MERCI.

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 42, le 17 septembre 2018

  • DE COMPROMIS ET D,ENTENTE AU LIBAN... MAIS DU MOINS SANS MISE DE MAIN DE PERSONNE SUR LE GOUVERNEMENT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 51, le 17 septembre 2018

  • JE RETIENT QUE MARWAN HAMADÉ REPRESENTE LE GRAND TAYMOUR JOUMBLATT. COMME CHEZ LE GOD FATHER QUI DÉSIGNE SON FILS CHEF, ET TOUT LE MONDE À GENOUX. J'AVAIS DU RESPECT POUR MARWAN HAMADÉ.

    Gebran Eid

    08 h 03, le 17 septembre 2018

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