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À La Une - Crise

La Turquie hausse ses tarifs douaniers contre les Etats-Unis

Le Qatar a promis 15 milliards de dollars d'investissements directs.

Les tensions entre Washington et Ankara ont provoqué l'effondrement de la livre turque vendredi, jour où cette devise a perdu 16% contre le dollar. Depuis le début de l'année, la valeur de la livre a fondu de plus de 40% face au billet vert et à l'euro. REUTERS/Murad Sezer/Illustration

La Turquie a fortement augmenté mercredi les tarifs douaniers de plusieurs produits américains emblématiques, alimentant une crise diplomatique avec les Etats-Unis qui a fortement malmené la livre turque.

Parmi les produits visés par cette forte hausse figurent les véhicules de tourisme, dont les tarifs douaniers s'élèvent désormais à 120%, certaines boissons alcoolisées (140%), le tabac (60%) ou encore le riz et des produits cosmétiques. D'après la ministre turque du Commerce Ruhsar Pekcan, le montant des nouveaux tarifs douaniers annoncés mercredi s'élève à 533 millions de dollars.

Cette décision, annoncée dans un décret signé par le président Recep Tayyip Erdogan, survient alors que Washington et Ankara traversent une crise diplomatique ayant conduit ces deux alliés au sein de l'Otan à s'imposer des sanctions réciproques en août.

Le vice-président turc Fuat Oktay a précisé mercredi que la hausse des tarifs douaniers était un acte de "représailles" contre les "attaques délibérées de l'administration américaine sur (l')économie" turque. Le président américain Donald Trump avait notamment annoncé la semaine dernière le doublement des tarifs douaniers sur l'acier et l'aluminium turcs.

Mercredi, la Maison Blanche a jugé que "les tarifs douaniers de la Turquie sont certainement regrettables et un pas dans la mauvaise direction." "Les tarifs douaniers imposés par les Etats-Unis contre la Turquie relevaient d'intérêts de sécurité nationale. Les leurs sont des représailles", a déclaré la porte-parole de la Maison Blanche Sarah Sanders.

Les tension américano-turques ont précipité l'effondrement de la livre qui a perdu plus de 40% de sa valeur face au billet vert et à l'euro depuis le début de l'année. Cependant, la Turquie a reçu un soutien de poids mercredi avec une promesse de 15 milliards de dollars d'investissements du Qatar formulée lors d'une rencontre à Ankara entre M. Erdogan et le dirigeant du richissime émirat gazier, Cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani. Cette annonce, faite par la présidence turque qui a rendu hommage à l'"amitié et la solidarité" du Qatar, a accéléré la remontée de la livre qui regagnait quelque 5% en valeur face au billet vert en fin de journée. La devise turque semblait en voie de relative stabilisation cette semaine sous l'effet de mesures de la banque centrale et de nouvelles restrictions aux échanges financiers ("swap") annoncées mercredi par l'autorité des banques (BDDK) afin de contrer les spéculations.


(Décryptage : Jusqu’où peut aller le bras de fer américano-turc ?)


Pasteur toujours retenu
La hausse des tarifs mercredi survient au lendemain d'un spectaculaire appel de M. Erdogan, qui dénonce une "guerre économique", à boycotter les appareils électroniques manufacturés par les Etats-Unis.

Les turbulences entre la Turquie et les Etats-Unis se sont renforcées au cours des derniers mois avant de virer à l'orage en juillet à cause de la détention en Turquie du pasteur Andrew Brunson. Il est accusé par Ankara d'espionnage et d'activités "terroristes", ce qu'il nie en bloc. Après plus d'un an et demi d'incarcération, il a été placé en juillet en résidence surveillée. Un tribunal truc a rejeté mercredi une nouvelle demande de levée de son assignation à résidence. Mercredi la Maison Blanche a à nouveau réclamé sa libération. La veille, elle avait fait savoir que M. Trump ressentait "beaucoup de frustration du fait que le pasteur ne soit pas libéré".

En parallèle de sa fermeté envers les Etats-Unis, la Turquie semble cependant soucieuse de ménager ses autres partenaires et alliés.


(Reportage : "Tout est moins cher" : la crise turque, une aubaine pour les touristes)


Spectre d'une récession
Signe que la crise avec Washington pourrait pousser Ankara à renouer avec l'Europe, M. Erdogan s'est entretenu au téléphone mercredi avec la chancelière allemande Angela Merkel, qu'il doit rencontrer fin septembre à Berlin. D'après un responsable turc, les deux dirigeants ont convenu d'une rencontre "dans les prochains jours" entre le patron de l'économie turque Berat Albayrak, gendre de M. Erdogan, et les ministres allemands de l'Economie et celui des Finances.

Par ailleurs, la justice turque a ordonné mardi la libération de deux soldats grecs et mercredi du président d'Amnesty International en Turquie, des développements inattendus dans deux affaires qui ont contribué à tendre les rapports entre Ankara et l'Europe.

Outre les tensions avec Washington, les marchés s'inquiètent aussi de la mainmise de M. Erdogan sur l'économie, notamment depuis sa réélection en juin. Les économistes critiquent le refus de la banque centrale de redresser ses taux malgré une forte inflation (près de 16% en juillet). M. Erdogan s'oppose fermement à une telle mesure, malgré les appels répétés des marchés en ce sens. "Le plongeon de la livre turque va vraisemblablement faire grimper l'inflation à plus de 20% et faire basculer l'économie dans une récession dans les mois à venir", s'alarme Capital Economics.



Repère
Les cinq raisons de l’effondrement de la livre turque


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La Turquie a fortement augmenté mercredi les tarifs douaniers de plusieurs produits américains emblématiques, alimentant une crise diplomatique avec les Etats-Unis qui a fortement malmené la livre turque.Parmi les produits visés par cette forte hausse figurent les véhicules de tourisme, dont les tarifs douaniers s'élèvent désormais à 120%, certaines boissons alcoolisées (140%), le...

commentaires (2)

TRES MINCES REPRESAILLES. QUASI INSIGNIFIANTES POUR L,AMERIQUE. DE LA SATISFACTION PERSONNELLE ET RIEN D,AUTRE !

LA LIBRE EXPRESSION

15 h 52, le 15 août 2018

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Commentaires (2)

  • TRES MINCES REPRESAILLES. QUASI INSIGNIFIANTES POUR L,AMERIQUE. DE LA SATISFACTION PERSONNELLE ET RIEN D,AUTRE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    15 h 52, le 15 août 2018

  • Toujours coriace, le micro sultan, va causer l'effondrement de l'économie turque ... Pour un bon moment. S'il pense qu'en libérant deux otages grecs que l'Europe va le considérer un ami et un démocrate, c'est que l'ignorance de ce président est sans limute.

    Sarkis Serge Tateossian

    14 h 08, le 15 août 2018

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