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Procès Hariri : qui sont les cinq suspects ?

Le cerveau présumé de l'attentat, Moustafa Badreddine, est mort en 2016 en Syrie et les quatre autres, Salim Ayyash, Hussein Oneissi, Assad Sabra, Hassan Habib Merhi ne se sont jamais rendus à La Haye, le Hezbollah ayant refusé de les livrer.

De haut en bas, de gauche à droite : Moustafa Badreddine, Salim Ayyash, Hassan Habib Merhi, Hussein Oneissi et Assad Sabra.

Le procès des assassins de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri, tué dans un attentat le 14 février 2005, est entré cette semaine dans sa phase finale, au siège du Tribunal Spécial pour le Liban (TSL), dans la banlieue de La Haye, en l'absence cependant des accusés, tous membres présumés du Hezbollah : le cerveau présumé de l'attentat, Moustafa Badreddine, est mort en 2016 en Syrie et les quatre autres, Salim Ayyash, Hussein Oneissi, Assad Sabra, Hassan Habib Merhi ne se sont jamais rendus à La Haye, le parti chiite ayant refusé de les livrer, et n'ont même jamais rencontré leurs avocats, qui leur ont été commis d'office. La mort de Moustafa Badreddine ayant été actée par le TSL, il n'est pas jugé.

Qui sont ces suspects, jugés par contumace par le TSL, pour le meurtre de Rafic Hariri et 21 autres personnes, depuis la publication des actes d'accusation, en janvier 2011 pour Moustafa Badreddine, Salim Ayyash, Hussein Oneissi et Assad Sabra, et en octobre 2013 pour Hassan Merhi ? 


Moustafa Amine Badreddine et Salim Ayyash, les "meneurs"

Au début du procès, deux des cinq suspects sont inculpés pour complot en vue de commettre un acte de terrorisme; exécution d’un acte de terrorisme au moyen d’un engin explosif; homicide intentionnel de Rafic Hariri avec préméditation au moyen de matières explosives; homicide intentionnel de 21 personnes, avec préméditation au moyen de matières explosives ; et tentative d’homicide intentionnel de 231 personnes avec préméditation au moyen de matières explosives. Il s'agit de Moustafa Amine Badreddine et Salim Ayyash.

Moustafa Badreddine dans sa jeunesse. Photo fournie par le TSL.

Né en avril 1961 à Ghobeiry, dans la banlieue sud de Beyrouth, Moustafa Badreddine était qualifié par le TSL de "cerveau" de l'attentat de février 2005. Selon différentes informations de presse, il n'en était pas à son coup d'essai. Moustafa Badreddine avait fait ses armes dans les rangs du Fatah avant l'invasion israélienne du Liban en 82, date à laquelle il a rejoint le Hezbollah. Il aurait été, selon de nombreuses sources, lié à la préparation du double attentat du 23 octobre 1983 contre les contingents américain et français de la Force multinationale de sécurité à Beyrouth, qui a causé la mort de 241 marines américains et 58 parachutistes français. En décembre de la même année, il aurait été impliqué dans une série de sept attentats quasi-simultanés au Koweït, notamment contre les ambassades américaine et française, l'aéroport national et un puits de pétrole, alors que les relations entre l'émirat et l'Iran étaient tendues. Arrêté et condamné à mort au Koweït, Badreddine, de son nom de guerre "al-Sayyed Zulfikar" (l'épée de l'imam Ali), s'était évadé de prison lors de l'invasion de l'émirat par Saddam Hussein en 1990. 

Également connu sous les noms de Sami Issa et Elias Fouad Saab, Moustafa Amine Badreddine a été décrit par certains médias comme un "play-boy" ou un "fantôme dont il est impossible de suivre la trace". Suite à son évasion au Koweït, son nom ne réapparaîtra d'ailleurs que dix-huit ans plus tard, après la mort de son cousin et beau-frère, Imad Moughniyeh, dans un attentat à la voiture piégée à Damas en 2008. Moustafa Badreddine lui succède alors à la tête des opérations militaires du Hezbollah. C'est dans ce cadre qu'il gérait notamment les renseignements du parti chiite et la logistique militaire en Syrie. En 2012, il fait l'objet de sanctions du Trésor américain pour son rôle dans le conflit syrien.


