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Économie - Focus

Le porc russe débarque au Liban

Un géant de la viande russe a commencé à exporter vers le pays du Cèdre cette année pour la première fois, et en petites quantités.

Évité par une grande partie de la population pour des raisons culturelles ou religieuses, le porc reste un produit peu consommé au Liban. Photo Bigstock/igordutina

Pour la première fois cette année, du porc russe est vendu dans des supermarchés libanais. Le numéro 1 de la viande de bœuf et du porc en Russie, Miratorg, s’est lancé dans une vaste stratégie d’expansion au Moyen-Orient, rapportait le site globalmeatnews.com en mars dernier. En juillet, Miratorg ouvrait son premier bureau dans la région, en Arabie saoudite (pour y vendre de la viande de bœuf, le porc étant interdit). Une procédure administrativement difficile, selon globalmeatnews.com. L’entreprise a bataillé pendant trois ans avant que le président Vladimir Poutine n’intervienne en personne auprès du roi Salmane en 2017. Mais le résultat se ressent déjà au niveau du pays du Cèdre : depuis deux mois, les Libanais peuvent acheter des côtelettes de porc surgelées russes dans une cinquantaine de supermarchés.

Évité par une grande partie de la population pour des raisons culturelles ou religieuses, le porc reste un produit peu consommé au Liban. Même les importateurs restent discrets : sur le site internet de l’un d’entre eux, chaque viande a sa propre catégorie, sauf la viande porcine, qui apparaît sous la catégorie « autres ».

Selon Élias Ibrahim, directeur des ressources animales du ministère de l’Agriculture, l’élevage local est limité à 20 000 cochons, contre 400 000 moutons, tandis que le bœuf est importé de l’étranger (Amérique du Sud et Australie).

Les petites quantités de viande de porc « made in Lebanon » sont vendues en majorité aux restaurants et à des petits bouchers, tandis que du porc congelé est importé pour être transformé ou, plus rarement, écoulé dans les supermarchés. Les quantités restent dérisoires par rapport aux autres viandes plébiscitées par les Libanais. Seul 153 tonnes (474 000 dollars) de porc ont été importées sur les 6 premiers mois de 2018, selon le site des douanes libanaises, contre plus de 12 000 tonnes de viande bovine (62 millions de dollars).


Produits onéreux

L’arrivée d’un nouvel acteur sur le marché local semble donc à première vue surprenante. L’importateur du porc Miratorg au Liban, Rachid Chammas, s’est intéressé au produit pour son aspect « niche » : « Les côtelettes de porc congelées n’étaient pas vendues en supermarché avant que je les importe. » Pour l’instant, M. Chammas, qui importe depuis fin juin, se dit satisfait du résultat : « 70 % des supermarchés ont effectué une deuxième commande », c’est-à-dire environ 35 d’entre eux.

Le prix du porc russe reste bien supérieur au porc traditionnellement vendu en supermarché : 12 000 livres (7,9 dollars) pour 400 grammes de côtelettes surgelées, soit 30 000 livres (19,8 dollars) le kilo – contre 19 000 livres (12,5 dollars) le kilo pour le porc espagnol congelé (prix constaté en grande surface). « Je réfléchis à diminuer leur prix de 10 % », confie M. Chammas. Le coût du bœuf Miratorg, que M. Chammas voudrait également importer, est également plus élevé que le bœuf importé d’Amérique du Sud. « Le bœuf Black Angus coûte 50 dollars le kilo en magasin. Vu mes frais, je ne peux pas pour l’instant descendre à ce prix-là », indique-t-il.

Hovig Kozobiokian, directeur associé d’une des principales sociétés d’importation de viande au Liban, Dekerco, doute de la capacité de la viande russe de haute qualité, telle le Black Angus, à être compétitive sur le marché libanais. Son entreprise paie 2 dollars le kilo de viande importée par avion d’Australie. « C’est très bon marché », affirme M. Kozobiokian. « Je ne vois pas comment importer de Russie coûterait moins cher, alors que la viande elle-même est plus onéreuse. » Selon un autre article de globalmeatnews.com de janvier, la Russie est obligée d’importer des quantités importantes de viande pour satisfaire sa propre demande.

Au vu de ces limites, le porc russe a-t-il un avenir au Liban ? Le tabou local contre le porc reste très fort, concède M. Chammas, mais il espère diversifier ses produits petit à petit vers les restaurants. Et dans la région ? « Un marché intéressant pour le porc russe pourrait être les Émirats arabes unis. Ils importent sûrement plus que le Liban », avance M. Kozobiokian. Les statistiques ne sont pas vérifiables sur le site des douanes émiraties, mais en 2008, les États-Unis exportaient déjà pour 600 000 dollars de porc vers les Émirats, selon le département de l’Agriculture américain.




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commentaires (1)

N'y a-t-il pas de produits plus sains à importer de Russie...que la viande de porc...? Cette viande est déconseillée dans les pays chauds, surtout en été, dont fait partie le Liban. Ce n'est pas un hasard si les religions juives et islamiques qui sont nées au Proche Orient les ont strictement interdites ! Mais que ne ferait-on pas pour plaire aux Russes, en ce moment, n'est ce pas ? Irène Saïd

Irene Said

15 h 10, le 10 septembre 2018

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Commentaires (1)

  • N'y a-t-il pas de produits plus sains à importer de Russie...que la viande de porc...? Cette viande est déconseillée dans les pays chauds, surtout en été, dont fait partie le Liban. Ce n'est pas un hasard si les religions juives et islamiques qui sont nées au Proche Orient les ont strictement interdites ! Mais que ne ferait-on pas pour plaire aux Russes, en ce moment, n'est ce pas ? Irène Saïd

    Irene Said

    15 h 10, le 10 septembre 2018

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