(Pour mémoire : Attentat Hariri : le procès entre dans sa dernière phase, 13 ans après)


Le commandant chiite a été tué en mai 2016 dans une explosion à Damas dans des circonstances toujours entourées de mystère. Le Hezbollah avait, dans un premier temps, accusé Israël d'être derrière la mort de Badreddine, l'Etat hébreu rétorquant que ce dernier avait été tué par ses propres hommes. Le parti chiite avait ensuite affirmé que Badreddine était mort dans un bombardement par les rebelles syriens d'une position du Hezbollah à proximité de l'aéroport de Damas, ce que ces derniers avaient nié. Le chef militaire "martyr" est désormais célébré en héros par le parti chiite. 

Dans un article lui rendant hommage publié pour les deux ans de sa mort, le quotidien libanais al-Akhbar, proche du Hezbollah, le décrit comme un intellectuel et publie une photo du diplôme en sciences politiques obtenu par M. Badreddine sur le tard, en 2005, à la LAU. 

Estimant disposer de suffisamment de preuves, le TSL a déclaré Moustafa Badreddine mort en juillet 2016; il ne sera donc pas jugé.


Salim Ayyash. Photo fournie par le TSL.

Salim Ayyash, né en novembre 1963 à Harouf, au Liban-Sud, est accusé d'avoir été à la tête de l'équipe qui a mené l'attaque contre Rafic Hariri. Citoyen libanais également titulaire d'un passeport américain, il était un commandant militaire au sein du Hezbollah, il était notamment engagé lors de la guerre de 2006 contre Israël.

  

(Lire aussi : TSL : un nouvel acte d’accusation est possible)


Merhi, Oneissi et Sabra

Un autre acteur majeur des préparations de l'attentat du 14 février et suspect du TSL est Hassan Habib Merhi, commandant militaire du Hezbollah, dont le dossier a été joint au procès deux ans après l'inculpation des quatre autres suspects, en octobre 2013. Hassan Merhi est né en décembre 1965 à Beyrouth. Il aurait, d'après l'enquête, coordonné la cellule en charge de créer de fausses revendications de l'attentat.

Hassan Merhi. Photo fournie par le TSL. 

Cette cellule est accusée d'avoir recruté un sunnite libanais, Ahmad Abu Adass, qui apparaissait dans une fausse vidéo de revendication au nom d'un groupe fictif, "Victoire et Jihad en Grande Syrie", transmise à la chaîne al-Jazeera après l'attentat. Depuis l'ouverture du procès en janvier 2014, aucun indice prouvant qu'Abu Adass était l'auteur de l'attentat suicide n'a pu être découvert. Abu Adass a plutôt été utilisé comme leurre pour "détourner l'attention des médias" des véritables auteurs de l'attentat vers "un groupe fondamentaliste fictif", a estimé la juge Janet Nosworthy.


Hussein Oneissi. Photo fournie par le TSL.

Hussein Hassan Oneissi, aussi connu sous le nom de Hussein Hassan Issa, est né en février 1974 à Beyrouth. D'après certains documents officiels qui ont pu être consultés par les enquêteurs, M. Oneissi se décrit comme étant "travailleur indépendant" ou "comptable au magasin de tapis de son frère". 

Assad Sabra, né à Beyrouth, en octobre 1976, faisait partie du même réseau que Hussein Oneissi. Il aurait enchaîné les petits boulots après avoir quitté l'école à 15 ans. 

Merhi, Oneissi et Sabra sont notamment accusés par le TSL de complot en vue de l'exécution d'un acte terroriste; de complicité dans l'exécution d'un acte de terrorisme; et d'homicide intentionnel avec préméditation, au moyen d'explosifs. 

Assad Sabra. Photo fournie par le TSL.


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